« Amazing, impressive, terrific ! »
Écrit par Famille Carrard | 05/07/2013 – 10:30Comme l’auront lancé de nombreux Australiens enthousiastes au passage de notre caravane. Ces trois adjectifs resteront à jamais gravés dans nos cœurs…
Retour sur les dernières étapes
Avant notre arrivée à Raymond Terrace, nous étions descendus au-dessous de la barre des 200 km jusqu’à Sydney. Nous comptons un peu plus, puisque nous n’avons pas l’intention de prendre l’autoroute à l’approche de la métropole, mais de suivre la côte et, en partie seulement, l’ancienne Pacific Highway.
Newcastle
Gonflés à bloc après une journée de repos bien méritée à Raymond Terrace dans un motor inn où les patrons nous ont soignés aux petits oignons, nous attaquons donc sous un ciel maussade ce que nous estimons être les trois dernières étapes. Pas de souci jusqu’à Newcastle, grosse ville portuaire plus sympa que ce que nous imaginions : aux docks et chalutiers répondent de beaux quais fleuris et des terrasses où les gens viennent en famille boire un cappuccino et admirer le phare. Le centre est à l’image des villes portuaires ou industrielles anglo-saxonnes : grandes maisons de briques avec des pubs-hôtels aux angles, les principaux bâtiments historiques et la gare sont coiffés d’une tour-horloge ; une cathédrale de briques trône sur la colline et les quartiers plus périphériques voient fleurir des alignements de demeures d’un style un peu hybride colonial – art nouveau. Nous n’avons pas le loisir de goûter davantage aux charmes de la ville car, cueillis par la première averse de la journée, nous nous réfugions pour manger dans un vieux pub-hôtel. Les enfants étant interdits en salle du côté bar, nous nous retrouvons à déguster nos hamburgers dans le hall d’entrée désaffecté de l’hôtel…
Que d’eau, que d’eau
La suite de l’étape se poursuivra sous un ciel de plus en plus menaçant, en longeant tantôt l’océan déchaîné, tantôt en escaladant des presqu’îles entre deux falaises. Avant-dernière crevaison – la deuxième d’une série de 3 – à cause de briques de verre, certains automobilistes australiens ayant la fâcheuse habitude de balancer leurs bouteilles de bière vides par la fenêtre. Pour couronner le tout, la suite de l’après-midi et la nuit suivante nous gratifieront d’un véritable déluge. Abondamment rincés, nous abandonnons la partie à Belmont, près de 30 km avant notre objectif du jour. Une étape supplémentaire ne sera donc finalement pas de trop pour rejoindre Sydney.
Après un début de conversation tendu avec la propriétaire du caravan park qui n’a pas l’air de comprendre qu’une « villa-cabine » est au-dessus de nos moyens (d’habitude, on vise la cabine standard), elle se déride en voyant les enfant attendant dehors. Du coup, sa proposition de baisser le prix (venant d’elle toute seule et non de Laure !) n’a plus l’air de lui tordre les boyaux et elle nous offre même une casserole de soupe de poulet maison, du pain et du beurre. Bonne surprise ! Enfin à l’abri dans notre villa, il nous faudra la nuit et deux chauffages d’appoint pour faire sécher toutes nos affaires.
Malgré des prévisions très pessimistes, les deux étapes suivantes jusqu’à The Entrance, puis Patonga se dérouleront sous un ciel plus clément. Déjà à ce moment-là, les sentiments sont très partagés. Nous approchons du but, c’est à la fois génial et … ça sent la fin de l’aventure, avec les inévitables questionnements : paquetage, vol de retour, maison, boulot, reprise de la vie normale…
Nous essayons de ne pas trop y penser, même si nous nous y préparons déjà depuis un moment. La côte très découpée toute en montées et descentes, parfois particulièrement gratinées, nous donne à tout moment l’occasion de nous concentrer sur des priorités plus terre-à-terre que de grandes considérations philosophico-intellectuelles : faut arriver en haut !
Nous ne sommes pas près d’oublier la « très belle montée » de Terrigal, s’il ne fallait donner qu’une seule illustration de l’humour cynique des ingénieurs des routes australiens. Et puis, on se concentre sur la route, car la circulation peut être assez stressante et beaucoup d’automobilistes ne sont pas très copains avec les cyclistes. Ils ne manquent d’ailleurs jamais l’occasion de nous le rappeler.
Malgré une année d’entraînement, ces dernières étapes sont donc particulièrement difficiles et c’est à grand peine que nous gravissons la dernière grosse bosse avant d’atteindre Patonga, où nous sommes attendus par un couple australo-suisse que nous n’avons jamais vu. Honnêtement, au moment d’entamer la descente sur ce village isolé en cul-de-sac et sachant que nous devrons refaire la route en sens inverse demain, nous nous demandons sérieusement dans quelle galère nous nous sommes embarqués.
A Patonga, un petit coin d’Helvétie
Accueillis par Maggie et Paul, un couple de jeunes grands-parents dynamiques, chaleureux et généreux, nous sommes rapidement rassurés. Les enfants prennent leurs aises comme s’ils connaissaient la maison depuis toujours et nous attaquons l’apéro avec un brie de Tasmanie, un excellent vin et le pain maison de Maggie avant un très bon repas en agréable compagnie.
On refait le monde, on raconte notre voyage, parle des amis communs et la soirée file. Après une nuit de repos bien méritée, nous nous mettrons en route avec le bagage allégé des enfants et des sacoches : nos hôtes nous raccompagnent en effet avec Léon et Eugénie dans la voiture au débarcadère d’Ettalong où nous devons prendre le ferry pour Palm Beach. Adieux émouvants au moment d’embarquer, avec l’impression de quitter de vieux amis.
La dernière étape
Pour cette ultime étape du 26 juin, nous nous offrons deux ferrys. Le premier pour traverser l’embouchure de la Hawkesbury River, le second à Manly pour traverser Port Jackson jusqu’à Sydney afin de s’éviter 90 km d’autoroute et une chaîne de montagnes de plus. Faire du vélo dans l’effervescence de Sydney n’est pas un but en soi… Et puis honnêtement, on ne les a pas volées nos deux petites croisières !
Nous traversons l’estuaire sur une mer déchainée par un vent tempétueux avec les vélos solidement arrimés au pont. Ça tangue dans tous les sens et le ferry est ballotté comme une vulgaire coquille de noix. Pas de tout repos, mais en tout cas les enfants auront bien rigolé !
Les quarante kilomètres jusqu’à Manly n’ont rien de spécialement excitants. Les paysages côtiers sont très beaux, mais nous sommes condamnés à suivre les grands axes ; nous nous essayons aux trottoirs et devons slalomer entre les abris-bus et les poubelles renversées par les rafales. Ces dernières ne cessent de nous chahuter et nous en arrivons à préférer les montées, abrités derrière buttes et dos d’ânes. A Manly, « tête nord » de l’entrée de Port Jackson, nous prenons notre deuxième ferry de la journée, le cœur serré : nous venons de donner nos derniers coups de pédales avant d’être réellement au centre ville.
Sydney
Comme le matin, une fois sortis du port des ferrys abrité au fond d’une baie, nous passons par une zone de fortes turbulences lorsque nous sommes soumis aux lames de fond de l’océan qui ne se sont en rien calmées depuis tout à l’heure. C’est encore plus impressionnant lorsque nous plongeons dans un creux, du fait que nous nous sommes installés dans un plus gros navire, à l’étage. On se sent minuscules. Mais une fois passée la zone de turbulences, c’est à nouveau le calme plat et dans la lumière tamisée de la fin d’après-midi, nous faisons notre entrée dans la rade de Port Jackson. Nous sommes passés entre les gouttes – merci aux météorologues australiens pour cette très belle erreur en notre faveur – et pouvons profiter d’une superbe fin de journée. Encore un petit cap et… c’est la carte postale, l’image que tout un chacun a de Sydney : les gratte-ciels brillants de mille feux avec l’éclairage rasant du soleil, l’opéra, le gigantesque pont d’acier.
Nous expliquons à Léon et Eugénie que là, maintenant, nous sommes exactement au même endroit que Dory et Marin (dans « Le Monde de Némo »), lorsqu’ils se retrouvent à Sydney une fois recrachés par la baleine.
Nous contournons le Fort Denison perdu au milieu de la rade et entrons dans la Sydney Cove, le cœur même de cette ville fascinante de la plus belle des manières, par voie maritime. Sur le Circular Quay, nous flottons un peu comme dans un rêve ; nous l’avons vraiment fait ! Nous sommes à Sydney après une année à suer sur nos biclous ! Nous passons du rire aux larmes, de l’émotion à l’euphorie, mais tout le monde est heureux. Et d’enchaîner avec la séance photos-souvenirs obligatoire devant l’opéra !
Une nuit dans la City
Mais l’euphorie ne dure pas ; nous remontons sur nos vélos en quête d’un logement pour la nuit – en l’occurrence l’auberge de jeunesse qui a un endroit pour caser nos vélos. C’est tout de suite moins rigolo : heures de pointe, nous roulons sur les trottoirs et dénichons finalement le Central Youth Hostel, dans un bel immeuble Belle-Epoque tout en briques. Pour fêter notre victoire du jour, nous prenons un excellent repas du soir au Great Southern Hotel – un peu « Le Romand » de Sydney – avant d’aller enfin nous reposer avec des images plein la tête.
Dernière étape bis
Le lendemain, nous devons encore traverser la ville et le grand pont d’acier pour rejoindre Chatswood – banlieue plutôt chic à une quinzaine de km du centre-ville – où nous sommes attendus.
On se serait volontiers passés de faire ça à vélo : hormis la traversée du jardin botanique sous un soleil qui se fait de plus en plus discret, nous poursuivrons dans la grisaille, en suivant les grands axes par les trottoirs et les voies de bus.
Pour la traversée du Harbour Bridge, il y a la piste cyclable : Ok, on va la prendre. Le problème, c’est qu’il faut se taper des escaliers, et pas deux marches (aucun regret d’avoir pris le ferry le jour d’avant…). Pour un type seul avec un vélo de course de dix kilos, ça va, mais avec le paquetage et les enfants… En matière de développement du réseau cyclable en milieu urbain, les Australiens ont encore du boulot et apparemment, ce n’est pas une priorité. Encore une dizaine de kilomètres après le pont et nous voilà arrivés dans un joli quartier résidentiel tout en jardins et en verdure.
Petites vacances à Chatswood
Nous sommes reçus à bras ouverts par la famille Herda. Nous nous sentons tout de suite à notre aise chez Shannon et Joe. Léon et Eugénie se réjouissent de trouver Bryce et Sierra, des copains de leur âge, et Alina, la jeune fille au pair n’est jamais à court d’imagination pour occuper les enfants avec des activités créatives. Et il en faut, car les jours suivants, nous serons confinés à l’intérieur – heureusement, la maison est grande et on peut vraiment faire comme chez nous – à cause d’une météo qui ne doit rendre heureuses que les nappes phréatiques.
On attaque le démontage et le paquetage des vélos ; nos hôtes avaient déjà pris les devants en nous dénichant des cartons.
Ultime sortie à vélo entre mecs de Frédo avec Joe, sur des vieux biclous de récupération, pour aller acheter du matériel nécessaire au paquetage à l’autre bout de la localité. Sous le déluge, trempés comme des soupes, avec arrêt obligatoire au pub, ça aura pris la moitié de la journée. Tout ça pour deux rouleaux de scotch… Tant pis, on a bien rigolé en entendant que les loriquets de Chatswood essayaient d’entrer en communication avec les freins grinçants des vélos !
Pour le reste, sorties shopping entre filles, escapades au parc avec les enfants pour profiter des jeux… d’eau (ben oui, c’est normal en hiver, non ?), souvenirs garantis made in China au marché pour touristes etc…
La veille du départ, nous profitons tous ensemble de la première vraie journée ensoleillée depuis notre arrivée à Sydney pour aller visiter le très beau zoo de Taronga. Nous assistons à l’impressionnant show des oiseaux avec en toile de fond le port de Sydney et ses emblématiques monuments. Super journée pour clore en beauté l’épisode australien avant de retrouver l’Europe.
Mais ce n’est pas terminé. Le jour même du départ, Léon et Eugénie vont vivre l’immersion totale en milieu anglophone. Comme ce sont les vacances scolaires, Shannon propose qu’ils participent à une journée de « Holiday school » avec ses enfants. Au programme, jeux en plein air, dessins et surtout de la grimpe !
Pendant ce temps, nous avons pu finir de paqueter sans avoir à nous préoccuper des deux asticots.
Un immense merci à Shannon, Joe, Alina et les enfants de nous avoir accueillis en toute amitié et sans chichis, comme si on se connaissait depuis toujours !
En route pour… Paris !
Mais il est temps pour nous de rentrer. Mardi 2 juillet, nous avons pris l’avion pour Paris, d’où nous rentrerons à vélo jusqu’en Suisse.
Nous arriverons à Aubonne chez les parents de Frédéric (rue de Trévelin 132)
dimanche 14 juillet vers 16h
avec le fidèle soutien du ciel et de nos mollets. Que ceux qui souhaitent voir de plus près l’état de ceux-ci viennent trinquer avec nous, vous êtes les bienvenus !
Nous mettrons en temps voulu des infos sur notre avancée, pour ceux qui aimeraient faire un bout de la dernière étape, probablement depuis la Vallée de Joux.
Quelle sera notre prochaine aventure ? Les paris sont lancés !
7 commentaires »
De Micheline Rusterholz le 6 Juil 2013 | Répondre
Vous voilà en France. Vous allez retrouver des goûts et des odeurs enfouis dans vos mémoires depuis de nombreux mois comme le plaisir d’une baguette de pain croustillante (enfin moi j’aime ça!).
J’essaierai d’être à Aubonne le 14. Quel que soit le jour, je me réjouis de vous embrasser.
Amicalement
Micheline
De Famille Gendre le 6 Juil 2013 | Répondre
Comme nous nous réjouissons de vous retrouver, vous ne pouvez pas savoir !… Mais il faudra que nous attendions un petit peu car l’Espagne nous attend dès demain dimanche jusqu’au 22 juillet.
Tant d’aventures vécues et tant de rencontres et d’endroits finalement laissés derrière soi. Vivre l’intensité d’un retour au bercail. Qu’il fait bon revenir, mais qu’il est difficile de ne pas succomber, déjà, à cette nostalgie naissante. Deux sentiments aux antipodes l’un de l’autre…
Tiens, cela nous rappellerait quelque chose !
Profitez pleinement de votre Tour de France et à tout tout bientôt les amis.
La famille Gendre
De forestier Michele le 8 Juil 2013 | Répondre
bonjour les chouchous…..j’ai perdu mon natel donc votre no de portable, merci de me le donner sur mon mail.
Je me rejouie de vous revoir,mais profiter de votre fin de voyage aprés on est vite repris par le quotidien.
Je vous embrasse
a trés bientôt
De Isabelle le 9 Juil 2013 | Répondre
Mais comme je me réjouis de vous revoir!!!
Le 14 je ne pourrais malheureusement pas, mais je viens volontiers vous faire un petit coucou le 13 sur votre chemin… mais comment faire pour vous rejoindre ou vous joindre?!?
Bisous à vous 4!
De Isabelle W. de Gnèèèève! le 9 Juil 2013 | Répondre
…Et moi je parie pour l’Inde ! ;o)
J’attends de vos nouvelles pour le 13…. ;o)
De Isabelle Feune Crevoisier le 9 Juil 2013 | Répondre
BRAVO à vous 4!
Bon retour en Suisse et…
à bientôt!
Isabelle
De Jacques le 11 Juil 2013 | Répondre
Prochaines aventures:
Trouver du job, un appart, aller à l’école…
Ca sera pas de tout repos non plus… 😉
A dimanche