Aventures en famille

« Amazing, impressive, terrific ! »

Écrit par Famille Carrard | 05/07/2013 10:30

Comme l’auront lancé de nombreux Australiens enthousiastes au passage de notre caravane. Ces trois adjectifs resteront à jamais gravés dans nos cœurs…

Retour sur les dernières étapes

Avant notre arrivée à Raymond Terrace, nous étions descendus au-dessous de la barre des 200 km jusqu’à Sydney. Nous comptons un peu plus, puisque nous n’avons pas l’intention de prendre l’autoroute à l’approche de la métropole, mais de suivre la côte et, en partie seulement, l’ancienne Pacific Highway.

Newcastle

Gonflés à bloc après une journée de repos bien méritée à Raymond Terrace dans un motor inn où les patrons nous ont soignés aux petits oignons, nous attaquons donc sous un ciel maussade ce que nous estimons être les trois dernières étapes. Pas de souci jusqu’à Newcastle, grosse ville portuaire plus sympa que ce que nous imaginions : aux docks et chalutiers répondent de beaux quais fleuris et des terrasses où  les gens viennent en famille boire un cappuccino et admirer le phare. Le centre est à l’image des villes portuaires ou industrielles anglo-saxonnes : grandes maisons de briques avec des pubs-hôtels aux angles, les principaux bâtiments historiques et la gare sont coiffés d’une tour-horloge ; une cathédrale de briques trône sur la colline et les quartiers plus périphériques voient fleurir des alignements de demeures d’un style un peu hybride colonial – art nouveau. Nous n’avons pas le loisir de goûter davantage aux charmes de la ville car, cueillis par la première averse de la journée, nous nous réfugions pour manger dans un vieux pub-hôtel. Les enfants étant interdits en salle du côté bar, nous nous retrouvons à déguster nos hamburgers dans le hall d’entrée désaffecté de l’hôtel…

Que d’eau, que d’eau

La suite de l’étape se poursuivra sous un ciel de plus en plus menaçant, en longeant tantôt l’océan déchaîné, tantôt en escaladant des presqu’îles entre deux falaises. Avant-dernière crevaison – la deuxième d’une série de 3 – à cause de briques de verre, certains automobilistes australiens ayant la fâcheuse habitude de balancer leurs bouteilles de bière vides par la fenêtre. Pour couronner le tout, la suite de l’après-midi et la nuit suivante nous gratifieront d’un véritable déluge. Abondamment rincés, nous abandonnons la partie à Belmont, près de 30 km avant notre objectif du jour. Une étape supplémentaire ne sera donc finalement pas de trop pour rejoindre Sydney.

Après un début de conversation tendu avec la propriétaire du caravan park qui n’a pas l’air de comprendre qu’une « villa-cabine » est au-dessus de nos moyens (d’habitude, on vise la cabine standard), elle se déride en voyant les enfant attendant dehors. Du coup, sa proposition de baisser le prix (venant d’elle toute seule et non de Laure !) n’a plus l’air de lui tordre les boyaux et elle nous offre même une casserole de soupe de poulet maison, du pain et du beurre. Bonne surprise ! Enfin à l’abri dans notre villa, il nous faudra la nuit et deux chauffages d’appoint pour faire sécher toutes nos affaires.

Malgré des prévisions très pessimistes, les deux étapes suivantes jusqu’à The Entrance, puis Patonga se dérouleront sous un ciel plus clément. Déjà à ce moment-là, les sentiments sont très partagés. Nous approchons du but, c’est à la fois génial et … ça sent la fin de l’aventure, avec les inévitables questionnements : paquetage, vol de retour, maison, boulot, reprise de la vie normale…

Nous essayons de ne pas trop y penser, même si nous nous y préparons déjà depuis un moment. La côte très découpée toute en montées et descentes, parfois particulièrement gratinées, nous donne à tout moment l’occasion de nous concentrer sur des priorités plus terre-à-terre que de grandes considérations philosophico-intellectuelles : faut arriver en haut !

Nous ne sommes pas près d’oublier la « très belle montée » de Terrigal, s’il ne fallait donner qu’une seule illustration de l’humour cynique des ingénieurs des routes australiens. Et puis, on se concentre sur la route, car la circulation peut être assez stressante et beaucoup d’automobilistes ne sont pas très copains avec les cyclistes. Ils ne manquent d’ailleurs jamais l’occasion de nous le rappeler.

Malgré une année d’entraînement, ces dernières étapes sont donc particulièrement difficiles et c’est à grand peine que nous gravissons la dernière grosse bosse avant d’atteindre Patonga, où nous sommes attendus par un couple australo-suisse que nous n’avons jamais vu. Honnêtement, au moment d’entamer la descente sur ce village isolé en cul-de-sac et sachant que nous devrons refaire la route en sens inverse demain, nous nous demandons sérieusement dans quelle galère nous nous sommes embarqués.

A Patonga, un petit coin d’Helvétie

Accueillis par Maggie et Paul, un couple de jeunes grands-parents dynamiques, chaleureux et généreux, nous sommes rapidement rassurés. Les enfants prennent leurs aises comme s’ils connaissaient la maison depuis toujours et nous attaquons l’apéro avec un brie de Tasmanie, un excellent vin et le pain maison de Maggie avant un très bon repas en agréable compagnie.

On refait le monde, on raconte notre voyage, parle des amis communs et la soirée file. Après une nuit de repos bien méritée, nous nous mettrons en route avec le bagage allégé des enfants et des sacoches : nos hôtes nous raccompagnent en effet avec Léon et Eugénie dans la voiture au débarcadère d’Ettalong où nous devons prendre le ferry pour Palm Beach. Adieux émouvants au moment d’embarquer, avec l’impression de quitter de vieux amis.

La dernière étape

Pour cette ultime étape du 26 juin, nous nous offrons deux ferrys. Le premier pour traverser l’embouchure de la Hawkesbury River, le second à Manly pour traverser Port Jackson jusqu’à Sydney afin de s’éviter 90 km d’autoroute et une chaîne de montagnes de plus. Faire du vélo dans l’effervescence de Sydney n’est pas un but en soi… Et puis honnêtement, on ne les a pas volées nos deux petites croisières !

Nous traversons l’estuaire sur une mer déchainée par un vent tempétueux avec les vélos solidement arrimés au pont. Ça tangue dans tous les sens et le ferry est ballotté comme une vulgaire coquille de noix. Pas de tout repos, mais en tout cas les enfants auront bien rigolé !

Les quarante kilomètres jusqu’à Manly n’ont rien de spécialement excitants. Les paysages côtiers sont très beaux, mais nous sommes condamnés à suivre les grands axes ; nous nous essayons aux trottoirs et devons slalomer entre les abris-bus et les poubelles renversées par les rafales. Ces dernières ne cessent de nous chahuter et nous en arrivons à préférer les montées, abrités derrière buttes et dos d’ânes. A Manly, « tête nord » de l’entrée de Port Jackson, nous prenons notre deuxième ferry de la journée, le cœur serré : nous venons de donner nos derniers coups de pédales avant d’être réellement au centre ville.

Sydney

Comme le matin, une fois sortis du port des ferrys abrité au fond d’une baie, nous passons par une zone de fortes turbulences lorsque nous sommes soumis aux lames de fond de l’océan qui ne se sont en rien calmées depuis tout à l’heure. C’est encore plus impressionnant lorsque nous plongeons dans un creux, du fait que nous nous sommes installés dans un plus gros navire, à l’étage. On se sent minuscules. Mais une fois passée la zone de turbulences, c’est à nouveau le calme plat et dans la lumière tamisée de la fin d’après-midi, nous faisons notre entrée dans la rade de Port Jackson. Nous sommes passés entre les gouttes – merci aux météorologues australiens pour cette très belle erreur en notre faveur – et pouvons profiter d’une superbe fin de journée. Encore un petit cap et… c’est la carte postale, l’image que tout un chacun a de Sydney : les gratte-ciels brillants de mille feux avec l’éclairage rasant du soleil, l’opéra, le gigantesque pont d’acier.

Nous expliquons à Léon et Eugénie que là, maintenant, nous sommes exactement au même endroit que Dory et Marin (dans « Le Monde de Némo »), lorsqu’ils se retrouvent à Sydney une fois recrachés par la baleine.

Nous contournons le Fort Denison perdu au milieu de la rade et entrons dans la Sydney Cove, le cœur même de cette ville fascinante de la plus belle des manières, par voie maritime. Sur le Circular Quay, nous flottons un peu comme dans un rêve ; nous l’avons vraiment fait ! Nous sommes à Sydney après une année à suer sur nos biclous ! Nous passons du rire aux larmes, de l’émotion à l’euphorie, mais tout le monde est heureux. Et d’enchaîner avec la séance photos-souvenirs obligatoire devant l’opéra !

Une nuit dans la City

Mais l’euphorie ne dure pas ; nous remontons sur nos vélos en quête d’un logement pour la nuit – en l’occurrence l’auberge de jeunesse qui a un endroit pour caser nos vélos. C’est tout de suite moins rigolo : heures de pointe, nous roulons sur les trottoirs et dénichons finalement le Central Youth Hostel, dans un bel immeuble Belle-Epoque tout en briques. Pour fêter notre victoire du jour, nous prenons un excellent repas du soir au Great Southern Hotel  – un peu « Le Romand » de Sydney – avant d’aller enfin nous reposer avec des images plein la tête.

Dernière étape bis

Le lendemain, nous devons encore traverser la ville et le grand pont d’acier pour rejoindre Chatswood – banlieue plutôt chic à une quinzaine de km du centre-ville – où nous sommes attendus.

On se serait volontiers passés de faire ça à vélo : hormis la traversée du jardin botanique sous un soleil qui se fait de plus en plus discret, nous poursuivrons dans la grisaille, en suivant les grands axes par les trottoirs et les voies de bus.

Pour la traversée du Harbour Bridge, il y a la piste cyclable : Ok, on va la prendre.  Le problème, c’est qu’il faut se taper des escaliers, et pas deux marches (aucun regret d’avoir pris le ferry le jour d’avant…). Pour un type seul avec un vélo de course de dix kilos, ça va, mais avec le paquetage et les enfants… En matière de développement du réseau cyclable en milieu urbain, les Australiens ont encore du boulot et apparemment, ce n’est pas une priorité. Encore une dizaine de kilomètres après le pont et nous voilà arrivés dans un joli quartier résidentiel tout en jardins et en verdure.

Petites vacances à Chatswood

Nous sommes reçus à bras ouverts par la famille Herda. Nous nous sentons tout de suite à notre aise chez Shannon et Joe. Léon et Eugénie se réjouissent de trouver Bryce et Sierra, des copains de leur âge, et Alina, la jeune fille au pair n’est jamais à court d’imagination pour occuper les enfants avec des activités créatives. Et il en faut, car les jours suivants, nous serons confinés à l’intérieur – heureusement, la maison est grande et on peut vraiment faire comme chez nous – à cause d’une météo qui ne doit rendre heureuses que les nappes phréatiques.

On attaque le démontage et le paquetage des vélos ; nos hôtes avaient déjà pris les devants en nous dénichant des cartons.

Ultime sortie à vélo entre mecs de Frédo avec Joe, sur des vieux biclous de récupération, pour aller acheter du matériel nécessaire au paquetage à l’autre bout de la localité. Sous le déluge, trempés comme des soupes, avec arrêt obligatoire au pub, ça aura pris la moitié de la journée. Tout ça pour deux rouleaux de scotch… Tant pis, on a bien rigolé en entendant que les loriquets de Chatswood essayaient d’entrer en communication avec les freins grinçants des vélos !

Pour le reste,  sorties shopping entre filles, escapades au parc avec les enfants pour profiter des jeux… d’eau (ben oui, c’est normal en hiver, non ?), souvenirs garantis made in China au marché pour touristes etc…

La veille du départ, nous profitons tous ensemble de la première vraie journée ensoleillée depuis notre arrivée à Sydney pour aller visiter le très beau zoo de Taronga. Nous assistons à l’impressionnant show des oiseaux avec en toile de fond le port de Sydney et ses emblématiques monuments. Super journée pour clore en beauté l’épisode australien avant de retrouver l’Europe.

Mais ce n’est pas terminé. Le jour même du départ, Léon et Eugénie vont vivre l’immersion totale en milieu anglophone. Comme ce sont les vacances scolaires, Shannon propose qu’ils participent à une journée de « Holiday school » avec ses enfants. Au programme, jeux en plein air, dessins et surtout de la grimpe !

Pendant ce temps, nous avons pu finir de paqueter sans avoir à nous préoccuper des deux asticots.

Un immense merci à Shannon, Joe, Alina et les enfants de nous avoir accueillis en toute amitié et sans chichis, comme si on se connaissait depuis toujours !

En route pour… Paris !

Mais il est temps pour nous de rentrer. Mardi 2 juillet, nous avons pris l’avion pour Paris, d’où nous rentrerons à vélo jusqu’en Suisse.

Nous arriverons à Aubonne chez les parents de Frédéric (rue de Trévelin 132)

dimanche 14 juillet vers 16h

avec le fidèle soutien du ciel et de nos mollets. Que ceux qui souhaitent voir de plus près l’état de ceux-ci viennent trinquer avec nous, vous êtes les bienvenus !

Nous mettrons en temps voulu des infos sur notre avancée, pour ceux qui aimeraient faire un bout de la dernière étape, probablement depuis la Vallée de Joux.

Quelle sera notre prochaine aventure ? Les paris sont lancés !


7 commentaires »

Sydney !

Écrit par Famille Carrard | 26/06/2013 09:50

Juste en passant, en attendant plus de détails…


11 commentaires »

Plein sud… et des détours !

Écrit par Famille Carrard | 22/06/2013 16:08

On the road…

Rouler à vélo en Australie, c’est un peu comme faire du surf au Cap Nord ou du hockey sur glace en Libye : on a légèrement l’impression d’être des originaux. Ici, la maison roulante est grande reine ! Et quand ce n’est pas le 4×4 qui tire la caravane, c’est le camping-car qui balade une jeep (pour les petites escapades). Voyager léger n’est pas dans les habitudes des gens ici… Donc sur les routes, quand on est cycliste, on met son gilet fluo, on tient sa gauche, on espère que les autres usagers regardent la route et on croit en sa bonne étoile.

Pour ce qui est des routes, nous aurons à peu près tout fait : aux abords de certaines agglomérations, il y a de vrais itinéraires cyclables bien balisés et la plupart des chemins pédestres en bord de mer, sur les quais et dans les espaces verts sont ouverts aux vélos: « share the path ».

Par contre, les entrées et sorties de villes réservent parfois des surprises, avec des pistes cyclables balisées qui mènent aux fraises, dans des culs-de sac ou un talus. Idem lorsqu’on arrive dans les lieux habités : on se fait klaxonner parce que nous ne sommes pas à notre place, alors qu’il y a une piste cyclable de l’autre côté de la glissière ; la question est de savoir comment y accéder lorsqu’on arrive par la route…

Nous avons fait passablement de kilomètres sur la Pacific Highway. C’est très variable: elle peut être sous sa forme non rénovée, comme une petite route cantonale chez nous ou être une autoroute super moderne où les cycles sont autorisés à rouler sur ce qui est assimilable à la bande d’arrêt d’urgence. Lorsque celle-ci est large et séparée par des bandes rugueuses, ça va ! Lorsque c’est en travaux ou que l’on se trouve sur la vieille autoroute aux accotements pourris, c’est un peu plus stressant. Nous avons au maximum pris les petites routes, mais finalement, comme elles sont étroites, ce n’est pas forcément plus rassurant lorsqu’un gros bahut déboule.

Nous avons tenté l’expérience rurale, avec les petits chemins de campagne, goudronnés ou pas. Nous avons quelquefois fait de belles tirées de 30 km sur des « dirt roads », de terre et gravier damé au cœur de paysages et couleurs magnifiques dans des parcs nationaux. C’est plus fatiguant, mais là on est en immersion totale dans l’Australie campagnarde et on se sent seuls au monde. Sentiment assez fou, après des mois d’Asie où nous avions toujours l’impression d’avoir du monde autour de nous même dans les coins les plus perdus. Allez faire pipi derrière un arbre en Chine, la place est déjà prise !

One, two, three… soleil !

Le climat se déglingue et il n’y aura vraisemblablement aucun Européen pour le nier en 2013. Les prévisions météorologiques des dernières semaines n’étaient pas du tout fiables. Nous avons eu bien souvent des journées de vent du sud-soleil alors qu’on nous promettait des trombes d’eau. Heureusement, en règle générale, l’erreur se produisait plutôt dans ce sens-là. Bonne surprise, mais ça rend tout de même l’organisation de nos étapes assez aléatoire.

Les nuits étant fraîches, nous avons tenté quelquefois le camping et nous sommes finalement rabattus sur les cabines avec cuisine agencée dans les campings ou encore les motels.

Pas toujours donné, mais ça permet de se faire à manger et donc de limiter les repas au restaurant. Nous avons aussi tenté les pubs qui ont des chambres toutes simples à l’étage, souvent la solution la meilleure marché dans les petites localités sans camping (et la plus proche d’une bonne petite mousse !).

Round, round, get around – I get around !

S’il y a une espèce qui n’est pas en voie de disparition sur la côte pacifique, c’est bien les surfeurs. Il y en a partout, et ils sont le public cible pour la plupart des commerces ainsi que des infrastructures touristiques et ne se séparent jamais de leur planche. C’est d’ailleurs l’objet multi-usages en particulier sur la Gold Coast : panneau de signalisation, enseigne d’hôtel, elle peut aussi servir à l’ornementation des places de jeux, comme mur de grimpe ou comme banc public.

Autre caractéristique : le véhicule – du Hummer au bus VW, ça dépend du statut social du surfeur – semble être tout entier dévolu au transport de la sacro-sainte planche et donne parfois l’impression qu’on a d’abord fixé celle-ci à une hauteur donnée sur un support imaginaire et ensuite construit la voiture dessous. A Byron Bay on croise régulièrement la version hippie : le chevelu chevauchant un vieux biclou où a été soudée une sorte de structure en fer à béton de récup’ dont l’unique usage est le transport de… allez quoi ? Vous l’avez deviné !

Le surfeur lui-même se reconnaît à des kilomètres : on ne saurait pas dire pourquoi, mais il a une dégaine qui ne trompe pas… tout est dans la gestuelle et la « cool attitude». Nous avons même voulu parier que si on mesurait les bras d’un surfeur, il y en a forcément un (en principe le droit) plus long que l’autre…

Dans tous les cas, le vent tourne et c’est l’excitation, on voit courir les vrais sportifs vers la plage, sur la route, pour ne pas louper LA vague (mais oui, celle de Point Break!).

Mais quelle n’a pas été notre surprise en voyant à proximité d’une plage un panneau « Surfers Reserve » (entre la « State Forest » et le « National Park »). Voici encore un vibrant exemple des efforts considérables consentis par les autorités pour préserver les espèces indigènes. Nous ignorions que les surfeurs étaient une espèce menacée ! Gros délire à la pensée que s’il en était des surfeurs comme des koalas, échidnés et autres dindons australiens, nous verrions fleurir les panneaux de mise en garde du style : « Do not feed the surfers » afin d’éviter de créer des déséquilibres dans leur régime alimentaire ou qu’ils perdent l’habitude et la faculté de se nourrir par eux-mêmes…

Alarmes incendies

Frédo s’est découvert une nouvelle spécialité : tester le fonctionnement des alarmes-incendies. Une fois de plus, ceux qui l’ont connu aux scouts ne manqueront pas de relever que ce n’est pas nouveau… Première cabine, premier départ d’alarme ! Au motel de Byron Bay, utilisation du grille-pain le premier matin : pas besoin que les toasts soient complètement carbonisés ; à peine un peu brunis et c’est parti. Bip criard dans les oreilles, le propriétaire débarque manu militari et, le regard sévère, lève un doigt accusateur : « You burnt the toasts ! » … ça rigole pas avec les toasts, en Australie ! Depuis, on ne les compte plus. La dernière en date, en faisant rôtir des croûtons pour la soupe à la courge à Port Macquarie. Léon a pris le pli : il court ouvrir les fenêtres dès que ça commence à bipper.

On prend le café à l’église

Fin d’étape un peu difficile le 7 juin : nous arrivons à Broadwater par la Pacific Highway avec deux idées en tête : 1° faire un pause bien méritée pour goûter et boire un jus ; 2° s’arrêter pour la nuit dans un sympathique camping pas cher (il y en a un à la sortie du village, 2 km plus loin).

Nous apercevons une très jolie église en bois à l’ancienne comme on en croise régulièrement. A y regarder de plus près, une grande pancarte plantée à côté indique « Café ». Voilà qui fera l’affaire ! A l’intérieur, nous découvrons un véritable musée : la tenancière est une passionnée de céramiques et de mobilier d’après-guerre et a recréé des pièces « à grand-maman » dans un style très « vintage anglo-saxon ». Vieilles radios, théières en porcelaine, tables en formica, tout y est ! La partie tea-room est à l’avenant. Nous entrons enchantés et tout en zieutant les gigantesques muffins et fudge cakes au chocolat du présentoir, déclarons que ç’eut été pêché de ne pas faire halte en ce saint lieu. La tenancière nous désigne le confessionnal en rigolant, mais nous déclinons l’invitation et nous rabattons sur un excellent café écolo et éthique torréfié maison. Nous bavions tellement d’envie qu’elle nous a chrétiennement offert un énorme et succulent muffin ainsi qu’un pavé de fritata (espèce de tortilla triple épaisseur au four) à l’emporter. Comme on dit par chez nous : « Quelque part, il doit y avoir un bon Dieu… » !

Les kangourous

Nous les avons cherchés dans la forêt, au bord des routes ou dans les hautes herbes, mais finalement, c’est auprès des hommes que ces charmants animaux se plaisent. Pas étonnant donc que nous en ayons la première fois repéré un troupeau d’une bonne vingtaine dans un pré au milieu des vaches. La seconde fois – la plus drôle – ce fut un face-à-face assez surréaliste : nous nous trouvions sur la Pacific Highway, le couple de kangourous sur un green de golf voisin. Ils sont restés plantés bien cinq minutes à côté du petit drapeau, les yeux rivés sur nous à se demander ce que nous fichions là. Sans accorder la moindre attention aux gentils papys qui attendaient goguenards cinq mètres derrière eux avec le club posé sur l’épaule, de pouvoir pousser la petite balle dans le trou. Ce n’est que lorsque nous avons dégainé l’appareil photo pour immortaliser le joli tableau qu’ils ont déguerpi devant ce qu’ils devaient considérer comme une arme de destruction massive…

Depuis, nous en voyons souvent, dans des jardins de particuliers, devant des supermarchés ou malheureusement, parfois en pièces détachées sur la route.

Au pays des éclopés, les koalas sont rois

Le nez en l’air, nous avons mis plus de temps à trouver les koalas… Enfin, après plus d’un mois d’Australie, à Port Macquarie, nous avons pu admirer ces charmantes petites boules de poils. Et pas n’importe où : comme nous ne faisons jamais rien comme les autres, nous ne nous sommes pas rendus au zoo, mais à l’hôpital qui leur est entièrement consacré ! Il y a de quoi faire, entre ceux blessés dans des feux de forêt, les traversées de route et les attaques de chiens. Une carte de la ville répertorie d’ailleurs au moyen de pastilles de couleurs  les agressions des rex & cie sur ces inoffensives peluches grises au cours des cinq dernières années : une vraie bataille de confettis ! Pour les grands brûlés, aveugles  et autres miraculés qui ont parfois survécu à plusieurs accidents de camions, des plaquettes individuelles racontent leur combat contre la mort et leur quotidien sur place. Chaque enclos – chambre d’hôpital – a un eucalyptus en son centre et lorsque les koalas recommencent à grimper au sommet pour se nourrir par eux-mêmes, cela montre que la guérison est en bonne voie. Nous avons ainsi vu deux jeunes koalas délaisser le tas de feuilles mis à leur disposition pour aller grignoter du frais au sommet de leur eucalyptus privé.

Endroit très touchant et très intéressant, tant pour les enfants que les parents. Les dons des particuliers ou les bénéfices de la boutique de souvenirs à l’entrée contribuent à financer l’hôpital.

Un peu de pédagogie (et de wifi) en bibliothèque

Depuis notre arrivée en Australie, nous profitons des jours de pluie et de pause, en particulier les fins de journées lorsqu’il commence à fraichir, pour passer un peu de temps dans les bibliothèques municipales. Nous nous y sommes également essayés occasionnellement en milieu d’étape, le temps d’une averse. Il y a systématiquement un coin enfants bien achalandé, parfois avec des jeux. L’occasion d’un petit moment lecture et pour Frédo de s’exercer pour le championnat de traduction simultanée libre de livre d’enfants. Nous en profitons aussi pour utiliser les accès internet gratuits, car il faut bien avouer que depuis notre arrivée dans le pays, les connexions sans fil en motel ou camping, c’est pas vraiment ça ! Cher et lent, ça ne fonctionne souvent pas du tout. On en vient à regretter la qualité du wifi entre deux coupures de courant à Sumatra, c’est dire !

God Save The Queen

L’Australie, ancienne colonie britannique a une population très cosmopolite aux origines les plus diverses : Brisbane a son quartier grec, Woolgoolga sa communauté sikhe… pourtant, malgré une indépendance plus que centenaire, l’Australie reste rattachée – en tout cas symboliquement – à la couronne.

The Queen’s Birthday est par exemple férié et c’est l’occasion d’un long week-end dont les dates varient d’une année à l’autre : en 2013, c’était du 7 au 10 juin. Au fait, c’est quoi la date exacte ? Qui a égaré le carnet de naissance de la petite Elisabeth ? – Le 21 avril (et cela, chaque année depuis 1926 !), comprenne qui pourra…

La plupart des toponymes donnés anciennement par les premiers colonisateurs se réfèrent à des noms de personnes ou de lieux de la métropole. Cela donne parfois lieu à de doux mélanges entre les diverses composantes Britanniques ; ainsi, nous avons séjourné à Maclean, ville qui revendique haut et fort ses origines écossaises – 4000 migrants des Highlands se sont installés dans la région après la famine de 1860. La ville écossaise se situe au coeur de la Nouvelle Angleterre (New England), dans la province des Nouvelles Galles du Sud (New South Wales)… nom d’une Picte, c’est à y perdre son Cornique !

A la rencontre des enfants… australiens

Quelques jours après notre départ de Brisbane, Lisa nous a abordés lors de notre pause pique-nique. Une habituée des voyages à vélo avec son mari, elle était très heureuse de voir qu’on pouvait voyager avec des enfants, les siens ayant respectivement 5 et 7 ans. Le courant a passé instantanément, échange d’adresses et invitation à nous rejoindre plus au sud grâce au long weekend de Queen’s Birthday. Nous lui avons donné nos prochains points de chute et toute la famille a réussi à nous faire une visite d’une journée à Maclean.

C’était trop beau pour être vrai, surtout avec un temps incertain et sachant qu’ils avaient 2 heures de route pour venir. Pourtant, Lisa, son mari Craig et ses enfants Jacob et Abi ont débarqué devant notre mini cabine pendant que nous étions affairés à la laundrette. Dans la voiture, il y avait deux caisses de jeux préparées par les nouveaux amis (qui s’imaginaient rencontrer des enfants pauvres puisque sans jeux) et de savoureux gâteaux maison. Nous étions très contents de pouvoir les inviter « chez nous » pour le tea time. Enfin… seuls les enfants ont pu s’installer à l’intérieur, faute de place ! Une journée géniale pleine de partage et de rires qui nous a bien changé notre quotidien à 4 sur le mode « vélo-dodo-vélo-dodo-repos ». Un immense merci à la famille Olsen !

Gold Coast, Nouvelle Angleterre, et maintenant ?

Mais venons-en à l’essentiel : d’aucuns se posent peut-être la question : mais où sont-ils ?


Nous avons fait notre petit bonhomme de chemin et au moment de poster cet article, nous nous offrons une petite pause à Raymond Terrace, près de Newcastle, à environ 160 km au nord de Sydney. Nous touchons donc au but. Pour en arriver là, il a fallu pas mal pédaler contre vents et marées, c’est le cas de le dire. Face à nous, le vent du sud (bon frais) ressemble à s’y méprendre à une bonne bise de chez nous: c’est froid et sec, mais en général accompagné de soleil.


Nous avons suivi les aléas de la Pacific Highway et, chaque fois que c’était possible, pris les itinéraires côtiers. C’est très varié, entre les stations balnéaires ou à surfeurs sur la Gold Coast, les localités plus bohème, comme Byron Bay.


Nambucca Heads et Port Macquarie sont aussi de sympathiques petites villes-étapes où il fait bon aller admirer aigles de mer, cormorans, pélicans et dauphins en attendant le ferry. A la nuit tombante, c’est dans un brouhaha que les cacatoès et les loriquets se réunissent tous dans le même arbre au bord de l’eau.

En règle générale, plus on va vers le sud et plus on trouve des petites villes assez sympas, autour de baies, estuaires et rivières qui découpent la côte nous obligeant à pas mal de détours. Ces derniers jours, malheureusement sous un ciel gris et froid, nous avons traversé le district des lacs au nord de Newcastle.

De Raymond Terrace, il nous reste désormais trois journées de vélo pour rejoindre le centre de Sydney. Nous allons passer quelques jours dans une famille qui nous accueille grâce à Andy, cycliste avec qui nous avons sympathisé au détour d’un méandre de rivière…

Alors forcément, un sentiment étrange nous envahit à l’approche de l’opéra. Sur nos vélos, nous chantons chaque jour nos états d’âme tantôt joyeux, inquiets, heureux, mouillés, gelés, réchauffés, rassurés.

Enfilez vos maillots et partagez en pensées les derniers kilomètres avec nous, nous nous retrouvons tout bientôt à Sydney !


4 commentaires »

Quoi là en Australie ?

Écrit par Famille Carrard | 05/06/2013 13:16

Discipline en douceur

Ouf ! Pour ne rien vous cacher, on peut maintenant avouer que prendre l’avion était un sacré stress pour nous, avec les enfants et les bagages. Certains l’auront peut-être relevé, nous n’avons pas atterri à Cairns comme il était prévu dans notre parcours initial, ceci pour diverses raisons. A savoir qu’il n’y avait pas de vol direct entre Bali et Cairns. En effet, transiter par Brisbane ou Sydney pour remonter au nord nous paraissait absurde… Notre calendrier légèrement modifié (puisque nous sommes restés plus longtemps en Thaïlande et en Malaisie) nous a aussi contraint à faire certains choix. C’est pourquoi notre parcours australien s’en est trouvé raccourci. Et heureusement pour notre bourse, car arrivés en Australie, nous devons nous réhabituer à une atmosphère occidentale et … à des prix occidentaux.

Nous nous installons pour quatre nuits au « Somewhere To Stay », l’auberge à backpackers et jeunes cools dans toute sa splendeur. Le personnel est adorable et toujours prêt à rendre service. Pourtant, avec nos vélos et nos deux loustics, nous ne faisions guère davantage couleur locale que dans les relais de camionneurs chinois, les « penginapan » de Sumatra ou les resort javanais.

Comme la vie est chère, nous nous sommes gentiment remis à popoter et dans notre pied à terre de Brisbane, utiliser la cuisine collective est au moins aussi aventureux que de traverser la Chine à vélo ou voyager une année avec des enfants. Nous avons néanmoins réussi à manger chaud (des pâtes alla Fredo) et même à y faire la vaisselle (pour ça, faut vraiment avoir le cœur bien accroché, et on la fait deux fois : avant et après !). Toutefois, nous n’avons pas pu nous résoudre à snober les bonnes petites adresses du quartier…

West End

Au premier abord, West End se différencie peu des autres quartiers résidentiels suburbains australiens, avec ses rues alignées au cordeau de petites maisons en bois peint. Une fois dans le bain, on y ressent une ambiance générale plutôt bohème : boutiques d’artisanat, boulangeries « à la française » et le café des Three Monkeys où on mange les meilleurs gâteaux des fuseaux horaires GMT+6 à GMT+9. Avec une flopée de restaurants italiens, grecs, libanais et bien d’autres, c’est un peu le quartier latin de Brisbane – sauf que c’est « rive droite » !

Nous avons vite trouvé nos marques et nos « stamms » pour les repas lorsque nous voulions échapper à l’ambiance un peu trop « cool » de l’auberge. Mention spéciale pour le Grill’d, exclusivement consacré aux hamburgers maison, sains et aux saveurs étonnantes : on reviendra juste pour le Marocco, avec steak haché d’agneau, houmos et chèvre frais ! Ambiance garantie, avec de la musique live tous les soirs par des artistes locaux dans les styles folk-rock, blues, jazz. Des kits (crayons, carnet de jeux) sont offerts aux enfants dont les oeuvres sont ensuite affichées sur le mur du couloir.

Nous avons aussi adoré le Avid Reader, un café-librairie où on peut déguster d’excellentes salades, pizzas à la citrouille et la quiche du jour, chaque fois différente (nous y sommes allés plusieurs fois pour vérifier). Là aussi, la malle aux trésors – ou plutôt aux vieilles fripes – a eu un franc succès. Le lieu par excellence où sympathiser avec les autres clients, qui viennent volontiers en famille, ou pouponner les bébés qui font mine de vouloir grimper sur les genoux de Laure, la maman poule qui s’ignore… Quelle cote-cote !

Vous l’aurez compris, nous nous sentions bien dans cette partie de Brisbane et avons eu de la peine à décoller pour aller faire notre tour cycliste de la Sunshine Coast. D’ailleurs, à part une escapade à vélo dans la City pour acheter des cartes routières et la visite des parcs au bord de la rivière pour profiter de la verdure et des places de jeux, nous n’avons pas vraiment bougé du quartier.

Idem au retour deux semaines plus tard, puisque nous avons retrouvé notre port d’attache, la vaisselle du Somewhere To Stay dans l’état où nous l’avions laissée (avec quelques couches de graillon en plus), et refait la tournée de tous nos cafés et restaurants préférés. Qu’il est bon d’avoir ses petites habitudes de temps en temps !

Tour de chauffe

Comme nous avons changé d’hémisphère, nous avons donc commencé par nous mettre en quête de chaleur en allant vers le nord. Départ à travers les quartiers et petites villes résidentielles des environs de Brisbane, puis la campagne où nous passons allégrement de réserves naturelles plantées de pins et d’une multitude de variétés d’eucalyptus aux champs d’ananas, pâturages et greens de golf. Nous optons à l’aller pour les routes de l’Hinterland.

Comme une part importante de ce tracé n’est pas touristique, c’est en recherchant des solutions pour nous loger que nous ferons de très belles rencontres les deux premiers soirs. Ensuite, étape à Landsborough où nous découvrirons la vie de « cabin » en camping (porte à cabine tout confort), sans vraiment réaliser que nous sommes prêts pour la re-sédentarisation. Puis, nous rejoindrons Eumundi, son pub et son célèbre marché.

En cinq jours de vélo, nous atteignons Noosa où nous retrouvons le monde des auberges à backpackers. Honnêtement, il nous faudra un moment pour nous sentir à l’aise dans cette agglomération de complexes hôteliers et de boutiques de luxe. Au détour d’une virée à vélo, nous tomberons néanmoins sur un petit bijou de café, le Café Noisette, tenu par François, un fringant jeune papa français avec qui nous sympathisons immédiatement, le temps de savourer un délicieux brownie.

Noosa, c’est surtout une réserve naturelle offrant de fabuleux coups d’œil sur l’Océan pacifique, des criques aux noms exotiques ou qui donnent des frissons « Hell’s Gates » où viennent s’écraser des rouleaux attirants les surfeurs du monde entier. Au loin, on devine dans les vagues azur le ballet des dauphins.

Quant à l’estuaire et aux lagunes qui ont pour l’instant réchappé au bétonnage urbain, ils servent de lieu de réunion aux nuées d’oiseaux qui se rassemblent le soir dans un tintamarre indescriptible, alors que de placides pélicans viennent squatter la plage en attendant que les pêcheurs leur distribuent les rebuts de leurs prises, préparées sur place.

Nous redescendons au sud par la « Sunshine Coast ». Pendant des dizaines de kilomètres, c’est une suite ininterrompue de plages où viennent s’écraser d’impressionnantes vagues.

C’est beau, mais il fait un vent sec à édenter les crocodiles, de face bien entendu, et même les descentes fatiguent les mollets.

Après un retour à l’intérieur des terres qui nous oblige à reprendre un bout la route de l’aller entre Landsborough et Caboolture, nous rejoignons la côte à Redcliffe, sur la Baie de Moreton où nous rechargeons les batteries, après une étape interminable, dans un appartement de vacances tenu par un couple à la bonne humeur et à l’enthousiasme communicatifs lorsqu’ils nous voient débarquer avec notre barda.

Pour retourner sur Brisbane, nous pourrons suivre des itinéraires cyclables qui traversent parcs, tourbières et mangroves sur de petits pontons en bois, sous un ciel changeant. Drôle de mise au vert qui nous fait faire 53 km au lieu de 32 pour rejoindre la centre du chef-lieu, mais où nous croisons encore un cyclo anonyme qui a comme nous traversé le Vietnam, le Cambodge… En Australie, il faut vraiment quitter la route et faire des détours pour avoir la chance de croiser des deux-roues.

Nouvelles difficultés

Après la claque des prix élevés, celle des températures fraiches… Car le froid s’est invité plus vite que prévu à Brisbane. A la grande surprise des locaux, d’ailleurs. Dans cette région subtropicale, on est passé sans transition d’un temps de mousson équatoriale à l’hiver austral, la semaine avant notre arrivée. Nous avons donc vite ressorti nos polaires, coupe-vent, chaussettes et sous-vêtements longs. Après notre première nuit sous tente – merci Karen pour la couverture – nous avons revu à la baisse nos projets très optimistes de faire majoritairement du camping…  et nous nous sommes dépêchés de trouver des doublures pour nos sacs de couchage d’été.

Un autre constat s’impose : sur la carte, l’Australie a l’air très plate… eh bien pas du tout ! Même la bande côtière du sud Queensland est passablement bosselée et au niveau des tracés routiers, nous ne rompons pas vraiment avec les habitudes prises ces derniers mois, au point qu’on se demande sérieusement si les Australiens n’ont pas engagé spécialement des ingénieurs indonésiens pour construire les routes. Lorsqu’il y a une belle plaine toute plate avec une seule colline au milieu, la route se doit de passer sur celle-ci, au droit ! Nous qui pensions qu’après l’Indonésie, rouler en Australie, ce serait les vacances, nous devrons revoir un peu notre jugement.

Autre désagréable surprise : en milieu campagnard, les conducteurs – en particulier les jeunes rednecks conduisant camions ou pick-ups – détestent tout ce qui pourrait s’apparenter à un obstacle sur la route (ils ont d’ailleurs de puissants pare-buffles). On nous fait donc bien comprendre que nous ne sommes pas les bienvenus : queues de poisson, visages grimaçants ou attitudes insultantes, coups de klaxon rageurs, beuglements dans nos oreilles et dépassements serrés alors que les deux voies sont libres et qu’il y aurait bien la place de prendre au large… Inversement, rouler dans les grandes villes est assez peu stressant, grâce à la présence généralisée des bandes cyclables et à un comportement plus civilisé des usagers de la route.

Rencontres

Depuis notre arrivée en Australie, nous avons fait plein de rencontres sympas, que ce soit à Brisbane dans nos « stamms » ou sur la route. A peine débarqués à Brisbane, Stuart nous a accueilli à l’Avid Reader comme si nous faisions partie de la famille ; au même endroit, nous avons rencontré Kelly et Nina mises en contact avec nous par une amie depuis Bali. Un autre jour, toujours à l’Avid Reader, la petite Betty a flashé sur Laure et n’a pas décollé de ses genoux jusqu’à la fin du gâteau aux carottes, sous l’œil amusé de Sarah, sa maman.

En route pour Noosa, nous avions un peu l’impression d’être observés, en remarquant toujours la même voiture arrêtés sur le bord de la route, jusqu’à ce que Kerstin, jeune mère de famille, ne nous aborde à une station-service (mais que peuvent bien faire des cyclos à une station-service… ?) : « Why do you do that ? » sur un ton presque de reproche, avant de faire une demi-heure de sympathique causette… Fin de journée à quelques kilomètres de là, nous commençons à désespérer de trouver un endroit pour planter la tente (cela ne vous rappelle-t-il pas plusieurs de nos articles ?). Un grand bonhomme un peu nounours en tenue de course passe avec son chien : Ray habite à 200 m de là – juste avant la grosse montée – et nous propose de camper dans son jardin. Son épouse Lorraine et lui-même se préparent à voyager un mois à vélo en Europe l’automne prochain.

Finalement, nous dormirons au chaud, DVD de Shrek et grosse caisse de legos pour les enfants, apéro et dégustation de vins australiens pour les parents et barbecue d’agneau pour tout le monde devant un bon feu de cheminée. Divin ! Le lendemain matin, Lorraine nous accompagnera encore une vingtaine de km à vélo. Merci les amis !

Rebelotte le soir suivant : pas l’ombre d’un camping, nous abordons des locaux et nous retrouvons dans un jardin en pleine cambrousse (on ne sait même pas le nom de la localité). Ray (pas le même qu’hier – est-ce que tous les Australiens s’appellent Ray ?) et Karen nous mettent à dispo le jardin et nous squattons allégrement leur grande maison pour la soirée entre la cuisine, les sanitaires, la TV et – comme les nuits sont fraiches – un peu de literie dans la tente.

Gentillesse, générosité, nous repartirons le lendemain avec un sac de succulents petits légumes jaunes qui ressemblent à des pâtissons et la possibilité de loger au retour.

Mais où sont les koalas et les kangourous ?

Petite déception pour les enfants en l’état : nous nous attendions à croiser quotidiennement des marsupiaux en tous genres, en particulier des koalas et des kangourous. Pour l’instant, à part l’opossum qui squatte le jardin du Somewhere To Stay et ses congénères aplatis sur les routes, c’est un peu maigrichon ! Bien sûr, il existe plein de parcs d’attraction et de zoos où on peut les voir, les toucher etc… mais franchement, en Australie, nous ne voyons pas vraiment l’intérêt d’aller voir en captivité des animaux indigènes que nous pourrions par ailleurs admirer dans tous les zoos du monde… Nous nous consolons avec les oiseaux et là c’est l’éclate : ibis, dindons australiens, loriquets aux couleurs vives, cacatoès et pélicans font partie de notre quotidien.

Encore 1000 km !

C’est pas tout d’aller se pavaner au nord à la recherche du soleil : Brisbane-Sydney, c’est 950 kilomètres par le chemin le plus court : une autoroute que nous avons envie de voir le moins possible. Nous mettons donc le cap plein sud le 30 mai pour… euh… c’est déjà quoi l’adresse Dory ? – « P. Sherman, 42 Wallaby Way, Sydney ».

Sydney ? ouéééé, c’est là qu’on va ! alors on arrête d’écrire des bêtises sur internet, et on fonce. Et sans prendre la baleine !


3 commentaires »