Aventures en famille

Lakon krap Thailand!

Écrit par Famille Carrard | 17/02/2013 13:24

Krabi

Notre arrivée à Krabi le 1er février a été le couronnement de notre folle journée en bus, pour ceux qui ont suivi les épisodes précédents. Pas grand chose à voir dans cette ville, mais elle sert de pied à terre pour les hordes de touristes qui partent visiter les îles en voulant échapper à d’autres hordes de touristes visant les mêmes îles depuis Phuket. Trouver un logement en débarquant de la gare des bus en fin de journée avait donc toute la saveur du parcours du combattant.

Bredouilles après avoir fait le tour des guesthouses et hôtels dans nos cordes – une bonne quinzaine – nous nous sommes rabattus sur un hôtel chinois. Petite chambre trop chère dont la fenêtre s’ouvrait sur… un mur ; une spécialité toute thaïlandaise ! Déménagement immédiat le lendemain matin pour aller au Thara Guesthouse, moitié moins cher, tenu par la charmante Pinky, qui fait tourner la tête des pêcheurs en faisant son « jogging » (environ 200 mètres de course à pied à un rythme très soutenu  au bord de la rivière) dans son training rose bonbon. Bref, nous nous sentions bien dans cet endroit et y sommes restés deux nuits. Journées mises à profit pour faire un peu d’entretien de nos montures et remettre de l’huile dans les rouages. Le sel et le sable des bords de mer, ce n’est pas ce qu’il y a de mieux pour les chaînes de vélo.

La localisation de la ville est sympa, au milieu des pics karstiques, les pieds dans l’eau, avec des quais où se marquent bien les marées. Chaque soir, les Musulmans du village de la rive en face embarquent au moyen de pontons mobiles leurs motos sur les ferries populaires locaux – des barques de pêche – pour rentrer à la maison après le boulot. Le contraste est saisissant, entre la Krabi touristique bétonnée et le village en bois sur pilotis coincé entre deux mangroves, où on n’ose pas trop s’aventurer…

Au sud de la ville, la belle place de jeux a fait le bonheur des enfants. Endroit privilégié pour observer les gens du crû sans les touristes et le multiculturalisme du sud de la Thaïlande. C’est là aussi, malheureusement, que l’on prend conscience de l’inquiétante proportion d’enfants en surpoids dans ce pays.

 Le marché de nuit, haut lieu de la vie locale, est pratiquement exclusivement vendu au tourisme, les « Farangs » représentant plus des deux tiers de la clientèle. Nous avons donc expérimenté tant les plats à l’emporter que consommés sur place, préparés par une folle survoltée qui devait avoir fumé un bon kilomètre linéaire de tapis de bambou. Pour échapper une fois de plus aux hordes de nos semblables, nous avons tenté l’expérience des stands musulmans, un monde à part dans ce marché : mal nous en a pris, puisque nous avons connu un grand moment de solitude en restant plantés à notre table, complètement ignorés. A l’évidence, nous n’y étions pas les bienvenus : nous avons donc dégagé le plancher et avons pu constater que notre place a très vite trouvé preneurs auprès de locaux du crû que l’on s’est empressé de servir…

Quelques rencontres sympas ont également émaillé notre séjour à Krabi, comme Elena, une charmante Espagnole et son copain Basile, un Nyonnais bonnard qui n’a pas la langue dans sa poche et partage avec Frédo l’amour de la Chang.

Krabi, c’est fini ! (fallait la trouver, celle-là)

Comme les meilleures choses ont une fin et nos visas également, nous nous sommes remis en route sur nos fidèles destriers, au son d’un célèbre refrain chanté à tue-tête par Frédo.

Deux nouvelles étapes pas franchement passionnantes, grandes routes à lignes droites, avec juste ce qu’il faut de petites bosses casse-pattes et  – c’est nouveau –  un vent de face à décorner les buffles, nous ont mené entre plantations d’hévéas et de palmiers à huile jusqu’à Trang.

Fait remarquable, pour passer la nuit entre Krabi et Trang, nous avons dégotté en pleine cambrousse un vrai petit bijou de « resort » dont nous devions être les seuls clients. Bungalows en dur au bord d’étangs entourés de palmeraies avec un magnifique coucher de soleil en prime. La piscine nous a permis de constater à quel point nos deux monstres se débrouillent maintenant en natation…

Trang

C’est dans cette petite capitale provinciale que nous nous sommes offert notre ultime vraie pause thaïlandaise avant de nous tourner définitivement vers la Malaisie.

De prime abord, rien de passionnant. Trang est pour l’instant encore largement en dehors des circuits touristiques. En se baladant, on découvre ça et là quelques perles d’architecture ancienne d’inspiration coloniale ou chinoise, le plus souvent coincées entre des bâtiments en béton d’un goût exquis. La forte présence chinoise dans la ville se traduit par une multitude de magasins fourre-tout de type quincaillerie ou autre et les paradis du bibelot rouge-doré dûment encadrés de grosses lanternes. On retrouve aussi les succulentes pâtisseries aux divers machins confits inidentifiables qui collent aux dents.

 Pour nous, après les quelques expériences amères et encore mal digérées qui ont émaillé la semaine précédente, Trang nous a pourtant donné l’occasion de nous réconcilier avec la Thaïlande du Sud. A aucun endroit depuis notre entrée dans ce pays, nous n’avons reçu autant des locaux ! Ambiance détendue, sourires et contacts éphémères mais francs et sans chichis. On est loin des arnaqueurs et profiteurs de tout crin que l’on trouve dans les villes touristiques. Par ailleurs, nous avons découvert la petite entreprise familiale où se produisent sans aucune discussion les meilleures glaces maison et les meilleurs croissants au beurre dégustés en sept mois de notre périple asiatique. Nous voici donc ragaillardis et gonflés à bloc pour poursuivre notre folle équipée.

Ambiance particulière également, en raison du Nouvel An chinois. Les préparatifs allaient bon train: des rues entières de devantures de magasins fermés dès 16h30 ( !), route coupée pour faire place à d’immenses dragons en papier, marché de nuit où l’on trouve de tout, des tortues de compagnie aux friandises extra-terrestres fluo, en passant par les vers grillés et des machettes de viet-cong ou encore des nuisettes Hello Kitty. Qui n’a pas assisté au concert d’ouverture flonflons et paillettes avec danseuses nunuches et speaker crooner-schtroumpf-à-lunettes ne peut pas se représenter la magie de ces festivités toutes asiatiques…

C’est donc à contre-cœur, avec toujours l’échéance de notre visa en ligne de mire que nous avons dû quitter cette sympathique ville de Trang. Pour la petite histoire, le départ a été particulièrement dur, car nous avons failli rester coincés dans la rue où l’on trouve tous les petits cafés, boulangeries et enseignes à beignets. Il a vraiment fallu que nous nous fassions violence pour remonter sur nos vélos.

Hévéas à tout va

Deux étapes assez costaudes devaient nous mener à la frontière depuis Trang. Même si le terrain est relativement plat (souvent légèrement vallonné) dans cette région, à part quelques reliefs karstiques émergeant çà et là, la route effectue d’incompréhensibles détours au lieu de prendre au droit à travers la campagne.

Forts de nos expériences précédentes et équipés de notre carte Thinknet bien détaillée, nous avons donc pris l’option des « raccourcis ». Ceux qui connaissent Frédo depuis les scouts savent que la particularité de ses raccourcis est qu’ils font voir du pays, mais qu’il est en revanche extrêmement rare qu’ils soient l’option la plus courte pour aller d’un point à un autre.

Nos pérégrinations nous ont fait découvrir les plantations d’hévéas et toute la vie campagnarde qui va avec. Léon et Eugénie sont d’ailleurs devenus incollables sur toute la chaîne opératoire, du planton d’ « arbre à caoutchouc » au pneu de vélo Schwalbe 26 ‘’. Ici, la population rurale vit avec pas grand chose, dans des bicoques en tôle ou en bambou plantées entre deux alignements d’hévéas. Au détour d’un chemin, la communauté musulmane était en pleines festivités champêtres ; tout en remettant la chaîne déraillée, on se fait offrir des fruits et un sirop par le policier ( ?) chargé de la circulation (ou du moins assis à discuter avec trois papys à fez au milieu de la route). Quelques rencontres moins sympathiques également, puisqu’à plusieurs reprises, nous nous sommes retrouvés cernés par des chiens particulièrement agressifs et qu’il a fallu charger gourdin au clair pour continuer notre chemin.

Pour notre dernière nuit sur sol thaïlandais, nous avons squatté une sorte de rotonde à chauve-souris au milieu d’un étang au parc national de Thaleban, à deux kilomètres de la frontière avec la Malaisie. Montage de la tente sous un toit d’eternit, donc, puisqu’il était impensable de passer la nuit au milieu d’une mare à lotus sans moustiquaire. Des singes curieux nous guettaient de plus près qu’il n’y paraissait et nous sentions bien leur présence, surtout après un gros boum sur le toit ! D’ailleurs, les bruitages en tout genre n’étaient pas du goût de Laure, définitivement pas faite pour du camping trop sauvage…

Encore une petite montée et…

Le lendemain matin, comme nous avions traversés des régions quasi désertes les 20 derniers km avant la frontière, nous pensions ne croiser que quelques locaux frontaliers et les éternels « farangs » effectuant des « visa-runs ». Quelle n’a donc pas été notre surprise de voir la foule bigarrée s’arracher pattes et bidons en tous genres et arriver par vagues successives depuis le côté malaisien. On se serait crus au Paléo ou à la « Placette » un 24 décembre !

En fait, nous sommes arrivés un dimanche matin, erreur fatale ! C’est le marché du week-end et les Malais, étant friands de produits thaïlandais bons marché, font le déplacement  en masse, laissent la voiture de leur côté (il y avait deux bons km de voitures parquées des deux côtés de la route) puis traversent à pied pour faire leurs emplettes. Pour en ajouter une couche, là c’était exceptionnel, car tout le monde était en congé pour le Nouvel-An chinois, férié en Malaisie, ce qui a largement contribué à la frénésie du moment… Il nous a donc fallu nous frayer un chemin pour accéder au col où se trouve le poste frontière. Dans la cohue ambiante, cette ascension au milieu de la foule n’avait rien à envier à une arrivée d’étape du Tour au Ventoux. En revanche, si l’on excepte le temps à faire la queue, les formalités ont été expédiées en deux temps trois mouvements.

A nous la Malaisie ! Nous y sommes depuis une semaine et déjà plein d’expériences inédites que nous vous conterons tout prochainement…


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Bernard l’ermite s’en allait à la plage

Écrit par Famille Carrard | 03/02/2013 17:20

Un bout sur le Golfe de Thaïlande

Nous quittons Prachuap Khiri Khan le 20 janvier. Moment d’émotion fort au moment de quitter nos amis bretons avec qui nous venons de passer une super semaine.

Du coup, comme on a un peu besoin de se vider la tête et d’éliminer quelques toxines (ah bon ?), le début de l’étape se fait sur les chapeaux de roues. 35 km sur la nationale 4 à fond la caisse, jusqu’à la première pause de midi, comme il se doit dans un boui boui popu au bord de la route.

Depuis Thap Sakae, jolie petite ville apaisante aux maisons de bois, nous reprenons ensuite les petites routes côtières et un rythme plus tropical. On joue à cache-cache avec la voie ferrée et, sur ce terrain légèrement vallonné, les routes ne serpentent pas en fonction du relief, mais font des détours au premier abord improbables en suivant les méandres de rivières, les mangroves ou en évitant les plantations de cocotiers ou les fermes à crevettes.

Comme plus au nord, les baies alternent entre des zones plantées de « resorts » ou de bungalows et des kilomètres de plages de sable blanc où s’affairent des chasseuses de coquillages.

Nous rencontrons même des singes dressés à la récolte de noix de coco. Durant la séance photos, nous nous sommes gardés de retirer nos casques…

 En trois jours de tours et détours sur cette très belle côte, nous croisons à plusieurs reprises des cyclos, ce qui est relativement nouveau pour nous. La plupart voyagent en couple : des jeunes Danois à l’air très sportifs qui font du vélo pour la première fois hors de l’Europe du Nord (bonjour le choc thermique !), des couples de FJR (fringants jeunes retraités), autrichiens et, plus tard, néerlandais qui effectuent ce que l’on pourrait appeler en langage cycliste une « classique » : Bangkok-Phuket !

Pour le logement, c’est toujours la croix et la bannière, les bungalows pas chers ne se trouvant jamais sur le trajet en fin d’étape, comme par hasard. Nous varions les plaisirs, avec comme seule constante, la course contre la montre avec les moustiques avant la tombée de la nuit. Nous dénichons çà et là un « resort » les pieds dans l’eau, décrépit et vide en pleine saison, où nous nous posons toujours la même question : comment survivent-ils !

Notre expérience la plus remarquable : faute d’hébergement dans un périmètre d’une trentaine de km, nous plantons notre tente dans un temple bouddhiste. Juste en face, un petit bouiboui fera très bien l’affaire pour nos « padthaï » du soir. Le hic, c’est qu’il y a mariage au village et que tout le monde y est, ce qui signifie que tout établissement public officiel ou non est fermé pour la soirée. Le tenancier du restaurant nous invite donc au mariage où nous allons pouvoir faire un vrai repas de fête, au milieu de 800 personnes (décompte à la louche), comme nous ne nous sommes jamais offert en voyage… on se sent un peu mal à l’aise, mais nos réticences seront balayées, lorsque la mariée nous invitera tout sourire à la séance photo.

Nous rejoignons Chumphon, petite capitale provinciale sans grand cachet, mais où nous dénichons quelques quartiers et marchés à l’ambiance popu très sympa. Nous squatterons durablement la terrasse du bar le « Farang » (= « l’étranger », étymologiquement « le français »), pendant qu’Eugénie fait son marché dans la boutique voisine d’artisanat en cuir. C’est de cordon en alène qu’elle qui nous fera découvrir son petit paradis et ses trésors. Nous y passerons un bon moment à sympathiser avec les artisans et refaire notre stock de très jolis souvenirs…

Puis on bascule sur la mer d’Andaman

Le temps presse – expiration du visa oblige – mais les envies de visites se multiplient. Sur les conseils de Pierrot le Breton et de Fabrice le Genevois (cyclo rencontré à l’arrache lors de notre départ de Chumphon), nous tirons définitivement une croix sur Phuket ; nous craignons d’être déçu par ce haut lieu du tourisme de masse et préférons découvrir Ko Phayam, petite île au sud-ouest de Ranong, notre prochaine ville étape. Le changement entre les deux côtes est assez flagrant : plus nous tirons à l’ouest, plus le climat devient tropical. Partis en pleine forme de Chumphon avec une vitesse moyenne de 20km heure en faux-plat montée pour la première journée, nous finirons la deuxième jusqu’à Ranong en tirant la langue et en transpirant à grosses gouttes… Il fallait bien un petit test de résistance pour nous rappeler que Sumatra, la tropicale et montagneuse, nous attend à lianes ouvertes !

Ko Phayam raconté par Eugénie et Léon

On a pris d’abord le bateau pour aller à Ko Phayam. Il y avait des tabourets dedans avec beaucoup de gens et nos vélos.

On a vu des « tritons traités », une espèce de poisson qui peut vivre en dehors de l’eau. On a dormi dans un bungalow à l’ombre des arbres à cajou. On aimait trop les noix de cajou, mais si on ouvre un fruit, ça nous enlève le bronzage sur les doigts !

Avec notre copain Anton, on jouait aux briques et avec Sohan, on jouait au sable et on sautait dans l’eau. Avec papa, on a été à la recherche des « tritons traités » et on a chopé des bernard l’ermite.

On a pu regarder la marée haute et la marée basse. Voici l’explication d’Eugénie en désignant un chien sur la plage : « C’est le chien qui a tout bu l’eau, parce qu’il ne voulait pas de p’tits tuyaux dans la tête et c’est pour ça qu’y a plus d’eau ?! ».

De Ranong à Krabi, trajet maudit…

Afin de ne pas prendre trop de retard sur notre échéance du 10 février, date butoir de notre visa thaïlandais, nous avons prévu de faire ce trajet d’environ 300 km en une journée en bus, avec quelque appréhension comme à chaque fois que nous devons charger toute notre caravane dans un transport public. Appréhension justifiée puisque cette option s’est muée en un véritable parcours du combattant.

A la gare des bus de Ranong, on nous signale que nous devons prendre le bus au bord de la route. Nous nous dirigeons donc vers un type que nous identifions comme le chauffeur et dont la mine patibulaire est digne des truands des films de Sergio Leone : ça promet. Avant de répondre, il discute longuement avec un autre gars guère plus recommandable. Résultat des courses, des tarifs pour les vélos représentant plus du double du prix passager. Après discussion, il arrête son prix à 1500 baht, ce qui reste largement au-dessus des normes acceptables par rapport au prix du billet, sachant que le chauffeur se met ça directement dans la poche et que ça ne lui coûte rien, même pas en sueur puisque Frédo charge toujours sans aide. Nous partons dégoûtés qu’on se paie notre tête de la sorte et embrayons sur une belle étape de vélo de 65 km.

Tout en roulant, nous faisons du stop avec les camions, pick ups (la plupart voyagent à vide…) pour tenter de rallier Krabi le jour même ou du moins de s’en approcher. Finalement, Laure – bien décidée à pratiquer « je pense très fort à ce je veux et ça marche » (merci Carole !) – se plante au milieu de la route en pleine montée et nous sommes pris en charge par un pick up plein à ras bord de caisses réfrigérantes sentant le poisson : Frédo sur le toit avec armes et bagages pendant que Laure et les deux enfants s’entassent à côté de la petite dame (déjà bien potelée) sur le siège passager.

Et c’est parti pour 50 km en stop jusqu’à Khuraburi, trajet gracieusement offert par ces gens adorables qui refusent obstinément un petit billet pour l’essence… Nous aurons donc testé le même jour la grande gentillesse et la filouterie qui peuvent en alternance caractériser les Thaïlandais.

Après une nuit à Khuraburi, nous tentons à nouveau l’exercice. Deuxième tuile, nous sommes sur le même trajet : le bus qui a déjà 1h30 de retard est conduit par le second type patibulaire (le copain ou le patron du truand…) qui nous accuse d’avoir refusé une offre intéressante, nous jette à la tronche une offre encore plus pourrie que le jour précédent et dans la foulée, nous ferme la porte au nez et se taille. C’en est trop ! Crise de larmes et de colère, on reste plantés sur le quai abasourdis. Finalement, nous trouverons la solution en faisant le trajet en deux parties dans des petits bus locaux avec des chauffeurs légèrement moins mafieux.

Ouf, nous sommes à Krabi !


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On roule pour la deuxième moitié…

Écrit par Famille Carrard | 19/01/2013 10:59

Kanchanaburi et le pont de la rivière Kwai

Arrivés à Kanchanaburi pour fêter le passage à l’an neuf, nous y posons nos sacoches quelques jours. La ville en elle-même n’a rien de pittoresque. Au sud-est, on y pénètre par une grande route qui coupe en deux la ville moderne. A l’abord de la rivière, les restaurants-radeaux attirent surtout les cars de touristes asiatiques voyageant en grands groupes. C’est dans la moitié nord-ouest que se concentrent les touristes occidentaux. Cette ville dans la ville est séparée du centre moderne par quelques temples et surtout, des cimetières militaires, témoins du douloureux passé de l’endroit. C’est ici que se trouve le fameux « pont de la rivière Kwai », point névralgique du « chemin de fer de la mort » rendu célèbre par un film éponyme. Si la part de roman et d’histoire vraie sont parfois difficiles à distinguer dans notre perception de cet épisode de la Seconde Guerre Mondiale, en tout cas le pont construit par les prisonniers alliés pour les Japonais a bien été détruit. Peu importe : des milliers de visiteurs viennent quotidiennement voir et se promener sur le viaduc ferroviaire actuel. Situation rocambolesque qui se répète plusieurs fois par jour et impensable chez nous : les piétons sont en permanence sur les voies et le train est obligé de s’arrêter pour leur laisser le temps de s’enlever… et ils ne sont pas pressés, la plupart profitant du face à face avec la loco pour faire la photo-sensation…

Quelques balades à vélo à travers champs nous permettent de prendre un grand bol d’air loin des camions, des pick-up et du tourisme de masse. Nous pouvons également y voir les parties plus sauvages des deux rivières Kwae qui confluent à Kanchanaburi.

Les journées passées dans notre guesthouse nous donnent l’occasion de faire de chouettes rencontres. Plusieurs familles francophones avec enfants sont là et nous sympathisons en particulier avec la famille Arnaud, de Saint-Malo : Léon et Eugénie se lient d’amitié pour Liloo et Capucine et toute l’équipe s’entraîne à apprendre à nager dans la piscine du guesthouse. Ce sera difficile de les quitter et comme ils partent au sud faire du balnéaire, nous nous promettons de nous retrouver dans quelques jours, après notre crochet dans les montagnes d’Erawan.

Un peu de luxe pas cher

Au matin du 2 janvier, nous quittons Kanchanaburi pour le parc national d’Erawan, environ 70 km au nord-ouest. Sur la route, appâtés par des panneaux affichant bungalows, camping à la ferme et chutes d’eau, nous faisons un petit crochet campagnard dans une très belle vallée. Nous découvrons un nouveau site touristique en cours de fabrication… Le logement est un peu cher pour les prestations offertes et la petite route en terre mène au fond de la vallée à un parking tout neuf, avec futur magasin, future billetterie, toilettes bientôt en fonction etc… Retour donc – sans avoir vu les fameuses chutes – sur la grande route en riant un peu de notre crédulité mais en appréciant les paysages campagnards.

Ce petit crochet nous ayant néanmoins fait prendre trop de retard pour espérer rejoindre Erawan le jour-même, nous devons nous mettre en quête d’un logement pour la nuit. Et là, c’est le parcours du combattant : grande route toute droite, pas de localités, chiens agressifs à la nuit tombante… et seulement un motel pouilleux à prix surfait ou des « resorts » grand luxe. Après plusieurs essais infructueux, la nuit étant là, nous entrons dans le troisième « resort » d’affilée où nous sommes prêts à payer au prix fort notre mauvaise organisation …  A voir la mine décomposée de Laure à l’annonce des tarifs encore plus élevés que les précédents hôtels, la très gentille réceptionniste a pitié de nous et nous propose finalement, à vil prix, la chambre des chauffeurs de cars tout en bénéficiant des prestations clients : gigantesque piscine et magnifique buffet de petit-déj’ !

Oh les belles chutes !

Nous arrivons le 3, après une étape un peu plus accidentée que les derniers jours à Erawan, parc national. Nous nous mettons au vert en passant deux nuits sous tente au bord de la rivière Yai Kwae dans un vrai camping officiel, pour la première fois en six mois d’Asie…

Les chutes valent également le détour ; après notre première nuit de camping, nous nous dépêchons de gravir les sept niveaux pour arriver avant les hordes de touristes majoritairement russes que déversent les cars spécialement affrétés de Kanchanaburi ou Bangkok. Les bassins naturels échelonnés tout au long des diverses petites cascades offrent autant de points de baignade, où les poissons viennent nous grignoter les petites peaux mortes des pieds. Dire qu’en ville, les gens se mettent dans des bars-massages dévolus à cet exercice au bord de bassins…

C’est parti plein sud

D’Erawan, nous reprenons notre route en direction du sud. Sai Yok d’abord, où nous voyons par deux fois des éléphants. Puis on tire en direction de Ratchaburi.

La belle campagne entre Kanchanaburi et Ratchaburi offrant à nouveau peu de possibilités de logement, nous demandons s’il y a une place pour planter la tente dans un temple. Comme l’ensemble du temple est en travaux et que visiblement, dans la cour, ce sont les chiens et non les bonzes qui commandent, on nous propose de poser nos matelas dans un bâtiment tout neuf. Au petit-déjeuner, nouvelle surprise : cette fois, les bonzes ne se contentent pas de partager avec nous leur maigre pitance, mais sont allés faire les courses. Nous sommes légèrement mal à l’aise, en particulier lorsque le plus attentionné d’entre eux – vraisemblablement un ancien bad boy tout tatoué aux oreilles de vieux matou – nous tend en plus un billet de 500 baht. Comme il ne nous paraît pas du tout adéquat de recevoir de l’argent de personnes beaucoup plus pauvres que nous, nous arrivons à le convaincre d’en faire offrande au temple, ce pour quoi il nous remercie chaleureusement… Décidément, nous allons de surprise en surprise avec ces comportements étonnants propres aux Bouddhistes.

Le lendemain, nous renouons avec les grandes chaleurs et sommes heureux de faire notre pause de midi dans un espace boisé, avant de visiter l’une des innombrables grottes de la région. Chouette moment passé avec Léon et Eugénie à jouer les Indiana Jones entre stalactites et stalagmites éclairées aux tubes néons verts et bleus, en quête des petits autels bouddhistes disséminés dans les anfractuosités de la roche. Nous tirerons jusqu’à Ratchaburi, la plus chinoise des villes de Thaïlande à ce jour, avant de poursuivre entre plantations de cocotiers, rizières et canaux jusqu’à la pittoresque Phetchaburi. Nous nous serions bien arrêtés plus longtemps dans cette charmante petite ville, mais le temps presse. Depuis quelques jours, suite à quelques échanges d’e-mails, nous savons que nous allons rejoindre Liloo et Capucine 220 km plus au sud, à Prachuap Khiri Khan et les enfants sont impatients de retrouver leurs petites copines rencontrées à Kanchanaburi.

Voir Hua Hin et partir…

De Phetchaburi à Hua Hin, puis ensuite jusqu’à Prachuap Khiri Khan, nous retrouvons la côte. Paysages comparables à la côte sud-est : les petites routes suivent les plages ou s’en éloignent au gré des terrains privés, resorts, mangroves, estuaires squattés par divers bateaux, pêcheries… Parfois, de petits massifs montagneux ou de gigantesques terrains de golf nous obligent à faire un crochet et à reprendre la route nationale pour quelques kilomètres.

Nous arrivons à Hua Hin sur les jantes après une grosse étape, et – comme il se doit – à la tombée de la nuit au moment où le trafic est à son paroxysme. Un peu perdus, nous nous rendons compte que cette ville très touristique est à saturation et qu’il est illusoire de chercher à loger à des adresses indiquées dans les guides. Attirés par une déco toute helvétique, nous rencontrons un sympathique Yverdonnois expatrié, propriétaire d’un guesthouse (malheureusement complet), qui nous accompagnera dans nos recherches pour un logement. Pour éviter de tournicoter avec notre caravane dans des ruelles bondées et les inévitables face-à-face avec des 4×4 surdimensionnés à contresens, notre compatriote embarquera même Laure sur sa moto pour faire le tour des petites pensions de ses connaissances : en vain ! Ce n’est qu’après avoir rebroussé chemin que nous terminerons à une adresse excentrée repérée à notre arrivée. Léger ras-le-bol dès l’arrivée dans cette ville belle, mais trop touristique pour nous, que nous quitterons sans trop de regrets dès le lendemain.

Les deux ultimes étapes qui nous séparent encore de Prachuap Khiri Khan nous permettent de réellement nous mettre au vert : nous retrouvons les côtes aux plages sauvages ou bordées de maisonnettes. La tentation est grande de se poser dans le hamac tendu entre deux cocotiers face à la mer. Nous faisons de petits détours sur des chemins en terre battue pour voir les bateaux de pêche colorés, salués par les sourires des petites gens en train de réparer leurs filets assis sur un vieux bidon. La côte est de plus en plus découpée et des pics karstiques pointent çà et là entre les baies, alors que la route serpente entre des collines couvertes de forêt tropicale. Au détour des bassins à crevettes qui occupent les zones plates littorales occupées autrefois par les mangroves ou des lagunes, nous passons la nuit intermédiaire dans un authentique camping sur la plage.

Petites vacances à Prachuap Khiri Khan

Notre arrivée à Prachuap Khiri Khan est accueillie avec grand soulagement : six jours de suite sur les vélos sous le soleil, nous ne l’avions plus fait depuis notre arrivée au Laos il y a deux mois et demi.

Et les enfants piaffaient de retrouver leurs copines Liloo et Capucine. Nous rejoignons donc nos amis Bretons dans leur paradis : un petit hôtel avec piscine au milieu des cocotiers aux tarifs défiant toute concurrence.

Pour aller en ville ou à la plage, toutes les places sont interchangeables entre leur petite moto et nos vélos et à la veille du départ, nous ne sommes pas encore certains que Pierrot nous laisse repartir avec notre tandem, tant il semble l’avoir adopté…

Au menu, visites de grottes pleines de Bouddhas, atelier peinture avec Nathalie, plage, balade en ville, marché birman, théâtre de rue, farniente…

Ou encore boutiques entres filles et apéro entre hommes ! Quelle joie de partager du temps avec de bons vivants car, il faut le dire, l’essentiel de nos préoccupations tourne souvent autour de notre estomac…

Côté enfants, la piscine à portée de main est une bénédiction. Ils adorent et ça les occupe l’essentiel de la journée ; après un peu d’apprentissage, ils nagent désormais sans aide et sont devenus de vraies petites grenouilles.

Mais l’aventure n’est pas terminée pour autant : bientôt il faudra dire au revoir à nos nouveaux amis pour poursuivre notre périple sportif !


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Bonne année 2556 !

Écrit par Famille Carrard | 06/01/2013 10:18

Eh oui, c’est le cap que nous venons de passer après déjà trois semaines en Thaïlande, calendrier bouddhiste oblige.

Arrivée en Thaïlande

Nous sommes entrés en Thaïlande par les Monts Cardamomes le 13 décembre. On ne savait pas trop à quoi s’attendre pour notre cinquième pays asiatique. Pour l’instant, une surprise (mais en est-ce une ?) : c’est moins dépaysant que ce que l’on pensait. Contrairement à ses voisins où le tourisme ne s’est développé que récemment et qui ont gardé un peu de leur « innocence » et de leur authenticité, on sent qu’ici, la consommation à l’occidentale, le tourisme de masse, les infrastructures performantes et les grosses bagnoles font partie des acquis depuis belle lurette.

Premier arrêt à Chanthaburi : une ville assez commode pour faire étape la frontière franchie. Il s’agit d’un haut lieu du commerce des pierres précieuses où des négociants viennent chaque fin de semaine de toute l’Asie faire leurs emplettes. Nous arrivons à la nuit tombante dans les bouchons, heureusement un jeudi, et les hôtels petit budget ne sont pas complètement saturés. Nous laissons de côté les gemmes, assurément pas notre tasse de thé et pas vraiment le type de marché à fréquenter avec des enfants. Nous préférons prendre la température du pays en visitant la vieille ville et ses terrasses le long de la rivière. Les Thaïs sont des as en matière de bar à café où l’esthétisme du lieu est souvent mis en avant, encore plus que la boisson caféinée en elle-même. Dorénavant, tous les prétextes seront bons pour déguster café glacé, mocha et chocolat froid (à défaut de pain au choc !) en cours d’étape.

Après une journée de repos, direction la mer. Nous évitons au maximum les grands axes. Les rizières sont pratiquement absentes de la côte, désormais surtout dévolue à « l’industrie » balnéaire. Les petites routes campagnardes sinueuses nous mènent  à travers des friches à l’aspect de savane disséminés entre étangs et pêcheries, parfois entrecoupées par des estuaires envahis par la mangrove. C’est quelques kilomètres avant la mer que nous passons le cap symbolique des 6’000 km, synonyme de la moitié de la distance – très théorique et approximative – à parcourir lors de notre périple.

Le long de la route côtière, c’est en alternance ghettos résidentiels pour retraités occidentaux, paillottes et plages interminables bordées de cocotiers, qui nous accueillent. Alors que certains secteurs sont envahis par les « resorts » en tous genres et de tous budgets, d’autres sont littéralement abandonnées.

Comme nous arrivons le dimanche, nous pouvons observer un phénomène remarquable du point de vue anthropologique : le week-end, la jeunesse dorée de Bangkok descend sur la côte dans des cars-disco à deux étages très colorés – on a tout vu de Cendrillon à Némo en passant pas les Chevaliers du Zodiaque – qui se garent à 10 mètres de la plage, le long des routes (hem… sur les pistes cyclables). Invariablement, pop thaïlandaise passée en boucle et à pleins tubes ; les moteurs tournent en continu pour maintenir à température l’air con (-ditionné). Les usagers n’en sortent que pour s’approvisionner en alcool et en brochettes fournies par les motos-barbecue ambulantes. Les plus fortunés (endettés ?) font de même dans leurs véhicules privés, invariablement des pick-up Toyota Vigo tunés qui se transforment en light-show dès la nuit tombante. Le dimanche soir, tout ce joli monde remonte à la capitale avant de remettre ça le week-end suivant. Une semaine de travail ne sera pas de trop pour cuver tous les cocktails ingurgités. Ce rythme trop irrégulièrement effréné ne semble pas convenir à tous les établissements hôteliers de la région, en témoignent d’immenses complexes, résultat d’investissements aux risques mal mesurés, laissés à l’abandon.

C’est donc dans un petit hôtel désert que nous prenons nos quartiers dès le dimanche 16 décembre après-midi pour deux nuits, le temps d’une journée de repos à la plage. C’est une aubaine pour la fille des propriétaires, qui ne voit vraisemblablement pas souvent des enfants, de partager son tas de sable avec Eugénie et Léon et de déguster nos céréales au chocolat.

Dès le lundi, il ne reste guère que quelques touristes occidentaux et les retraités expatriés pour animer un tant soit peu les rivages. Les paillottes tournent au ralenti et il faut parfois interrompre la sieste des tenanciers désœuvrés pour espérer acheter de quoi se sustenter.

Seuls sur la plage, une journée baignade et châteaux de sable nous permet de nous préparer psychiquement aux trois prochaines journées qui nous attendent : cette fois, même en prenant les routes secondaires, la circulation est au rendez-vous et c’est accompagnés de pick-up et de camions que nous effectuerons l’essentiel des 200 km qui nous séparent de Bangkok.

Gare aux crocs (canins et non caoutchouteux)

Une nouveauté malheureuse en Thaïlande, à laquelle nos plus de cinq mois de périple ne nous avaient pas habitués : nous nous faisons systématiquement courir après par des chiens. Si la plupart du temps, il s’agit d’aboiements pour faire peur, nous avons dû piquer quelques sprints pour échapper aux crocs de quelques molosses enragés qui n’avaient visiblement pas envie de papouilles. Etonnamment, ce ne sont pas les chiens errants qui sont agressifs, mais bien des chiens domestiques, jamais attachés, qui zonent le long des routes en marge des habitations et qui font valoir leurs droits bien au-delà de leur territoire… Soit un facteur de danger en plus, surtout lorsqu’ils déboulent par surprise et nous obligent à faire un écart sur la route. Nous devons être constamment sur nos gardes pour parer à ce danger en plus du trafic motorisé.

Plus réjouissant, notre première nuit de camping sur sol thaïlandais s’avérera concluante. L’accueil dans les temples bouddhistes est toujours au top et cette fois, pas besoin de sortir notre attirail de cuisine, puisque le Maître du temple tenait personnellement à ce que l’on nous offre le repas du soir et le petit déj’. De manière surprenante, le temple est un lieu de vie à la manière d’un village où l’on trouve écoles, cantines et une immense esplanade dévolue aux manifestations religieuses aussi bien que civiles. Comme une manifestation particulière semblait se préparer et que probablement un certain nombre de moines externes au temple se trouvaient là pour la nuit, toute une série de tentes igloo se dressaient sur le gazon… En squattant le préau du jardin d’enfants, nous faisions presque couleur locale.

Bangkok

Après cet épisode infiniment plus reposant que les routes thaïlandaises, il s’agira de survivre dans la jungle de la circulation aux environs de Bangkok. Pas ou peu de pistes cyclables et lorsqu’elles existent, elles sont utilisées en permanence comme place de parc ou par des camions. Dans tous les cas, à chaque carrefour et pire, à chaque échangeur, l’itinéraire cyclable disparaît comme par enchantement… pour éviter au maximum les grands viaducs, nous entrons donc dans Bangkok par ferry, avant d’entamer les 15 derniers km jusqu’au centre-ville. Au menu, des bouchons à rallonge où nous rivalisons d’adresse en slalomant avec les motos.

Lessivés par le bruit et la tension permanente qu’impose la conduite dans cette métropole tentaculaire, c’est avec soulagement que nous posons nos sacoches pour quelques jours. Sans aucune hésitation, nous décidons de ne pas retoucher nos vélos avant le jour (appréhendé) où nous sortirons de Bangkok. Seule entorse, amener nos montures pour révision et quelques réparations au magasin VeloThailand, heureusement, dans la rue voisine de notre hôtel. L’équipe de VeloThailand avait entre autre pour mission de solidifier la coque de la remorque qui s’est fendue juste après le passage des 6000… Munie de plaques et de vis, espérons que cela tienne aussi bien que celles de la hanche de Laure !

Comme à Siem Reap quelques semaines plus tôt, nous retrouvons pour trois jours les grands-parents avec grand plaisir. Ils accompagnent les enfants au zoo pendant que les parents doivent régler les réparations de vélo et divers achats de matériel. Sinon, on tente de s’imprégner un peu de cette ville surdimensionnée qui paraît sans queue ni tête de prime abord. En déambulant au hasard des rues touristiques, nous retrouvons une vieille connaissance, Erwan rencontré à Luang Prabang avec qui nous refaisons le monde (ou du moins l’Asie du Sud-Est) autour d’une bonne Chang. Les balades avec les grands-parents seront consacrées à la visite des parcs, des cafés et des restos. Au terme d’une virée en bateau sur les canaux serpentant au milieu des quartiers populaires, nous visitons aussi la maison-musée de Jim Thompson, havre de culture bon teint et de verdure apaisant, coincé entre bidonvilles et temples de la consommation.

Drôle de Noël…

Trois journées trop courtes : le 23, après avoir fêté dignement les quatre ans d’Eugénie – qui suce toujours son pouce… – avec un gâteau au chocolat, les grands-parents doivent reprendre l’avion direction la Suisse. Pour eux, la fête se fera avec le reste de la famille, mais pour nous, c’est un gros vide la veille de Noël. Drôle de soirée, où nous finissons les restes de gâteau sans vraiment apprécier, heureusement égayée par quelques appels skype qui nous changent les idées.

Les 24 et 25, nous ne sommes pas vraiment dans l’esprit des fêtes, même si les décorations de Noël sont omniprésentes dans les quartiers touristiques et les supermarchés. Nous vaquons donc à nos occupations des jours de repos et avons un entretien sympa par skype avec un journaliste qui nous vaudra un super article dans le 24 Heures du 27 décembre ; pendant ce temps, les enfants sont à la sieste. Nous nous offrons un bon petit souper au resto le 24 au soir. Surprise le 25 au matin, le Père Noël a eu le temps de venir jusqu’à Bangkok pour déposer de menus cadeaux (non encombrants, comme il se doit) dans les chaussures de Léon et Eugénie !

 Nous prolongeons notre séjour à Bangkok de deux jours, pas pressés de nous remettre en selle et arrivons à faire un peu les touristes. Nous prenons encore quelquefois le bateau, visitons le temple de Wat Phou et son Bouddha couché géant, testons le skytrain et nous promenons dans quelques espaces de verdure pour laisser courir nos deux terreurs.

Le 28, empoignant notre courage à deux mains, nous mettons le réveil à 5h00 pour partir avant le gros du trafic ; à 6h15 en selle, 7h15, première pause après avoir franchi le périph de Bangkok, ouf…

Nous parvenons à éviter en partie la grande route jusqu’à Nakhom Phatom. Une escale à Ban Phou, puis nous tirons les derniers 50 km jusqu’à Kanchanaburi sur le rivière Kwaï (en fait Yai Kwae) où nous passerons un nouvel an très sympa au bord de la piscine de notre hôtel. Quel luxe !


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