Aventures en famille

Quoi là en Australie ?

Écrit par Famille Carrard | 05/06/2013 – 13:16

Discipline en douceur

Ouf ! Pour ne rien vous cacher, on peut maintenant avouer que prendre l’avion était un sacré stress pour nous, avec les enfants et les bagages. Certains l’auront peut-être relevé, nous n’avons pas atterri à Cairns comme il était prévu dans notre parcours initial, ceci pour diverses raisons. A savoir qu’il n’y avait pas de vol direct entre Bali et Cairns. En effet, transiter par Brisbane ou Sydney pour remonter au nord nous paraissait absurde… Notre calendrier légèrement modifié (puisque nous sommes restés plus longtemps en Thaïlande et en Malaisie) nous a aussi contraint à faire certains choix. C’est pourquoi notre parcours australien s’en est trouvé raccourci. Et heureusement pour notre bourse, car arrivés en Australie, nous devons nous réhabituer à une atmosphère occidentale et … à des prix occidentaux.

Nous nous installons pour quatre nuits au « Somewhere To Stay », l’auberge à backpackers et jeunes cools dans toute sa splendeur. Le personnel est adorable et toujours prêt à rendre service. Pourtant, avec nos vélos et nos deux loustics, nous ne faisions guère davantage couleur locale que dans les relais de camionneurs chinois, les « penginapan » de Sumatra ou les resort javanais.

Comme la vie est chère, nous nous sommes gentiment remis à popoter et dans notre pied à terre de Brisbane, utiliser la cuisine collective est au moins aussi aventureux que de traverser la Chine à vélo ou voyager une année avec des enfants. Nous avons néanmoins réussi à manger chaud (des pâtes alla Fredo) et même à y faire la vaisselle (pour ça, faut vraiment avoir le cœur bien accroché, et on la fait deux fois : avant et après !). Toutefois, nous n’avons pas pu nous résoudre à snober les bonnes petites adresses du quartier…

West End

Au premier abord, West End se différencie peu des autres quartiers résidentiels suburbains australiens, avec ses rues alignées au cordeau de petites maisons en bois peint. Une fois dans le bain, on y ressent une ambiance générale plutôt bohème : boutiques d’artisanat, boulangeries « à la française » et le café des Three Monkeys où on mange les meilleurs gâteaux des fuseaux horaires GMT+6 à GMT+9. Avec une flopée de restaurants italiens, grecs, libanais et bien d’autres, c’est un peu le quartier latin de Brisbane – sauf que c’est « rive droite » !

Nous avons vite trouvé nos marques et nos « stamms » pour les repas lorsque nous voulions échapper à l’ambiance un peu trop « cool » de l’auberge. Mention spéciale pour le Grill’d, exclusivement consacré aux hamburgers maison, sains et aux saveurs étonnantes : on reviendra juste pour le Marocco, avec steak haché d’agneau, houmos et chèvre frais ! Ambiance garantie, avec de la musique live tous les soirs par des artistes locaux dans les styles folk-rock, blues, jazz. Des kits (crayons, carnet de jeux) sont offerts aux enfants dont les oeuvres sont ensuite affichées sur le mur du couloir.

Nous avons aussi adoré le Avid Reader, un café-librairie où on peut déguster d’excellentes salades, pizzas à la citrouille et la quiche du jour, chaque fois différente (nous y sommes allés plusieurs fois pour vérifier). Là aussi, la malle aux trésors – ou plutôt aux vieilles fripes – a eu un franc succès. Le lieu par excellence où sympathiser avec les autres clients, qui viennent volontiers en famille, ou pouponner les bébés qui font mine de vouloir grimper sur les genoux de Laure, la maman poule qui s’ignore… Quelle cote-cote !

Vous l’aurez compris, nous nous sentions bien dans cette partie de Brisbane et avons eu de la peine à décoller pour aller faire notre tour cycliste de la Sunshine Coast. D’ailleurs, à part une escapade à vélo dans la City pour acheter des cartes routières et la visite des parcs au bord de la rivière pour profiter de la verdure et des places de jeux, nous n’avons pas vraiment bougé du quartier.

Idem au retour deux semaines plus tard, puisque nous avons retrouvé notre port d’attache, la vaisselle du Somewhere To Stay dans l’état où nous l’avions laissée (avec quelques couches de graillon en plus), et refait la tournée de tous nos cafés et restaurants préférés. Qu’il est bon d’avoir ses petites habitudes de temps en temps !

Tour de chauffe

Comme nous avons changé d’hémisphère, nous avons donc commencé par nous mettre en quête de chaleur en allant vers le nord. Départ à travers les quartiers et petites villes résidentielles des environs de Brisbane, puis la campagne où nous passons allégrement de réserves naturelles plantées de pins et d’une multitude de variétés d’eucalyptus aux champs d’ananas, pâturages et greens de golf. Nous optons à l’aller pour les routes de l’Hinterland.

Comme une part importante de ce tracé n’est pas touristique, c’est en recherchant des solutions pour nous loger que nous ferons de très belles rencontres les deux premiers soirs. Ensuite, étape à Landsborough où nous découvrirons la vie de « cabin » en camping (porte à cabine tout confort), sans vraiment réaliser que nous sommes prêts pour la re-sédentarisation. Puis, nous rejoindrons Eumundi, son pub et son célèbre marché.

En cinq jours de vélo, nous atteignons Noosa où nous retrouvons le monde des auberges à backpackers. Honnêtement, il nous faudra un moment pour nous sentir à l’aise dans cette agglomération de complexes hôteliers et de boutiques de luxe. Au détour d’une virée à vélo, nous tomberons néanmoins sur un petit bijou de café, le Café Noisette, tenu par François, un fringant jeune papa français avec qui nous sympathisons immédiatement, le temps de savourer un délicieux brownie.

Noosa, c’est surtout une réserve naturelle offrant de fabuleux coups d’œil sur l’Océan pacifique, des criques aux noms exotiques ou qui donnent des frissons « Hell’s Gates » où viennent s’écraser des rouleaux attirants les surfeurs du monde entier. Au loin, on devine dans les vagues azur le ballet des dauphins.

Quant à l’estuaire et aux lagunes qui ont pour l’instant réchappé au bétonnage urbain, ils servent de lieu de réunion aux nuées d’oiseaux qui se rassemblent le soir dans un tintamarre indescriptible, alors que de placides pélicans viennent squatter la plage en attendant que les pêcheurs leur distribuent les rebuts de leurs prises, préparées sur place.

Nous redescendons au sud par la « Sunshine Coast ». Pendant des dizaines de kilomètres, c’est une suite ininterrompue de plages où viennent s’écraser d’impressionnantes vagues.

C’est beau, mais il fait un vent sec à édenter les crocodiles, de face bien entendu, et même les descentes fatiguent les mollets.

Après un retour à l’intérieur des terres qui nous oblige à reprendre un bout la route de l’aller entre Landsborough et Caboolture, nous rejoignons la côte à Redcliffe, sur la Baie de Moreton où nous rechargeons les batteries, après une étape interminable, dans un appartement de vacances tenu par un couple à la bonne humeur et à l’enthousiasme communicatifs lorsqu’ils nous voient débarquer avec notre barda.

Pour retourner sur Brisbane, nous pourrons suivre des itinéraires cyclables qui traversent parcs, tourbières et mangroves sur de petits pontons en bois, sous un ciel changeant. Drôle de mise au vert qui nous fait faire 53 km au lieu de 32 pour rejoindre la centre du chef-lieu, mais où nous croisons encore un cyclo anonyme qui a comme nous traversé le Vietnam, le Cambodge… En Australie, il faut vraiment quitter la route et faire des détours pour avoir la chance de croiser des deux-roues.

Nouvelles difficultés

Après la claque des prix élevés, celle des températures fraiches… Car le froid s’est invité plus vite que prévu à Brisbane. A la grande surprise des locaux, d’ailleurs. Dans cette région subtropicale, on est passé sans transition d’un temps de mousson équatoriale à l’hiver austral, la semaine avant notre arrivée. Nous avons donc vite ressorti nos polaires, coupe-vent, chaussettes et sous-vêtements longs. Après notre première nuit sous tente – merci Karen pour la couverture – nous avons revu à la baisse nos projets très optimistes de faire majoritairement du camping…  et nous nous sommes dépêchés de trouver des doublures pour nos sacs de couchage d’été.

Un autre constat s’impose : sur la carte, l’Australie a l’air très plate… eh bien pas du tout ! Même la bande côtière du sud Queensland est passablement bosselée et au niveau des tracés routiers, nous ne rompons pas vraiment avec les habitudes prises ces derniers mois, au point qu’on se demande sérieusement si les Australiens n’ont pas engagé spécialement des ingénieurs indonésiens pour construire les routes. Lorsqu’il y a une belle plaine toute plate avec une seule colline au milieu, la route se doit de passer sur celle-ci, au droit ! Nous qui pensions qu’après l’Indonésie, rouler en Australie, ce serait les vacances, nous devrons revoir un peu notre jugement.

Autre désagréable surprise : en milieu campagnard, les conducteurs – en particulier les jeunes rednecks conduisant camions ou pick-ups – détestent tout ce qui pourrait s’apparenter à un obstacle sur la route (ils ont d’ailleurs de puissants pare-buffles). On nous fait donc bien comprendre que nous ne sommes pas les bienvenus : queues de poisson, visages grimaçants ou attitudes insultantes, coups de klaxon rageurs, beuglements dans nos oreilles et dépassements serrés alors que les deux voies sont libres et qu’il y aurait bien la place de prendre au large… Inversement, rouler dans les grandes villes est assez peu stressant, grâce à la présence généralisée des bandes cyclables et à un comportement plus civilisé des usagers de la route.

Rencontres

Depuis notre arrivée en Australie, nous avons fait plein de rencontres sympas, que ce soit à Brisbane dans nos « stamms » ou sur la route. A peine débarqués à Brisbane, Stuart nous a accueilli à l’Avid Reader comme si nous faisions partie de la famille ; au même endroit, nous avons rencontré Kelly et Nina mises en contact avec nous par une amie depuis Bali. Un autre jour, toujours à l’Avid Reader, la petite Betty a flashé sur Laure et n’a pas décollé de ses genoux jusqu’à la fin du gâteau aux carottes, sous l’œil amusé de Sarah, sa maman.

En route pour Noosa, nous avions un peu l’impression d’être observés, en remarquant toujours la même voiture arrêtés sur le bord de la route, jusqu’à ce que Kerstin, jeune mère de famille, ne nous aborde à une station-service (mais que peuvent bien faire des cyclos à une station-service… ?) : « Why do you do that ? » sur un ton presque de reproche, avant de faire une demi-heure de sympathique causette… Fin de journée à quelques kilomètres de là, nous commençons à désespérer de trouver un endroit pour planter la tente (cela ne vous rappelle-t-il pas plusieurs de nos articles ?). Un grand bonhomme un peu nounours en tenue de course passe avec son chien : Ray habite à 200 m de là – juste avant la grosse montée – et nous propose de camper dans son jardin. Son épouse Lorraine et lui-même se préparent à voyager un mois à vélo en Europe l’automne prochain.

Finalement, nous dormirons au chaud, DVD de Shrek et grosse caisse de legos pour les enfants, apéro et dégustation de vins australiens pour les parents et barbecue d’agneau pour tout le monde devant un bon feu de cheminée. Divin ! Le lendemain matin, Lorraine nous accompagnera encore une vingtaine de km à vélo. Merci les amis !

Rebelotte le soir suivant : pas l’ombre d’un camping, nous abordons des locaux et nous retrouvons dans un jardin en pleine cambrousse (on ne sait même pas le nom de la localité). Ray (pas le même qu’hier – est-ce que tous les Australiens s’appellent Ray ?) et Karen nous mettent à dispo le jardin et nous squattons allégrement leur grande maison pour la soirée entre la cuisine, les sanitaires, la TV et – comme les nuits sont fraiches – un peu de literie dans la tente.

Gentillesse, générosité, nous repartirons le lendemain avec un sac de succulents petits légumes jaunes qui ressemblent à des pâtissons et la possibilité de loger au retour.

Mais où sont les koalas et les kangourous ?

Petite déception pour les enfants en l’état : nous nous attendions à croiser quotidiennement des marsupiaux en tous genres, en particulier des koalas et des kangourous. Pour l’instant, à part l’opossum qui squatte le jardin du Somewhere To Stay et ses congénères aplatis sur les routes, c’est un peu maigrichon ! Bien sûr, il existe plein de parcs d’attraction et de zoos où on peut les voir, les toucher etc… mais franchement, en Australie, nous ne voyons pas vraiment l’intérêt d’aller voir en captivité des animaux indigènes que nous pourrions par ailleurs admirer dans tous les zoos du monde… Nous nous consolons avec les oiseaux et là c’est l’éclate : ibis, dindons australiens, loriquets aux couleurs vives, cacatoès et pélicans font partie de notre quotidien.

Encore 1000 km !

C’est pas tout d’aller se pavaner au nord à la recherche du soleil : Brisbane-Sydney, c’est 950 kilomètres par le chemin le plus court : une autoroute que nous avons envie de voir le moins possible. Nous mettons donc le cap plein sud le 30 mai pour… euh… c’est déjà quoi l’adresse Dory ? – « P. Sherman, 42 Wallaby Way, Sydney ».

Sydney ? ouéééé, c’est là qu’on va ! alors on arrête d’écrire des bêtises sur internet, et on fonce. Et sans prendre la baleine !


3 commentaires »

  1. De Cornette le 7 Juin 2013 | Répondre

    Héhéhéhé, salut les sportifs de haut niveau !!

    Honte à moi, j’ai pris un retard considérable à suivre votre aventure et pourtant c’est pas faute de penser à vous très régulièrement !! Je viens de parcourir très rapidement les derniers articles et me suis régalée avec les photos, comme d’hab… Comme en dit chez nous : Teu Bleu, ce que les loulous ont poussé… Whoooo ! J’ai lu en très grande diagonale les textes et vois que vous n’avez pas perdu votre sens de l’humour 🙂 J’espère tout prochainement trouver le temps de tout bien lire et de voyager à travers vous… Nous partons en Croatie le 21 juin, en voiture hein….. mes mollets ne sont pas formé et je pense que les 2000km en auto me permettront de me plonger dans vos récits sehr captivant !!

    Ici ont vient de se faire 2 jours de beaux de suite et en T-shirt SVP (une première cette année)…. une cata cette météo… snif snif ! (en 3 mois je pense qu’on a eu 5-6 jours de beau) Bref, la pluie la pluie, la pluie !! Vous avez bien fait de traverser l’Asie et pas la suisse 30x hahahhahah 🙂

    Lyne marche depuis mi mai et Romain ne va pas tarder…. ca grandit bcp par ici aussi et on ne s’ennuie jamais….

    Je vous souhaite une belle rencontre avec les kangourous et espère que vous allez vous réhabituer au rythme et style occidental… A très vite.

    Gros bisous à vous 4…

  2. De corine le 14 Juin 2013 | Répondre

    Un joli récit de séjour! je rêve d’emmener mon mari et mes enfants en voyage, pas facile de s’organiser, mais avec vous je vois que c’est tout à fait possible! 🙂

  3. De Marraine Céline le 16 Juin 2013 | Répondre

    Bravo les loulous, vous êtes les meilleurs! Bon retour dans la civilisation occidentalisée, avec ses avantages et ses inconvénients 🙂 Comme dit Cornette, ça pousse! C’est fou de voir les différences entre le début du voyage et maintenant. On se réjouit de vous voir, youhou!!
    Becs!

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