Aventures en famille

Une semaine à Penang

Écrit par Famille Carrard | 06/03/2013 – 16:42

Georgetown

L’île de Pulau Penang est un des hauts lieux du patrimoine architectural colonial en Malaisie. La partie côtière du chef-lieu Georgetown, longeant les quais à l’est et au nord de la ville, constituait le quartier colonial lui-même où se dresse encore aujourd’hui tout l’appareil monumental britannique avec les tours-horloge, divers palais et gros bâtiments administratifs. On y trouve également le fort Cornwallis, premier comptoir fortifié au XVIIIe siècle, ainsi qu’églises et musées.

Le long de la côte est, entre les terminaux des ferries et autres installations portuaires, un étonnant villages de pêcheur sur pilotis s’avance sur la mer. Nous sommes chez les Jetty, une communauté chinoise qui a la chance d’avoir son village classé à l’Unesco (les critères ne doivent pas être les mêmes que pour Lavaux…).

Au gré des marées, ils sont tantôt entourés d’eau, tantôt au milieu d’une vase nauséabonde où prolifèrent crabes, périophtalmes (les fameux poissons amphibies que les enfants appelaient « tritons traités » à Ko Phayam) et d’où émergent une multitude d’épaves de navires : assurément un chouette terrain de jeu pour les futurs archéologues.

Tout le vieux centre populaire se partage entre les quartiers indien et chinois, truffés de maisons à portiques et façades à moulures ; on y découvre également une ribambelle de temples surtout dans les styles chinois souvent très colorés, où l’on peut déambuler librement, ce qui n’était de loin pas le cas en Chine !

Les temples hindous ou les petites mosquées des communautés indiennes musulmanes ajoutent encore leurs couleurs à cette ville étonnante. Le reste de Georgetown appartient davantage aux Malais musulmans, avec encore des petits quartiers de style colonial disséminés entre parcs et centres d’affaires.

Entre cyclos

Ricky et Kimi, le couple de Malaisiens chinois rencontrés sur le ferry nous ont présentés à d’autres cyclos sympathiques et nous avons fait tous ensemble notre tour de la ville (enfin surtout des quartiers chinois). Alain, de Valence, fait un peu le chemin inverse du nôtre et remonte vers la Thaïlande. Toujours de bonne, d’une patience incroyable et adorable avec les enfants, il a eu particulièrement de succès avec Eugénie ! Satoshi, un cyclo japonais très sympa à la barbe fleurie pourrait quant à lui bien nous rendre visite en Suisse dans quelques mois…

Quant à Ricky, son crédo est qu’on peut aller à vélo absolument partout, en respectant les signalisations et règles de circulation, s’il vous plaît ! Nous nous sommes donc retrouvés à faire un tour de ville épique que nous aurions pu raccourcir de moitié à pied, à cause des interdictions de circuler, de tourner à droite, des bermes centrales sur les grands axes etc… de notre point de vue, Georgetown n’est pas vraiment une ville pour les cyclistes et nous avons donc ensuite décidé de laisser souffler nos montures quelques jours, sauf pour des excursions hors de la ville.

Nouvel-An chinois

Pour ceux qui s’étonnent que nous revenions sur le sujet du Nouvel-An Chinois (NAC), alors que nous en avons déjà parlé dans deux articles précédents, il faut bien avouer que nous avons eu l’impression de baigner dedans depuis plusieurs semaines et qu’au moment d’écrire ces lignes, nous ne sommes pas certains que ce soit terminé. Si le Nouvel-An occidental dure du 31 décembre au 1er janvier, pour le NAC, au contraire, ça doit plutôt être du 1er janvier au 31 décembre…

Rendez-vous était pris avec nos amis Ricky, Kimi et Alain pour voir ensemble les festivités du NAC. Nous avions tout de suite annoncé la couleur à Ricky : pour nous ce serait à pied, hors de question de prendre les vélos dans la foule, ça tombe sous le sens. Nous avons donc passé toute la soirée à pied, affublés de Kimi et Ricky fendant la foule avec leurs vélos, ce qui finalement était bien utile, puisqu’on pouvait poser les enfants fatigués sur le porte-bagages…

La fête elle-même commence par les danses des dragons, avec des rythmes de tambours endiablés qui se marient de manière étonnante avec les chants du muezzin appelant à la prière du soir. Ensuite scènes de fête dans les rues, où stands de nourriture, spectacles de quartier ou grande scène rivalisent d’imagination avec les charlatans en tous genres pour attirer le badaud. Difficile de trouver où s’asseoir pour croquer une morce et c’est finalement dans les petits bouibouis près du port que nous parvenons à poser nos fesses sur des caisses de bières, faute de tabourets. Pour la fin de soirée, nous faussons compagnie à nos amis cyclistes sino-malaisiens pour pouvoir errer plus librement à la recherche d’un dessert avec Alain. C’est tout de même un peu moins speed…

Espaces verts et leurs occupants (jaloux)

Pour nous mettre un peu au vert dans cette fourmilière multicolore, nous nous sommes lancés en quête de verdure. Une très belle place de jeux au bord de la mer semblait être parfaite pour laisser nos deux terreurs se défouler, mais les corbeaux (un nombre presque affolant en ville) en ont décidé autrement. Très nerveux, l’un d’eux est même venu donner un coup de bec sur la tête d’Eugénie. Plus de peur que de mal, mais ça nous a quand même un peu refroidis. Nous n’aurions pas été surpris de voir Hitchcock traverser le parc !

Plus sympa en revanche, l’excursion au jardin botanique constituait un joli but de balade à vélo et l’occasion de voir encore quelques beaux temples hindous sur la route. Si en soit il n y a rien de passionnant à visiter, sortir du brouhaha urbain et se promener dans la verdure nous a offert un bon bol d’air pur, dès lors qu’on arrivait à trouver un peu d’ombre. Parmi les occupants, papillons, varans et singes : des langurs, très jolis singes à lunettes qui ressemblent à des peluches et vivent tranquillement leur petit bonhomme de vie sans se soucier le moins du monde des humains.

Sinon, on trouve comme partout depuis la Chine les éternels macaques, plus démonstratifs. Léon n’a d’ailleurs pas manqué de décrire avec la candeur propre aux enfants une situation saugrenue en désignant un mâle en pleine excitation tentant de s’accoupler  avec sa femelle,  apparemment plus intéressée par une vieille pomme trouvé dans une poubelle publique : « Regardez, il essaie de lui piquer son bout de pomme ! ».

Nous avons encore fait une autre balade sur la colline de Penang, la montée en funiculaire constituant déjà une part importante de l‘attrait de la visite. Du sommet, où trônent temple hindou, mosquée et une petite volière, on embrasse toute l’île, la ville de Georgetown avec ses buildings et hôtels de luxe qui essaiment le long de la côte nord et le pont autoroutier qui relie l’île à la terre ferme.

Enfin, la petite journée bord de mer n’avait pas la saveur des plages thaïlandaises, à cause de la pollution et de la multiplication des sports fun pratiquement sur les rivages. Plutôt que d’admirer quelques décérébrés frimant sur leurs jet-skis, nous avons préféré rester le nez en l’air à admirer la valse lente de trois aigles de mer.

Pas seulement des vacances…

L’arrêt d’une semaine à Georgetown n’a pas été consacré qu’au tourisme, loin de là. Parmi les multiples choses à régler, nous avons profité de cette escale pour faire nos visas indonésiens. Malgré de nombreuses questions au consulat, notre demande a été acceptée et nous avons obtenu le précieux visa de 2 mois que d’autres voyageurs rencontrés se sont vus refuser à la capitale. Dans ce genre de situation, on se dit simplement : Yeeee !!! Il y eut aussi un peu de bricolage sur les vélos. Nous avons ainsi changé les chaînes que nous traînions depuis le Laos et les pneus de la remorque, avant de devoir rouler directement sur la chambre à air.

Laure a dû faire soigner une infection à une cheville pour pouvoir continuer le voyage avec nous : on pédale mieux avec deux jambes qu’avec une seule… Côté esthétique, la crinière de Léon le lion avait sérieusement besoin d’être raccourcie en prévision de la chaleur tropicale !

Mais ce n’est pas tout, il fallait repenser notre itinéraire. La ligne de ferry entre Penang et Sumatra n’existant plus, la nouvelle option consistait à descendre jusqu’à Melacca au sud de Kuala Lumpur. Notre boucle initiale en Malaisie n’avait donc plus de raison d’être (cf. itinéraire prévisionnel). Nous avons gardé la première partie du tracé en direction des Cameron Highlands. Le but de la manoeuvre : trouver un peu de fraîcheur en montagne, éviter la côte ouest très industrialisée et surtout ne pas mettre une pédale à KL !

Prêts et retapés, nous nous levons tôt au matin du 7ème jour bien décidés à atteindre Melacca autour du 10 mars et prenons congé une seconde fois de Carole et Alain, nos compatriotes rencontrés à Ko Phayam, qui sont arrivés à Georgetown peu après nous.

Et O’Malais dans toute cette histoire ? Nous l’avons perdu avant même de savoir ce qui était arrivé à sa queue. Vous suivez ?


1 commentaire »

  1. De Etienne Métraux le 12 Mar 2013 | Répondre

    Bravo. Très intéressant de connaître un peu la région que mon cousin Alain fréquente depuis pas mal de temps déjà. Nous nous sommes quittés à fin de l’automne 2011 à La Fouly (!), mais j’ai régulièrement un échange de messages avec lui! Merci de la description des lieux et bravo pour l’escapade aves les enfants!
    pem

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