Aventures en famille

Au long du Mékong, ambiance «vieille-Indochine»

Écrit par Famille Carrard | 01/12/2012 13:08

Nous sommes résolument de retour sur le plancher des buffles pour un moment. En aval de Vientiane, la Vallée du Mékong s’élargit en un vaste bassin alluvial. Curieusement, la route nationale 13 que nous connaissons bien snobe cet axe naturel et s’obstine à cheminer dans les collines à des kilomètres du fleuve, que l’on n’aperçoit que rarement. Les crochets en direction du rivage desservent les trois capitales de provinces que sont Thakhek, Savannakhét et Pakxé.

La seule véritable montée de la vallée du Mékong après Vientiane a été avalée dans un bus qui doit avoir connu les heures les plus glorieuses de l’Indochine française… Soulagement donc d’être arrivés entiers à Thakhek, avec tout notre fourbi. Posés sur le toit sans porte-bagages, nos véhicules étaient tenus par des cordes depuis l’intérieur, via les bouches d’aération.

Du haut de ses 30’000 habitants, Thakhek semble plongée dans une profonde léthargie, avec ses rues en damier aux vieux bâtiments coloniaux décrépits.  Seul le quartier périphérique à l’est, dont les marchés et petits commerces sont tenus essentiellement par la communauté vietnamienne, est animé. La seule agitation provient d’ailleurs du bourdonnement des motos. La journée de pause nous permet de nous préparer aux futures étapes. Nos vélos sont équipés de chaînes neuves. Nous pouvons ainsi envisager sereinement les prochains 1000 km au Laos et au Cambodge.

Nous quittons Thakhek par une petite route secondaire longeant le Mékong au lieu de prendre la 13. Bien qu’indiquée sur notre carte comme « dirt road », surprise ! Elle est goudronnée et en excellent état sur 70 km. Nous terminerons tout de même l’étape sur un tronçon en chantier, du remblai non damé, avec à nos trousses divers engins, façon film d’action hollywoodien.

La nuit de camping à la ferme dans une famille très gentille aurait pu se transformer en vrai calvaire. Alors que nous sommes couchés, nous entendons motos et talkie-walkies dans la cour, puis on réveille le propriétaire qui doit s’expliquer de notre présence dans son jardin. Nous ne bougeons pas et finalement ne sommes pas inquiétés par la police.

A voir le sourire intact du propriétaire le lendemain matin, nous nous disons qu’il n’a finalement pas dû être trop embêté et prenons congé, non sans lui avoir glissé un petit billet dans la main pour le remercier de son accueil. Avec le recul, même si les forces de l’ordre avaient dû nous déloger, qu’auraient-elles fait de nous au milieu de la nuit en pleine cambrousse. Nous laisser aller camper à la sauvage hors des habitations avec les risques que ça peut comporter (mines etc…) ? Nous escorter jusqu’à Savannakhét (40 km) pour trouver un guesthouse ? Ils n’avaient rien d’autre à faire que de nous laisser là…

Le lendemain, étape courte mais suffisante jusqu’à Savannakhét, où nous arrivons pour dîner. Un jour et demi de pause nous permettent de nous imprégner un peu de cette ancienne ville coloniale, dont subsistent encore de nombreux bâtiments  et la belle église Sainte-Thérèse ; un peu plus grande et animée que Thakhek, Savannakhét possède un grand marché que nous arpentons en tous sens pour trouver l’habile savetier capable de remettre en état une paire de chaussures de vélo.

Nous emmenons nos enfants avides de savoir et de spectaculaire au Musée des Dinosaures fondé dans les années 30 par un savant français suite à la découverte d’ossements d’un grand herbivore. Légère déception pour nos loustics : point de T-Rex entier, mais quelques tibias et dents d’espèces diverses dans des vitrines qui n’ont pas été dépoussiérées depuis la fondation du musée. Mais le personnel et les scientifiques présents se sont fait un plaisir de nous faire visiter – en français –  le labo où sont restaurés les fragments et fabriqués les fac-similes.

A Savannakhét, nous avons fait la connaissance d’Andri, un sympathique et bonhomme cyclo Québécois pur sirop d’érable, que nous allons ensuite recroiser à plusieurs reprises sur la route. Au départ de la ville le 16 novembre, nous nous faisons aiguiller in extremis par un conducteur de tuk-tuk sur la route 13, alors que nous allions reprendre la route côtière. Coup de chance, car Andri nous confirmera plus tard l’état désastreux de la route, au point de devoir faire plusieurs kilomètres à pied et rebrousser chemin.

Pour nous autres, la route jusqu’à Pakxé aura le goût du parcours du combattant pour d’autres raisons : tour à tour, pendant deux jours, ce seront Frédo, puis Laure qui seront malades (voire en même temps…), situation d’autant plus pénible que la chaleur est étouffante ces jours et que le vent  – contraire – s’est levé pour l’occasion. En raison de la chaleur et avec un état de santé médiocre, on passera donc parfois plus de temps devant les épiceries en pause hamac que sur nos vélos.

Nous traversons de vastes étendues de campagnes  avec peu de reliefs. Le déboisement intensif au profit des rizières nous prive d’ombre le long des routes. Les rizières elles-mêmes n’étant plus toutes exploitées, certaines ressemblent davantage à de la savane qu’à des champs et laissent poindre le spectre de la désertification de certaines parties de la vallée du Mékong.

La seconde nuit, tout le monde étant de nouveau en état, nous nous offrons du camping au temple. Accueillis par un bonze très sympa qui s’occupe de ses trois petits novices, nous avons dépoussiéré un peu notre set cuisine pour nous faire des vraies pâtes de camping (qui collent aux dents et tout et tout…).

Le lendemain, c’est la grande étape en direction de Pakxé. Nous ne pensions pas y arriver ce jour, mais comme la motivation et la forme sont au rendez-vous, nous taillons la route, retrouvons notre ami Andri pour une pause.

Après avoir cherché en vain un logement, nous nous résignons à la nuit tombante à faire du stop et terminons la trajet en camionnette : dans la mesure où nous en étions déjà à 94 km de vélo (et accessoirement 5’000 depuis le départ de Pékin) et qu’il nous en restait encore 35, ce petit coup de pouce est bienvenu.

Pakxé est la seconde ville du Laos par sa taille et sent le fric à plein nez : ici c’est le défilé des gros 4×4 et des pickups, boulangeries à la française aux prix français (voire suisses). Située à la confluence du Sedone et du Mékong, la ville a connu un fort développement à l’époque coloniale et, à l’instar de Savannakhét et de Thakhek, comporte encore quelques quartiers à l’architecture caractéristique. C’est surtout le point de départ pour toute une série de destinations, notamment un site archéologique khmer majeur, le Vat Phou que nous n’aurons malheureusement pas le temps de visiter. Nous nous offrons une virée en tuk-tuk jusqu’au Plateau des Bolaven situé plus de 1000 m plus haut que Pakxé : un bol de fraîcheur bienvenu.

Une part importante de forêts tropicales subsiste sur ses marges et dans les vallées les plus encaissées qui en entaillent les abords. Sur le plateau lui-même, des milliers d’hectares sont plantés de caféiers et de théiers.

Nous assistons dans une petite entreprise familiale à toute la chaîne opératoire de la fabrication artisanale du café, du séchage au conditionnement sans oublier la dégustation ! Autres attractions d’un autre genre, les deux chutes d’eau de Tad Fane et de Tad Yeuang.

De Pakxé, deux nouvelles étapes de vélo, sous un soleil de plus en plus étouffant, nous mènent jusqu’à Siphandon (Les 4000 Iles). Après un nuit de camping dans une cour d’école, nous retombons sur Andri, puis un cycliste chinois.

Arrivée sur les rotules au rivage où les ferries menant dans les îles s’avèrent être de vulgaires pirogues à moteur. Nous parvenons néanmoins à faire tenir notre barda sur l’une d’elles et profitons du magnifique coucher de soleil sur les innombrables îles du Mékong.

Deux jours sur place nous offrent le loisir de découvrir les îles de Don Det et Don Khone, sur lesquelles subsistent les traces des tentatives malheureuses des Français pour valoriser le Mékong comme  voie fluviale.

Le grand saut du fleuve à cet endroit provoque un inextricable réseau de chutes et rapides au milieu duquel émergent des récifs : ceux-ci constituent d’ailleurs la majeure partie des « 4000 îles », les plus petites.

Afin de faire passer les bateaux de l’aval à l’amont du tronçon impraticable, une voie de chemin de fer, un pont et des aménagements de halage ont été installés par le colonisateur. De l’ancienne voie de chemin de fer ne subsiste que le ballast, recyclé en chemin carrossable.

Autres centres d’intérêt: les « Irrawaddy », une espèce de dauphins d’eau douce en danger d’extinction que l’on peut aller voir barboter en barque.  Nous avons donc revêtu nos combinaisons playmobil pour ce safari fluvial. Nous avons bien vu quelques dauphins (ou peut-être une quinzaine de fois le même…) sur la vingtaine recensés ; mais autant dire que pour arriver à en prendre une photo valable, il faut se lever de bonne heure…

Mais ce n’est pas tout ça, nos visas prolongés laotiens touchent à leur terme et le Cambodge nous attend.

Nous rejoignons donc la terre ferme au matin du 25 novembre, enfourchons nos montures et 20 kilomètres plus loin, arrivons à la frontière lao-cambodgienne, pour régler les indispensables formalités qui nous permettront de poursuivre notre périple le long du Mékong. Pas de difficultés ni de soucis particuliers pour ce passage, à part que c’est long : les douaniers posent pour la photo pendant que Laure remplit les formulaires et que Léon et Eugénie amusent la galerie en faisant les pitres sur les hamacs dévolus aux fonctionnaires des douanes. Comme prévu, nous sommes délestés d’un peu plus de dollars (25 $) que les prix officiels des visas (20 $, non affiché) sous de futiles prétextes (prise de température au service de quarantaine, p. ex.). A la sortie du Laos, une demi-heure auparavant, on nous avait demandé 2 $ par tampon « because it’s Sunday ».

Un peu d’appréhension tout de même en entrant au Cambodge, où les contrastes semblent encore plus marqués que dans les pays voisins. Des sourires lumineux des enfants en haillons jouant devant les misérables cabanes de bambous aux beaufs patibulaires en Lexus rutilantes, de l’ahurissant patrimoine Khmer aux cicatrices encore mal refermées d’un passé récent, sûr que l’atmosphère particulière de ce pays nous marquera au moins autant que le Laos qui nous a procuré tant d’émotions…


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Et si on pédalait un peu !

Écrit par Famille Carrard | 20/11/2012 16:26

Encore des montagnes…

Après les petites vacances de Luang Prabang, les choses sérieuses ont recommencé. Nous avions pu nous y préparer, d’abord par l’achat de la carte GT-Rider, destinée aux motocyclistes ; elle est à ce jour la plus précise du pays du haut de son 1:1.650.000 (!) et donc indispensable à tous les usagers des routes laotiennes. Les profils GPS de la route nationale 13 nous ont donné quelques sueurs froides avant d’attaquer les montées. Autre préparation – et pas des moindres – nous avions emmagasiné suffisamment de calories superflues dans les boulangeries de Luang Prabang pour ne pas souffrir de sous-nutrition dès le premier jour de montagne. C’est forts de cette mise en condition digne de Rocky IV, et après avoir retroussé nos socquettes que nous avons attaqué la traversée sur Vang Vieng et Vientiane.

Passons l’épisode récréatif du premier jour (les chutes de Tat Sae et la balade à dos d’éléphant, décrites précédemment) : la première étape encore en fond de vallée a été couronnée par une nouvelle casse de chaîne, puis une nuit de camping « sauvage » dans une cour d’école ; autant dire qu’il ne fallait pas traîner pour empaqueter nos affaires le matin sous peine de se faire éparpiller sardines et tongs aux quatre coins du village…

Les choses ont alors commencé sérieusement : 700 m de dénivelé, soleil de plomb et premiers signes de troubles gastriques, puis de fièvre pour Frédo, pile poil au meilleur moment !

La montée est l’occasion de deux rencontres un peu hors du commun : d’abord un grand Allemand (il devait bien dépasser de deux têtes la taille moyenne d’un indigène adulte), ancien cyclo qui n’est jamais rentré chez lui pour refaire sa vie dans un village laotien. Un kilomètre plus loin, alors qu’on est dans l’avant-dernière côte, un bolide nous arrive dessus à la sortie d’un virage et on entend « Freine ! Freine ! ». Céline et Alex, deux Français, descendent de leur Pino blanc… (pas Pinot Blanc !). Nous sympathisons tout de suite avec ce jeune couple que l’idée de voyager avec des enfants semble titiller la moindre… on refait donc le monde et s’échange quelques bons tuyaux pour la suite de nos périples respectifs dans le seul coin d’ombre du virage. Dommage qu’on ne se soit pas croisés pendant la vraie pause précédente – on n’aurait sans doute jamais redémarré…

La suite de l’étape voit se succéder la fin de la montée jusqu’à un col, la redescente sur l’autre versant (en une demi-heure ce qu’il nous a fallu la journée à gravir). En face, c’est cette fois 1000 m de montée qui nous attendent. Nous optons pour un peu d’autostop et nous faisons lifter par une camionnette.

Au sommet, nous alternons petites et grosses bosses dans des paysages aussi magnifiques que dénués de logements susceptibles de nous accueillir. Dans la vallée suivante, faute d’emplacements décents pour monter la tente et l’état de santé de Frédo n’étant pas au top, nous trouvons finalement à nous loger dans une famille.

Surprise le lendemain matin : ils nous pressent au départ, car les deux membres du couple doivent aller travailler à 7h00. Quelle n’est pas notre surprise de les voir tous deux en uniforme de police !

L’étape du jour débute par une belle montée de 400 m. La suite n’est pas plus plate : tantôt la route suit la crête, offrant un panorama sur toute la chaîne des alentours, tantôt elle franchit en enfilade des vallées secondaires. Nous traversons toute une série de villages montagnards aux habitations surélevées, parfois très modestes et entièrement en bois ou en bambous. Aux diverses manières de bâtir les maisons traditionnelles d’un village à l’autre, nous pouvons identifier la présence de plusieurs groupes ethniques distincts dans ces contrées sauvages.

Seule constante, l’uniforme scolaire des enfants, avec la prééminence de la blouse blanche pour les filles comme pour les garçons. De manière plus surprenante, héritage de la colonisation française oblige, dans chaque localité, le terrain de pétanque constitue le seul replat du lieu, durement gagné sur la montagne.

En fin d’étape, après la grande glissade (comme dirait Eugénie) de 1000 m sur le versant sud, une dernière bosse aux pourcentages de pente non homologués, puis une dizaine de km en dents de scie parachèvent cette journée aussi splendide qu’épuisante.

L’arrivée sur la large vallée de Kasi et ses rizières au soleil couchant  nous offre la plus belle des récompenses (ex æquo avec l’excellent repas concocté dans le restaurant attenant à notre guesthouse). On vous rassure, Frédo boit de nouveau une bière, signe rassurant quant à son état de santé !

Le lendemain, nous pensions en avoir fini avec les journées à rallonge et les montées abruptes et espérions arriver plus frais à Vang Vieng. Ce trajet nous a pourtant donné pas mal de fil à retordre : le dernier petit col à passer était plus ardu que prévu et à la descente, il y avait plus de nids de poules que de goudron – il a d’ailleurs fallu faire un revissage musclé de nos porte-bagages à la pause de Vang Vieng. Enfin, les derniers 20 km sur des routes en chantier en plein cagnard ont complété le tableau.

Mais l’épisode le plus marquant de cette journée a sans conteste été la visite d’une école. Attirés par un drapeau suisse peint sur la façade bien visible de la route, nous sommes entrés dans le préau. De fil en aiguille, nous avons visité les classes et Léon et Eugénie ont ainsi connu leur première expérience scolaire : assis à un pupitre, ils ont fait des dessins pour les enfants de la classe des plus petits, à qui nous avons également offert stylos et papier. Nous avons pu constater que nos enfants étaient encore très gâtés en comparaison des petits Laotiens des montagnes et qu’ils avaient de la peine à se séparer de leurs affaires au moment d’en faire don.

Vang Vieng

Cette petite bourgade moche, entièrement dévolue au tourisme, plantée au centre de paysages idylliques, semble avoir poussé là comme un champignon, un peu à l’image des villes de chercheurs d’or dans les westerns. Une curieuse bande grise de 2 km de long sur une centaine de mètres de large coupe littéralement la ville en deux : c’est ce qui reste d’une ancienne piste d’atterrissage mise en place par les Américains en vue de leurs bombardements contre le Pathet Lao. Depuis quelques années, c’est surtout le centre d’un dense réseau d’activités ludo-sportives (kayak, tubing-bourrage de gueule, spéléo…).

La rive droite de la rivière, reliée au centre-ville par un pont payant, constitue le quartier le plus rural et nous y trouvons un logement aux lits impec’ au milieu des vaches et des buffles. Nous y pratiquons repos et mécanique le premier jour.

Le second, une ballade à travers les rizières nous amène à une grotte où Léon et Eugénie font leur baptême de la spéléo. Eugénie se sentait tellement à l’aise au fond du trou qu’elle a même refusé de ressortir tant qu’elle n’aurait pas vu les ours !

Nous sommes rejoints à Vang Vieng par Fabian et Daya rencontrés à Luang Prabang et avec qui nous avons toujours énormément de plaisir à refaire le monde autour d’un bon repas.

En deux étapes de « plaine » tout de même plus bosselées que ce que nous imaginions,  et sous un soleil de plomb, nous vivons notre troisième pétage de chaîne (ce qui n’est rien en comparaison des pétages de plombs !), cette fois sur le tandem. L’arrêt tech(-pique)-nique qui suit dans un temple bouddhiste est mémorable. Le bonze mué en assistant mécano et en baby-sitter a sans doute connu ce jour-là deux expériences inédites : il a joué aux légos et enfourché un Pino. Très bon pour son karma !

En arrivant à Vientiane, la circulation est souvent bloquée pour faire place à l’une ou l’autre délégation internationale présente pour la conférence de l’ASEM (à chaque carrefour son soldat armé jusqu’aux dents avec en toile de fond les affiches « Warmly welcome… »). Nous galérons un peu à l’arrivée pour trouver une chambre potable, de nombreux guesthouses proposant des logements borgnes et chers ou trop petits pour une famille de quatre.

Vientiane

Après Luang Prabang la récréative, Vientiane l’administrative ! Notre objectif était de régler en trois jours ouvrables nos visas thaïlandais et extensions des visas laotiens, ce qui fut fait avec nos deux loustics, dûment équipés de notre kit de survie : crayons, stylos, papier et légos ! Entre deux, nous avons planifié la suite (et fin) de notre escapade laotienne.

Le samedi, Frédo est parti faire la tournée des magasins de vélos, pour investir dans deux nouvelles chaînes et acheter un dérive-chaîne performant, l’autre étant cassé depuis le premier dépannage. Qui a déjà tenté ce type de réparation au moyen d’un dérive-chaîne cassé, de deux vieux rivets, d’une clé à molette et d’une pince d’électricien comprendra l’utilité d’un tel investissement… Pendant ce temps, le reste de la famille a sauté dans un tuk-tuk pour visiter le café et la bibliothèque du Centre Culturel Français. Léon et Eugénie ont tellement adoré le coin lecture qu’on ne les a pas aperçus durant presque une heure : un record ! L’occasion aussi de rencontrer deux familles d’expats francophones vivant au Laos avec de jeunes enfants.

En fin de compte, une fois les affaires courantes réglées à Vientiane, on se sentait presque chez nous dans cette tranquille capitale à taille humaine. Coiffeur (apéro compris), boulangerie, achats de la vie quotidienne, place de jeux : nous avons davantage eu l’impression de passer un samedi à la maison, que d’être touristes à l’autre bout du monde. Si bien qu’on en a presque oublié les visites et les photos.

Ultimes retrouvailles avec nos amis Daya et Fabian (qu’on ne présente plus) et adieux émus lorsque nous les avons aidés à charger leurs vélos dans le bus : cette fois, ils partaient pour les Philippines via Bangkok. Nous louperons à notre retour en Suisse ces futurs expatriés à Washington DC…

Le 11 novembre, nous nous sommes remis en route. Pour raccourcir un peu le long trajet de la vallée du Mékong et comme le temps file, nous avons pris un bus pour Thakhek, d’où nous poursuivrons à vélo vers le sud, en direction du Cambodge.

Savannakhét l’indigeste, tuna Bouddha pasta et Pakxé bon le café de Bolaven dans le prochain numéro !


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Luang Prabang

Écrit par Famille Carrard | 10/11/2012 11:58

Ville de toutes les tentations ! 

Nous avions été frappés en entrant au Laos par l’impression de sérénité et de calme qui se dégageait des gens, comparativement aux voisins vietnamiens et chinois. A Luang Prabang, cette impression est encore amplifiée par l’omniprésence des bonzes, dont l’orange vif de l’habit et le parapluie attirent immédiatement le regard.

Outre cet aspect typiquement local, le centre historique de villas coloniales aux vastes jardins que l’on laisse s’embroussailler détonne en Asie du Sud-est.

Dans cette langoureuse petite cité, le temps s’est arrêté… et comme sans doute bien d’autres voyageurs avant nous, nous avons à plusieurs reprises différé notre départ, juste parce que lorsqu’on séjourne à Luang Prabang, une sorte de langueur vous envahit et vous donne envie de vous asseoir pour contempler le va-et-vient des bonzes et laisser filer le temps…

Lieu de rencontre aussi; on (re-)croise la route de voyageurs, notamment Marion et Florian, un couple de Toulousains avec qui nous avions sympathisé à Cat Ba et que Léon avait eu beaucoup de chagrin à quitter ; Erwan aussi, un sympathique Breton que nous pourrions bien retrouver quelque part le long du Mékong. Aux chutes de Quang Xi, rencontre avec une sympathique famille de franco-laotiens qui faisait son retour aux sources (c’est le cas de le dire!)

Mais pour nous la grande nouveauté a été la rencontre avec des cyclos suisses: Nicole et Gaëtan, un couple de Neuchâtelois en tandem et surtout Daya et Fabian, deux alémaniques super sympas avec qui nous avons passé quelques mémorables soirées, d’abord à Luang Prabang, et que nous retrouverons plus tard à Vientiane.

Au rythme des bonzes

Luang Prabang concentre une infinité d’édifices religieux qu’il serait fastidieux d’énumérer. A moins d’être ultra passionné par l’architecture bouddhique et de vouloir s’assurer de ne pas en manquer une miette, le mieux est de se laisser aller à déambuler dans les rues et de temps en temps d’entrer dans les sanctuaires au hasard de nos pérégrinations, sans guide ni programme de visite.

Nous avons ainsi passé de cérémonies religieuses à des jeux d’enfants sur les marches des temples; parfois à observer les bonzes affairés aux préparatifs des festivités marquant la fin de la mousson, ou plus simplement les geckos qui se baladaient sur les boiseries peintes des plafonds.

Chaque matin, les bonzes sont debout à 5h00. Leur journée commence par l’offrande aux pauvres : dès 6h00, au lever du jour, ils déambulent dans les rues avec en bandouillère un petit tonnelet que les fidèles remplissent de nourriture, principalement des petites boulettes de riz collant. L’ensemble est ensuite acheminé aux temples.

Festivités

Fin octobre, après la mousson (et une semaine après Vieng Xay), on remet le couvert pour la fête des bateaux. Pendant la journée, des joutes sportives opposent des équipages de rameurs qui concourrent sur des sortes de longues pirogues. La cour de chaque édifice religieux se transforme en atelier de bricolage, où sont confectionnés des bateaux qui seront illuminés plusieurs soirs devant les temples, avant de concourir en une parade sur le Mékong. Les rues et les jardins s’illuminent de mille feux, grâce aux innombrables lampions qui essaiment dans toute la ville.

Les villages d’artisans

Les environs regorgent de petits hameaux où se pratiquent des artisanats spécialisés. Ces visites nous fournissent l’occasion de ressortir les vélos : ces expéditions par monts et par vaux donnent lieu à des équipées mémorables sur des chemins de terre, couplés avec une « croisière » en ferry à travers le Mékong.

Chaque village regroupe l’une ou l’autre spécialisation, parfois plusieurs : ici fabrication du papier et tissage, là tournage  de céramique utilitaire.

Nous n’avons pas pu nous empêcher de faire quelques petites folies en guise de souvenirs : il est vrai qu’acheter les étoles à prix coûtant directement aux productrices qui ont leur métier à tisser dans leur cour ou leur maison prend une autre saveur que de les marchander à des intermédiaires sur les marchés touristiques.

Gastronomie

Que du bonheur ! Ayant dû se contenter de maigres épiceries les jours précédents, on se lâche. Tant est si bien que nous en arrivons même à être écoeuré du chocolat… (enfin, presque!)

Entre deux casse-croûtes plus occidentaux, nous avons toujours le même plaisir à manger les spécialités locales : barbecue laotien, poisson grillé du Mékong, salade de papaye, curry et toutes les déclinaisons de nouilles et riz.

L’occasion surtout de faire notre cure de bananes: du propriétaire du guesthouse qui met un grand plat à disposition de ses clients aux tenanciers des stands de sandwiches, tout le monde en offre et on se retrouve toujours avec deux kg de ces fruits dans nos affaires sans en avoir acheté…

Visite des environs de Luang Prabang

La région autour de Luang Prabang ne manque pas de charme non plus : forêts tropicales et rizières sont baignées d’une multitude de petits cours d’eau. Nous avons visité deux chutes sises dans des paysages enchanteresques. Le site de Kuang Si renferme de spectaculaires chutes ainsi qu’un parc où sont recueillis et soignés les ours à collier victimes de braconniers.

Aux chutes de Tat Sae, que nous visiterons sur la route en quittant Luang Prabang, ce sont les éléphants qui sont soignés et dressés. Outre la baignade dans les petits lacs naturels échelonnés au gré des chutes, les excursions à dos d’éléphant constituent la principale attraction du lieu. Nous nous sommes laissés aller à changer de tape-cul pour une ballade inoubliable, avant de reprendre la route en direction des montagnes.

Nous gardons de notre séjour à Luang Prabang des images plein la tête et rien que d’écrire ces lignes, on a des petites étoiles dans les yeux. Avouons-le, ce n’est pas Luang Prabang qui restera dans nos mémoires comme le lieu des aventures de l’extrême, mais bien celui de la douce vie et des petits plaisirs épicuriens !

En quittant ce petit coin de paradis au matin du 30 octobre, dès les premiers coups de pédales  sur la route 13, le défi sportif sera de nouveau au rendez-vous : pour « mériter » Vientiane et d’autres merveilles, nous devons avaler 387 km de route montagneuse et quelques milliers de mètres de dénivellé (chaque mètre compte!). Et là, c’est véritablement l’aventure qui reprend…


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Lao sur la montagne

Écrit par Famille Carrard | 28/10/2012 14:40

L’était une belle forêt…

Au départ de Hanoi le 12 octobre, nous étions prêts pour foncer à l’ouest en direction du Laos, avec une dernière halte touristique vietnamienne à Mai Chau à mi-chemin. Nous avions fait réviser les vélos, retiré des dongs pour 4 jours, changé des kips pour 2-3 jours le temps de trouver un ATM de l’autre côté de la frontière et étudié la tracé sur google maps jusqu’à Mai Chau. Cette Mecque de l’écotourisme (selon Lonely Planet) nous paraissait être l’endroit idéal pour une pause entre Hanoi et le Laos, où recharger nos batteries, faire un état des lieux de nos finances pour bien budgéter les derniers jours au Vietnam et étudier plus en détail notre itinéraire montagnard jusqu’à Sam Neua au Laos. Etant habitués à nous approvisionner en fruits et autres casse-croutes en route, nous avions uniquement nos gourdes remplies et quelques combines à grignoter. Pourtant, un enchaînement de tuiles a passablement mis à mal notre bel optimisme. Avec le recul, nous ferons nôtre l’adage d’un célèbre moustachu : « Tout ce qui ne nous tue pas nous rend plus forts… ».

Notre parcours du combattant

Jour 1 : nous quittons Hanoi après avoir profité une dernière fois de notre stamm (une sympathique terrasse aux excellents cafés et jus d’oranges frais) en dégustant les pains au choc trouvés dans une boulangerie « à la française ». Nous nous amusons même à filmer les routes bondées de scooters. Mais la fête s’est terminée dès que nous avons pédalé en périphérie de la capitale : camions, poussière, klaxons… la rengaine habituelle que nous avions presque oubliée. L’achat de fruits s’avère aussi ardu car les prix prennent l’ascenseur à la vue de visages blancs. Dégoûtés, nous préférons nous priver de vitamines et attendre de trouver une honnête marchande (cela se produira seulement le deuxième jour). Le soir, bien qu’il n’y ait eu que du plat et que l’étape ait été d’une longueur très raisonnable, nous sentions déjà la fatigue. La nuit dans l’hôtel du bled avec karaoké nous a privés d’un repos réparateur.

Jour 2 : le terrain commence à être vallonné, rien d’alarmant pour nos mollets. Pourtant, Laure a le souffle court, la faute au smog, probablement. Les haltes sont rapprochées. Peu avant midi, un motard s’arrête. C’est Pedro, un Lausannois qui est parti de Suisse à moto et avec qui nous partageons avec plaisir le dîner à Hoa Binh. Après cette pause très appréciée de tous (entre Helvètes, on se comprend si bien !), nous nous retrouvons nez à nez avec notre premier reck et ce n’est que le début.

Jour 3 : nous nous échauffons sur des petits cols bien raides (mais pas trop longs heureusement), avant de passer littéralement par-dessus la montagne.

A l’arrivée, la récompense est néanmoins au rendez-vous, avec une large vallée de rizières truffée de buffles et de petits villages sur pilotis.

A Mai Chau, nous dormirons chez l’habitant dans une maison traditionnelle au sol de bambou « mou » en face d’une espèce de terrain vague. De jour, cela ressemble à un dépotoir où jouent les enfants et où pâturent les buffles. Ce que nous ne savions pas en choisissant notre logement si paisible, c’est que chaque samedi et dimanche, des étudiants de Hanoi se déplacent en masse pour y karaoker faux, y faire un feu de joie et y installer une disco mobile beuglante. Manque de bol, nous sommes dimanche… Nous préférerons donc garder le souvenir de l’excellent repas servi par nos hôtes plutôt que de notre soirée à haïr la jeunesse hanoïenne.

Jour 4 : nous apprenons une nouvelle peu réjouissante. Ni à Mai Chau ni dans aucune prochaine « ville » vietnamienne il n’y aurait de distributeurs d’argent. Notre itinéraire est donc résolument tourné vers le Laos que nous devons rejoindre au plus vite car le budget d’une journée devra nous en faire au minimum trois… Notre principal carburant de ces étapes de montagne sera composé de bananes et de riz. Vu les circonstances, c’est l’occasion pour nous de nous désintoxiquer un peu du café et de la bière. Faute de carte précise, nous nous sommes offerts le luxe d’un détour en montagne au lieu de suivre la rivière à la descente, ce qui aurait été un peu plus reposant… quand on aime l’effort, on ne compte pas. L’occasion rêvée de traverser l’une des plus belles régions de notre voyage : montagnes couvertes d’une végétation luxuriante, parfois entrecoupées de très belles rizières en terrasses, alors que de petits hameaux en bois aux toits de feuilles de palme s’égrènent le long de chemins de moins en moins goudronnés.

En faisant abstraction des motos, des antennes paraboliques sur les cahutes en bois et des portables, on a souvent le sentiment d’avoir fait un bond de plusieurs siècles en arrière. Durant la montée, dans l’impossibilité de nous ravitailler en eau et en nourriture, nous nous invitons tout d’abord dans une famille pour boire le thé, puis nous finirons les restes d’un repas (riz collant) dans l’épicerie voisine… A la guerre comme à la guerre ! La descente sur Ba Thuoc n’est pas plus reposante que la montée tant la route est défoncée…

Jour 5 : une fois notre dernier café viet avec triple dose de lait condensé siroté (fallait pas nous laisser la boîte sur la table !), nous attaquons la route 217 qui nous mènera à la frontière. Les montées et descentes se succèdent et les enfants marchent de plus en plus à côté des vélos lorsque la pente devient trop raide. A la nuit tombante, nous sommes bien décidés à planter la tente et demandons à des villageois la permission d’utiliser un bout de terrain. Nous sommes finalement invités à dormir et à manger dans une maison typique habitée par une charmante famille.

Nous avons ainsi partagé un peu du quotidien de ces montagnards. Côté confort, ils investissent davantage dans l’électronique de loisir que dans les sanitaires (ni toilettes, ni « durc » comme dirait Léon, ni trou tout court d’ailleurs !).

Jour 6 : Nuit difficile, réveil à l’aube. Nous paquetons rapidement de peur de déranger nos hôtes et trouvons une épicerie dans le village suivant pour notre petit-déjeuner. Eugénie a étrangement peu d’appétit et son état de santé se dégradera au cours de la journée. Vers 10h30, nous nous réfugions dans un boui-boui pour nous abriter d’une grosse averse. Nous repartons après avoir été littéralement mis à la porte par le patron (alors que nous étions en train de finir de manger !) pour faire place à la prochaine tablée. Dans les montées qui suivent, la route est rendue tellement glissante par la pluie que nous patinons dans la boue. Le moral faiblit à mesure que la fièvre d’Eugénie augmente, et c’est finalement avec soulagement que nous arrivons à Na Meo à la frontière du Laos. Dans cette ville moche et sans âme, le style monumental d’inspiration coloniale du seul hôtel paraît complètement décalé, au milieu de cahutes tenant à peine debout autoproclamées épiceries, où les camions laotiens viennent se remplir de produits alimentaires industriels.

Jour 7 : le passage de la frontière le 18 octobre au matin se fait sans problème ; il faut juste être patient comme partout en Asie, le temps que les formalités soient remplies et contrôlées 3 fois. Arrivés de l’autre côté avec notre solde de 19.000 dongs vietnamiens (env. 90 cts.) sans pique-nique pour midi, nous sommes néanmoins soulagés d’avoir tenu le budget fortement raccourci des 3 derniers jours. Reste le souci de notre petite malade avec ses pointes de fièvre à 40 degrés et ses vomissements, ainsi que de notre état de fatigue général au 7ème jour de vélo d’affilée.

Il fallait s’y attendre, en traversant du côté laotien, on ne va pas vers le plat. C’est toujours aussi joli, rizières, petits villages, sourires des gens et enfants qui courent à notre rencontre…

Et toujours aussi difficile de s’approvisionner. On s’improvise sur le bas côté de la route un frugal pique-nique de midi avec nos restes du Vietnam, c’est dire ! La pause est écourtée par une attaque de sangsue dont Frédo est victime. Rien de méchant, mais sur le moment, nous ne savions pas si ce genre d’animal était vecteur de maladie.

Pour compléter le tableau, nous expérimentons la route la plus pentue depuis le début du voyage. On peut avoir les meilleurs muscles du monde, quand les pneus patinent à la montée, il faut pousser le vélo. Le problème, c’est que les chaussures patinent aussi… nous avons néanmoins la chance de nous faire prendre en stop par un gentil monsieur dans une camionnette jusqu’à Vieng Xay, la prochaine localité d’importance, où nous pourrons nous offrir un jour de repos, qui permettra à Eugénie de reprendre du poil de la bête et d’être complètement rétablie le jour suivant comme si de rien n’était.

Fin du feuilleton !

Puis, jusqu’à Luang Prabang…

Vieng Xay est une sorte de non ville composée d’une série de hameaux et de maisons foraines disséminées autour de petits lacs-pêcheries perdus entre rizières et pics rocheux. Entourée de grottes transformées en bunkers dans les années 60, la localité revendique haut et fort son statut de centre de la résistance du Pathet Lao contre les frappes massives de l’aviation américaine pendant la « guerre secrète ». Par hasard, nous nous retrouvons là au premier jour du Bun Nam, la fête des courses de bateaux qui a lieu chaque année dans tout le Laos à la fin de la mousson. L’occasion pour les locaux d’écluser bière, alcool de riz et de sortir du placard la fine fleur des karaokistes. Ambiance bon enfant et colorée, où la compétition officielle d’aviron est malheureusement concurrencée par celle, plus inofficielle, du jeter de canettes dans le lac.

Notre pause est de courte durée : pour cause d’ATM en panne et cartivore (heureusement qu’un employé de la banque était là pour libérer directement la maestro…), nous nous voyons forcés de poursuivre rapidement jusqu’à Sam Neua.

Au terme d’une courte étape qui nous permet de mettre en doute les indications de pourcentage de pente indiqués sur les panneaux, et à Frédo de casser la chaîne de son vélo, nous nous retrouvons dans la capitale du Houaphan, une métropole de jungle dont on se demande bien où elle loge ses 40’000 habitants.

Deux jours de vrai repos plus tard – il n’y a vraiment rien à faire à Sam Neua, à part se balader dans les quartiers populaires et au marché – nous avons étudié l’itinéraire en direction de Luang Prabang, à 450 km. Il faut se rendre à l’évidence : si nous voulons avoir le loisir de nous servir encore de nos mollets pour continuer notre périple, mieux vaut les économiser un peu. Nous prenons donc le bus jusqu’à la perle du Mékong, où nous arriverons frais comme des gardons à minuit, après 16 heures de trajet, deux vomis, quelques milliers de virages et un bon kilo et demi de bananes ingurgitées. Un trajet mémorable, dans des paysages à couper le souffle, habités par des tigres, une multitude d’ethnies aux noms les plus exotiques et quelques milliers de tonnes de vieux obus US non explosés.

Arrivée à Luang Prabang, où nous allons passer quelques jours, en pleine nuit à essayer de trouver un logement. Là une nouvelle épreuve nous attend : résister aux multiples tentations qui s’offrent à nous, si nous voulons conserver les moyens de voyager jusqu’à juillet 2013. Et ça va être dur ! Des soieries aux pains au choc, en passant par les terrasses sur le Mékong, tous les ingrédients sont réunis pour ne pas tenir un budget…


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