Retour au bercail
Écrit par Famille Carrard | 11/08/2013 – 17:55Le temps file. Déjà quatre semaines depuis notre arrivée à Aubonne et nous sommes encore tiraillés entre les souvenirs de notre folle équipée et la réalité de notre retour avec tout ce que ça implique : se replonger dans les questions administratives, trouver du travail etc…
Nous ne frisons pas la schizophrénie pour autant. Nous étions prêts à ce retour qui s’est par ailleurs fait plutôt en douceur. Nous ne sommes pas partis pour fuir, pour échapper au train-train quotidien ou à nos responsabilités. Remettre le pied à l’étrier fait partie de la très belle – même si parfois dure – histoire que nous avons écrite en famille. Bien plus, retrouver les réalités de la « vie normale » est une aventure à part entière, un nouveau défi à relever avec ses difficultés, mais aussi tout ce que cela pourra nous apporter en matière de satisfactions, bonheurs…
Flash-back
Mais revenons sur les dernières étapes. Partis de Paris le 6 juillet, nous nous étions donné jusqu’au 14 pour parcourir les 500 kilomètres qui nous séparaient de notre objectif helvétique : Aubonne. Neuf jours, avec les indispensables pauses à intercaler et le Jura à franchir : ça promettait d’être juste ! Nous avons attaqué la fleur au guidon à travers les vallées de la Marne et de la Seine via la Brie avec Provins, Méry-sur-Seine puis Troyes comme premières villes (et village) –étapes.
Nous aurions volontiers fait une escale plus longue dans la cité champenoise, dont les ruelles bordées de maisons à colombages et les terrasses incitent davantage à la flânerie qu’à l’exploit sportif. Mais quand on dit qu’on rentre le 14… cochon qui s’en dédit ! Le lendemain de notre arrivée, nous avons donc pris le premier train pour Dijon où, arrivés pour midi le 9 juillet, nous avons décidé d’embrayer pour une étape d’après-midi. Objectif: Dole par le canal de Bourgogne, la Saône puis le canal du Rhône au Rhin. Pendant quelques kilomètres nous avons ainsi suivi la célèbre véloroute 6, qui traverse l’Europe de l’Atlantique à la Mer Noire.
Dole
Une avancée substantielle a donc été faite grâce au petit coup de pouce de la SNCF, dont les nouveaux trains régionaux n’ont rien à envier à leurs homonymes suisses… et en plus c’est gratuit pour les vélos !
Mais après quatre jours d’affilée de pédalage, il nous en restait une fois autant pour atteindre notre objectif, avec la traversée du Jura en prime. Dole était donc l’endroit idéal pour s’offrir une pause, d’autant que le beau camping est situé sur une île au milieu du Doubs.
La piscine, le trampoline, les activités ludiques organisées sur place et les ribambelles d’enfants ont failli nous faire oublier de visiter la ville de Pasteur et de Thiéfaine, ce qui aurait été dommage! Nous avons néanmoins rattrapé le coup in extremis en allant nous balader le long des canaux et en nous offrant un bon repas jurassien dans le quartier des tanneurs.
Le Jura, c’est sympa !
De Dole, nous avons enchaîné les quatre ultimes étapes, afin d’atteindre notre but à la date voulue. La première nous a mené à Salins-les-Bains sur les premiers contreforts du Jura, via les Salines Royales et Mouchard.
Profitant du beau temps, nous avons poursuivi notre belle série de nuits sous tente et de tambouille de plein air. Léon et Eugénie se sont fait plein de copains et notre petit sac de faux lego chinois dépareillés a fait le bonheur de tout un groupe de petits mecs, agglutinés autour de la table de ping-pong du camping municipal. Léon a aussi appris à jouer à la pétanque avec son grand pote de 7 ans et, surtout, avec les vraies boules d’acier ; attention les orteils !
Première étape de côte au départ de Salins. Nous commençons par un petit-déj’ au bar-tabac PMU, avec une légère appréhension pour la suite. Cette fois, c’est le vrai Jura qui commence avec l’ascension du vallon de La Furieuse. Finalement, les 400 mètres de dénivelé dans la montée de Pont-d’Héry, puis sur Censeau s’avèreront moins durs que prévu ; les routes jurassiennes ayant rarement des pentes importantes, c’est moins ardu que certaines étapes de plaine en Australie. On croche la petite vitesse, on s’arme de patience et ça passe! Après Bonnevaux et le vallon du Drugeon, nous voilà au Lac Saint-Point où Léon et Eugénie retrouvent avec bonheur leur Tata Mumu et Sacha après une année de séparation, quelle fête ! Pour l’avant-dernier soir du voyage, en agréable compagnie, on peut bien faire une infidélité à nos pâtes camping et se faire offrir un peu de gastronomie jurassienne à Malbuisson…
Retour en Suisse
Avant-dernier jour de voyage, le 13 juillet. Nous levons une fois de plus le camp, non sans avoir honoré notre inévitable cure de croissants au beurre, direction Mouthe et le Risoux. Pour cette étape, nous voyageons sans nos lourdes sacoches, Muriel et Sacha nous déposant nos bagages à la Vallée de Joux. Dans ces conditions, la montée du Risoux sur la très jolie route forestière menant au col de Landoz ne sera finalement qu’une formalité… moment d’émotion tout de même dans la descente en franchissant la frontière devant les petites cahutes de bois aux drapeaux grossièrement peints sur la façade. Nous posons l’appareil sur le clédar – symbole désuet de l’avant Schengen – pour la photo souvenir, puis pique-niquons devant une cabane de bûcherons.
La descente se poursuit sur La Vallée : tour du Lac de Joux par Le Sentier, achats à la Coop (quel dépaysement !) avant de terminer notre journée aux Bioux. Le camp est monté (merci Sacha !).
Nous pourrons consacrer notre début de soirée à laisser les enfants jouer à la tyrolienne, puis serons rejoints par Isabelle, la vieille copine de Laure et sa famille, pour un mémorable souper.
Dernière étape
Le 14 au matin, nous paquetons le campement pour la dernière fois, sans faire trop de chichi. Nous devons rejoindre Le Pont pour 10h30, lieu et heure de rendez-vous donnés sur notre site à ceux qui voulaient faire la dernière étape à vélo avec nous. Un peu d’appréhension tout de même : si nous nous retrouvions seuls au rendez-vous, quelle serait notre réaction?
Nous sommes vite rassurés, une vingtaine d’amis et connaissances sont là pour nous accueillir. On prend tous ensemble un petit café sur la terrasse de La Truite, moment d’autant plus fort que les personnes présentes forment un ensemble assez hétéroclite: copains de la crèche, amis de toujours, une grand-tante et des connaissances professionnelles… la plupart venus juste pour nous souhaiter un bon retour au pays et boire un jus.
Pour pédaler, nous serons deux (virgule…) de plus. Daya et Fabian avec leur petit passager clandestin, rencontrés au Laos, sont de la partie. Venus de Berne avec leurs vélos, ils sont bien décidés à en découdre avec le Mollendruz. C’est parti ! On avale la montée presque les doigts dans le nez, pique-nique pain-fromage-viande séchée au col avec le cousin Didier qui nous a rejoint pour l’occasion, puis nous attaquons la grande descente. C’est les yeux tout embués que nous traversons Mont-la-Ville avec en toile de fond les champs de blé, la Venoge, le Léman et les Alpes de Haute-Savoie, le Mont-Blanc trônant majestueusement au milieu… cette fois-ci, on est vraiment chez nous !
Pour les dix-huit derniers kilomètres, nous sommes encore rejoints à l’Isle par une partie de la famille. Nous terminerons l’étape à travers champs et forêts du pied du Jura, puis les vignes de la Côte. Dernier coup de cul en remontant le Vallon de l’Aubonne, puis c’est l’arrivée !
Le comité d’accueil est là : juste avant le dernier virage, Jacques nous gratifie d’un concert de toupin juché sur une botte de paille, pendant que Fabian joue les équilibristes sur son vélo pour immortaliser l’arrivée.
On ne peut retenir nos larmes, car les amis et la famille sont là pour nous accueillir et les grands-parents Carrard ainsi que Tata Mumu nous ont préparé un très bel apéro de retour. Dans toute cette effervescence, Eugénie termine tranquillement son dernier petit roupillon en remorque…
Comme c’est parti, nos nouveaux corps d’athlètes sculptés à la force du mollet pendant l’année écoulée ne seront bientôt plus qu’un souvenir…
Et maintenant…
Si le voyage est bel et bien terminé, nous souhaitons néanmoins le prolonger et vous le faire partager encore un moment via notre site en racontant des histoires et des anecdotes ancrées solidement dans nos mémoires. Entre reprise du travail, recherche de futurs emplois, déménagement et quotidien qui reprend, nous casons donc ça et là le tri des photos (plus de 15’000), les montages vidéos et la rédaction de nouveaux articles. La patience est la plus belle des vertus !
Un immense merci à vous tous qui avez cru en nous et qui nous avez soutenu pendant cette inoubliable année de voyage !
6 commentaires »
De Isabelle le 11 Août 2013 | Répondre
hum… La « vieille copine » merci Frédo !!!! ;o)
C’était une super soirée, à refaire très vite, et promis, on fera BEAUCOUP à manger!:-P
Bisous à vous 4
De Fredo le 12 Août 2013 | Répondre
Pardon! « copine de loooooooooooongue date ». o<;oPX
Fredo
De Isabelle le 12 Août 2013 | Répondre
;o)
De Jonathan de voyagecast le 12 Août 2013 | Répondre
Bonjour !
J’ai complètement raté votre aventure, je vais me plonger dans votre blog pour en savoir plus.
Félicitation en tout cas, et bienvenue chez nous !
De Richard Marie Agnès le 21 Août 2013 | Répondre
De retour du Portugal,c’est avec plaisir que je viens de lire le récit de votre derniere étape…Je parle souvent de vous pour illustrer que voyager sportivement avec enfants est possible…Continuez a dooner de vos nouvelles…sinon vous allez me manquer….Amicalement de Bordeaux
De sophie le 24 Août 2013 | Répondre
Bravo! Vous l’avez fait, incroyable, surtout quand on pense que c’était à la force du mollet… On vous tire notre chapeau!
Les aventuriers bernois;-)