Prague-Munich via Linz – 2010
Juillet-août 2010 – 3 semaines – 730 km
Durant l’été 2010, le second voyage test consistait à relier Prague à Munich. Le tracé envisagé à vélo a été volontairement planifié dans des régions assez accidentées : c’est principalement le cas pour la Bohème du Sud et la Haute-Autriche. En revanche, pour les transports par train de Bâle à Prague, puis de Munich à Zürich nous avons opté pour le confort : les intercitys allemands comportent en effet des wagons spécialement équipés pour le transport des vélos ; voilà qui pourrait inspirer les CFF…
Pour l’étape Pragoise, nous avons été chaleureusement accueillis par une charmante famille avec deux enfants. Nous commençons par deux jours de tourisme urbain (à pied et en transports publics). Puis, nous voilà partis sous un soleil magnifique et des températures caniculaires à travers la Bohème du Sud, nous opérons de constants chassés-croisés avec la Vltava (Moldau en all.) chère au compositeur Smetana. Ce cours d’eau capricieux et le plus souvent caché au fond d’une vallée aux versants escarpés ne se laisse pas facilement approcher par les véhicules à roues et ce n’est que plus tard, en amont de Hluboka, que nous pourrons en suivre le cours pendant quelques kilomètres, dans un paysage plus ouvert. Les premiers jours voient donc s’alterner des parcours sinueux et assez accidentés sur les « plateaux » qui bordent la Vltava, avec de temps en temps des passages franchement tout-terrain sur les chemins forestiers. Une constante pour les étapes entre Prague et Cesky Krumlov : la grosse montée du départ et la grande descente du soir (facilement 200 à 300 m de dénivellation d’un seul coup), les campings se trouvant systématiquement au bord de l’eau, donc au fond de la vallée et les axes roulants sur les plateaux.
Après la canicule des premiers jours, une première dégradation de la météo nous contraint à prendre une pension dans la charmante ville de Pisek, afin de faire sécher nos affaires. Suivront sous un ciel instable une étape trop courte à Hluboka (dont nous n’avons malheureusement pas eu le temps de visiter le château), puis Ceske Budejovice. La vieille ville est enserrée par une série de canaux et l’immense place centrale aux façades colorées accueille tout l’été des festivals gratuits. Très belle ville-étape à la vie culturelle intense et où nous ne manquons pas de goûter à la célèbre bière Budvar (la Budweiser authentique). Nouvelle accalmie et notre ultime étape caniculaire nous mène par monts et par vaux à travers quelques petites localités pittoresques jusqu’à la superbe ville médiévale de Cesky Krumlov. Dans l’impossibilité de trouver une pension en pleine période touristique, nous nous rabattons sur le camping des kayakistes pour une seule nuit. Visite de la vieille ville en fin de journée avec une passage au château (et sa fosse aux ours) d’où nous embrassons toute la ville enserrée dans un méandre de la Vltava. Poisson au menu le soir, très bon, mais servi par la serveuse la plus antipathique des vacances (et de loin !). Le lendemain, après un arrêt technique dans un magasin de vélo et devant le ciel menaçant, nous décidons de suivre la grande route qui longe la Vltava au fond de la vallée au lieu de passer par les cols ; abondamment rincés en début de journée, nous pouvons néanmoins sécher un peu au cours de cette très longue étape (75 km) qui nous mènera d’abord à Rozmberk, puis Vyssi Brod. .En longeant les méandres du fond de la vallée pour rejoindre le barrage du lac Lipno, nous avons la désagréable surprise (à passé 60 km) de devoir faire du vrai tout-terrain dans les cailloux. Le dernier bout à plat sur les rives du lac jusqu’à Frymburk n’en sera que plus agréable. Là nous nous arrêtons pour deux nuits afin de souffler un peu dans un gigantesque camping occupé exclusivement par des Hollandais. Etape néanmoins bienvenue pour refaire quelques courses, un peu de lessive et reposer les jambes.
L’étape du surlendemain doit nous mener en Autriche, après traversée du lac Lipno en bac, suivie d’un petit col puis une longue descente pour rejoindre Linz au bord du Danube. C’est du moins ce que pensait Fredo d’après une projection un peu idéalisée et, surtout, sans carte détaillée de la Haute Autriche. Sauf qu’après l’arrivée en Autriche sous une pluie battante, pas d’axe menant directement à Linz, mais une multitude de petites routes très sinueuses et opérant d’innombrables détours avec des remontées de 200 à 300 m de dénivellation avant de redescendre de l’autre côté. Après une dernière montée à 900m d’altitude dans le froid, la pluie et le brouillard, nous opérons enfin la grande descente sur Linz (700 m de dénivellation sur 14 km), malheureusement sur une nationale très fréquentée, ce qui gâche un peu le plaisir. Arrivée à Linz sous des trombes d’eau juste avant 18h00 (fermeture des offices de tourisme) ce qui nous permet de trouver un petit hôtel sympa et pas cher en plein centre ville. Après toutes ces émotions, on aura bien mérité une souper copieux arrosé de bonne bière pour se requinquer.
Les étapes le long du Danube seront plus tranquilles, malgré une météo encore variable .A part aux abords de grandes villes comme Linz et Passau deux jours plus tard, le réseau des pistes cyclables évite les grands axes routiers et longe les berges bucoliques du Danube, ponctuées de quelques villages et petites villes. Anecdote : nous nous retrouvons une fois dans un cul de sac et le chemin goudronné se termine dans une mare de boue suivi d’une sorte de sentier pédestre dans les falaises absolument pas praticable avec des vélos (et surtout pas avec une remorque avec des enfants). Ce n’est qu’en revenant en arrière que nous apercevons l’embarcadère du petit bac et le panneau d’avertissement nous enjoignant d’utiliser ce moyen pour traverser jusqu’au prochain tronçon carrossable. Après nous être fait copieusement engueuler par le capitaine à cause de nos roues boueuses et un nettoyage de fortune, nous pouvons embarquer pour continuer notre périple. Un bac et un gîte rural plus tard, nous nous apprêtons le lendemain à rejoindre Passau sous un ciel plus clément. Cette superbe ville reconstruite au XVIIe siècle dans un style baroque italien détonne dans le paysage des cités de Haute-Autriche et de Bavière. Nous profitons de ce passage dans la civilisation pour faire une pause pique-nique et nettoyage avant de poursuivre encore, dans un paysage désormais plus ouvert, jusqu’à un camping à la ferme où nous ferons à nouveau une escale bien méritée près d’Osterhofen, avant de rejoindre l’Isar.
Pour les dernières étapes, nous longerons cette très belle rivière dont d’importants tronçons ont été rendus à la nature, avec des roselières et des vastes secteurs boisés. Nous bénéficions également d’une météo tempérée et plutôt ensoleillée, malgré de rares petits orages. Quelques jolies villes typiquement bavaroises, comme Landau, Landshut, Moosburg et Freising jalonnent la route qui nous mène à Munich. Une mention spéciale pour Landshut et sa magnifique rue centrale aux façades multicolores, où nous nous offrons un arrêt terrasse bien mérité. Pour la petite histoire, le paiement de l’addition a été suivi de l’orage le plus fulgurant des vacances : 3 minutes chrono et les rues étaient détrempées. Nous avons juste eu le temps de nous abriter pour admirer le spectacle – gabegie totale sur les terrasses des bistrots ! – à l’abri des arcades. Enfin après une dernière étape à Freising, le dernier tronçon de 30 km jusqu’à l’entrée de Munich se fait quasi exclusivement dans la forêt, suivi de la traversée du jardin anglais (près de 10 km de long !) qui nous mène au centre-ville. Arrivés un jour en avance sur notre planning, nous passons une nuit au camping avant de nous réfugier les deux dernières à l’AJ. Nous « réfugier » ? c’est le cas de le dire, car au moment de notre visite (écourtée) du zoo, des pluies diluviennes se sont abattues sur Munich et ne nous ont plus laissé de répit jusqu’à notre retour. Nos sorties se sont limitées à un minimum de shopping pour le camping (Laure et Frédéric), à une visite du Deutsches Museum (Léon et Eugénie, en compagnie d’Eva et Nicole) et, bien entendu, à honorer l’invitation à souper de la famille Losch. Le dernier soir, pour notre ultime escapade gastronomique, nous allons en compagnie de la famille Losch à la brasserie Hofbräu, où nous dégustons ne dernière fois de roboratives spécialités bavaroises copieusement arrosées d’excellentes bières. Enfin, retour en Suisse où nous retrouvons soleil et canicule, ce qui ne sera pas de trop pour finir de faire sécher nos affaires de camping à la plage d’Yverdon.