Aventures en famille

A la recherche d’itinéraires verts…

Écrit par Famille Carrard | 20/07/2012 – 07:53
Zhèngdìng est l’aboutissement de la plus chaude et poussiéreuse étape de ce début de voyage : le cocktail crème solaire – sueur – poussière – charbon donne à notre peau de bébé un hâle délicat du plus bel effet. Comme il est tard à notre arrivée le 12 juillet et que nous terminons par un marathon urbain, nous décidons de prendre ce qui vient en matière d’hôtel, à savoir, le plus luxueux à ce jour : 3 étoiles plutôt chic tout confort en pleine rénovation avec personnel aux petits soins pour 300 Yuan (env. 45 CHF) la chambre (mais pas de wifi !).
La ville garde encore quelques quartiers et monuments (pagodes, rues restaurées) témoins de sa splendeur passée, et nous décidons de flâner un peu le 13 juillet, matin du départ, au marché avant de reprendre la route.
La suite de l’étape pour Jingxing est plutôt maussade, entre contournement de Shijiazhuang, détours et routes fréquentées par les camions de charbon, malgré quelques petits arrêts sympas où nous ne manquons pas d’attirer les badauds.
Jingxing : amateurs de pittoresque, passez votre chemin ; à l’arrivée, sous bonne escorte de camions de charbon, on est accueillis par deux immenses cheminées de refroidissement (centrale nucléaire ou à charbon ?) et un ciel si bas qu’un caniveau s’est pendu… pourtant, nous y passons deux nuits. Un jour de repos s’avère nécessaire après cinq étapes à la suite et, surtout, nous y découvrons pour la première fois en Chine une vraie boulangerie-confiserie « à l’occidentale » (ou peu s’en faut). Après avoir sympathisé avec l’une des vendeuses (étudiante) et la patronne, nous nous retrouvons un peu comme des mascottes de la fête d’inauguration, typiquement chinoise (avec estrade, chanteuses de karaoké professionnelles, distribution de pièces montées rose bonbon et plein de petits cadeaux aussi kitsch les uns que les autres, genre services à thé Hello Kitty).
Yujiacun est notre but d’excursion pendant le jour de repos le 14 juillet : par « jour de repos », comprenez : « jour sans vélo ». Après, si quelqu’un estime que faire une excursion d’une journée en bus tape-cul sur des routes défoncées de campagne, puis de visiter un village chinois avec deux enfants de 3 ½ et 5 ans, repas compris est plus reposant que de faire 70 km à vélo sur des routes de montagne avec paquetage complet, merci de s’annoncer ! Bref, ce vieux village tout en pierres au milieu des collines est superbe, même s’il n’échappe pas aux travers de la Chine moderne, à savoir la présence de détritus dans tous les caniveaux et à tous les coins de rue. Une maison à cour intérieure sert de musée et quelques petits temples de quartiers se démarquent des maisons villageoises à mur en pierres apparentes très simples. Le monument le plus intéressant et intriguant est le Qingliang Gé, une sorte de pavillon de trois étages construit<ys – selon la légende – au XVIe siècle par un original qui pensait voir Pékin depuis l’étage supérieur. Comme il n’avait aucune connaissance en architecture, la construction est bâtie sans fondation, sans mortier et de bric et de broc (sans doute beaucoup de matériaux de récup’) et ne correspond à aucun style architectural. Un miracle que tout ça tienne encore debout…
Le 15 juillet, notre première vraie étape de montagne (près de 80 km) nous mène à travers une très belle vallée qui aurait tout le charme des gorges de l’Ardèche, si son unique route ne servait pas de piste de chantier aux camions qui y construisent une nouvelle autoroute. Une fois débarrassés des camions de charbon, c’est au tour de la poussière et de la terre de prendre le relais. Niangzi Guan marque un bastion de l’un des passages stratégiques sur l’extension méridionale de la Grande Muraille.
Nous terminons « sur les jantes » cette étape harassante à Yangquan ; ce chef-lieu de l’un des principaux districts miniers du Shanxi n’a rien d’un centre de villégiature, ce que nous confirme la « cradinguitude » exceptionnelle de notre hôtel. Nous nous vengeons néanmoins sur d’excellentes brochettes.
Le 16 juillet, nous partons tôt pour faire une petite étape sur une nationale étonnamment beaucoup moins saturée de camions que la plupart des routes secondaires prises auparavant. Néanmoins, on souffre de la chaleur et du contrecoup de l’étape précédente. Grande satisfaction à notre arrivée à Shouyang, ville moderne vivante, jeune et pour une fois assez propre. La localité en pleine effervescence semble attendre la visite de personnalités importantes : nous nous retrouvons dans un hôtel assez classe pour une bouchée de pain, défendu par des escadrons de policiers : cette nuit, nos vélos seront bien gardés. Mais plutôt que de profiter du gastro de l’hôtel, nous poursuivons notre régime minceur dans l’ambiance populaire et bon enfant des marchés de nuit. Au régime : brochettes en tous genres, haricots bouillis, bière et thé…
Le lendemain, nouvelle étape vallonnée et campagnarde en compagnie de nos amis les camions. Repas de midi dans le plus sympathique (mais pas le plus propre) des relais de camionneurs où nous avons pris l’habitude de faire notre pause de mi-journée : on y mange en général de très bonnes soupes de nouilles accompagnées de thé pour 10 ou 15 Yuans pour la famille (1.50 à 2 CHF) ; pour la première fois, nous croisons des Chinois qui voyagent à vélo (avec sacoches et sac à dos, mais sans enfants…). Les montées se succèdent et Laure arrive à saturation. Le « petit moteur Léon », ayant pitié de sa maman, décide enfin de se mettre en action. Les coups de pédales salvateurs accompagnés de « Pleure pas maman » permettent à la carrard-vane d’atteindre le sommet de la dernière côte. Quelques coups d’œil spectaculaires sur d’étranges canyons creusés par l’érosion dans une épaisse couche de terre ocre.
Après une très longue descente bienvenue, nous arrivons un peu cuits à notre destination, Yuci (ou Jìnzhong : on ne sait pas pourquoi cette ville a deux noms différents…), petite bourgade dont la population doit avoisiner le million d’habitants.
Le 18 juillet, nouvelle journée de repos pour les mollets (pas pour les nerfs des parents…) que nous consacrons à la visite de la vieille ville construite sous la dynastie Ming et parfaitement conservée (et sans doute passablement restaurée) qui a servi de cadre au tournage des plus grandes épopées du cinéma chinois. Le contraste est saisissant entre la magnifique architecture de la vieille ville et le nombre ahurissant d’échoppes vendant et vantant des âneries de la pire espèce et sans lien aucun avec l’esprit du lieu. Petit échantillon : traditionnelles échoppes à bibelots (surtout de jouets en plastique et camelote typiquement chinois) costumes de toutes époques pour se faire prendre en photo – le nec plus ultra étant les costumes d’officiers de l’armée révolutionnaire pour Monsieur et Madame, avec mitraillette au poing – , panneaux publicitaires disproportionnés et toujours placés de manière à défigurer les bâtiments, scènes pour karaoké sur fond de panneau publicitaire où un célèbre sportif vante les mérites d’une bière (avec alcool), sans oublier tous les charlatans qui hantent inévitablement les lieux.
Nous cédons néanmoins au château gonflable afin de laisser les enfants se défouler la moindre loin des stands à jouets.
Par contre, on n’a pas trouvé une seule carte postale…

6 commentaires »

  1. De Arnaud le 21 Juil 2012 | Répondre

    Salut la famille Carrard,

    Woaw, c’est super votre voyage.
    C’est cool vos photos et vos commentaires: elles nous font participer un peu à votre votre aventure.
    Continuez à bien profiter de ce voyage:-)

    Arnaud

  2. De Sylvaine le 23 Juil 2012 | Répondre

    Bonjour,
    je ne vous connais pas mais une amie m’a indiqué votre site. Je vous trouve hyper courageux de faire ce genre de voyage à vélo avec deux enfants en bas âge. Nous, nous sommes partis à l’aventure (Asie du sud-est) pendant un an quand nos enfants avaient 4 et 6 ans et souvent, ils nous ont poussés à bout. Nous avions seulement 15 kg de bagages par personne + un billet d’avion aller et retour un an plus tard. Malgré tous les moments difficiles et autres crises, nous gardons un excellent souvenir de ce voyage. Alors pensez à ces quelques mots d’encouragements quand vous serez au bord de la crise de nerfs (ça arrivera): vous vivez une expérience unique et fantastique, bourrée de rencontres intéressantes. Je vous souhaite le meilleur pendant cette année, peut-être même qu’on se croisera quelque part en Asie, car on va y retourner en mars 2013. Bonne chance et bonne suite!

  3. De La physio d'Morges le 25 Juil 2012 | Répondre

    Bonjour la famille!!!

    Belles images, ça donne vraiment trop envie!!! prenez soin de vous!
    et Laure, ça va ton dos ta jambe et tes exercices???!!! Bis

  4. De Anne-Marie Maute le 25 Juil 2012 | Répondre

    Bonjour toute la famille! C’est grand-maman qui vous écrit! Je suis contente de voir que vous allez bien et que vous prenez plaisir de votre voyage! Moi je vais bien. Il fait beau ici en ce moment.
    Je vous souhaite une bonne continuation, et j’espère vous lire bientôt!
    Bisous, grand-maman

  5. De michèle le 26 Juil 2012 | Répondre

    hello la tite famille je suis contente de voir que tout vas bien,pour nous au quebec il fait aussi beau et les paysages aussi magnifique ,les habitants sympatiques bises et a bientot profitez bien de votre voyage michéle,chantal

  6. De les Rusterholz le 26 Juil 2012 | Répondre

    j’ai passé un excellent moment à vous lire, je ne manquerai pas de vous suivre tout au long de votre route. J’admire votre courage. Prenez soin de vous.
    Amitiés
    Micheline

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