Aventures en famille

« Welcome to Malaysia ! »

Écrit par Famille Carrard | 27/02/2013 – 16:09

Pédales douces en Malaisie jolie

Nous sommes entrés le 10 février dans ce nouveau pays pour lequel – il faut bien l’avouer – nous ne savions pas du tout à quelle sauce nous allions être mangés. Quid du multiculturalisme ? Comment nos tenues sportives légères allaient-elles être considérées en pays musulman ? Le climat, la chaleur… on se rapproche dangereusement de l’équateur et nous arrivons alors que la mousson n’est pas encore tout à fait terminée… beaucoup de questionnements, quelques inquiétudes, mais surtout une grande soif de découverte et de nouveauté. Lors des deux dernières semaines en Thaïlande, l’arrivée prochaine dans un nouveau pays occupait une part importante de nos discussions. Pas un jour sans que les enfants ne nous lancent sur le sujet : « Demain on est en Malaisie ? », « Derrière la montagne c’est la Malaisie ? ». Papa, on est déjà en Malaisie ? ».

Nous y sommes sans coup férir. Passés la montée au poste frontière, les foules sur la route au marché du dimanche et un tampon vite envoyé avec le sourire par le douanier, on attaque la descente. Ou du moins le croit-on : à peine parcourus 5 km presque sans donner un coup de pédale, une ligne droite de 2 km commençant en faux plat montée puis, se redressant, fonce droit sur une montagne. La contournerons-nous par la gauche ou la droite ? On passe par-dessus pardi ! Voici donc 300 m de dénivelé particulièrement ardus : ça monte raide et surtout, à part quelques brefs coups de cul en Thaïlande, nous n’avions plus connu de vraies montées depuis le Laos, il y a plus de trois mois. C’est parti pour un bon dégrippage des articulations. Heureusement, nous effectuons la montée le matin et côté ubac.

En arrivant en haut, nous nous félicitons de ne pas avoir fait le même trajet dans l’autre sens : en plein soleil et deux fois plus raide, ça donne presque le vertige ! Devant nous s’ouvre une vaste vallée plate avec au milieu le lac Timoh Tasoh et quelques pics calcaires émergeant çà et là. Après le lac, Kangar et à une quarantaine de km à vol d’oiseau, le détroit de Melaka.

Nous descendons prudemment et faisons notre première halte près d’une terrasse au bord de la route entre deux palmeraies, accueillis par deux hommes qui nous invitent à nous asseoir, tout en nous informant que normalement c’est fermé, Nouvel-An chinois oblige ! Tiens, le populo de base parle anglais en Malaisie !? Ils nous servent des limonades halal (avec un goût de sirop contre la toux), puis des cafés. Finalement, c’est déjà pas mal pour un bistrot fermé, non ? C’est ça la Malaisie, sourire, gentillesse et envie de rendre service semblent être innés. « Welcome to Malaysia ! » Nous l’entendons plusieurs fois par jour et ça fait chaud au cœur.

Le reste de l’étape, nous tirons sur Kangar, petite capitale de province où nous découvrons le premier défaut de la Malaisie. Pour le logement hôtelier, il faut compter un peu plus qu’en Thaïlande pour un standard nettement moins bon ; à qualité équivalente, c’est en moyenne 1.5 à 2 fois plus cher. Il faudra s’y faire et adapter notre train de vie, ce qui n’est finalement pas trop difficile puisque Frédo va dans un même temps fortement réduire sa consommation de bière (les Musulmans ont pensé à tout pour nous aider !). La seule marque locale n’est pas terrible et les bières d’importation hors de prix. Nous nous rattraperons sur les innombrables déclinaisons de jus de fruits frais, thés et cafés !

Nous décidons de poursuivre en direction d’Alor Star en espérant nous arrêter dans un « homestay », dès lors que nous en avons croisé plusieurs fois dans la journée ; au passage, nous tournons un peu en rond en suivant des panneaux indiquant des hôtels largement au-dessus de nos moyens.

Rencontre

Un peu empruntés, nous sommes plantés à un carrefour à nous demander quelle route prendre. Une voiture familiale s’arrête, le visage d’une jeune femme voilée tout sourire et s’exprimant dans un anglais parfait nous demande si nous cherchons bien un logement pour la nuit et nous invite à la suivre. Pas le temps de poser 36’000 questions, nous suivons la voiture, rejoignons grande route, feux, files de présélection, perdons la voiture, la retrouvons dans la file… Une semi-autoroute sur 10 km à 20 à l’heure sur la bande d’arrêt d’urgence à la poursuite de la voiture, deux échangeurs et quelques croisements plus loin, nous arrivons dans le campus universitaire de l’Université de Kuala Perlis. Nous pouvons enfin faire les présentations : Ummi est chercheuse à l’université et également chargée des logements pour étudiants du campus. Elle peut ainsi nous loger gratuitement dans une maison actuellement libre; son mari Dino est employé par un journal anglophone. Ils ont trois enfants et l’aînée de 9 ans s’exprime déjà parfaitement en anglais.

Nous passons une soirée sympa avec Dino et les enfants. Invités dans un restaurant malais typique, nous n’avons pas pu sortir notre porte-monnaie, hospitalité musulmane oblige.

C’est aussi l’occasion de découvrir la diversité et quelques étrangetés du pays. Nous mangeons dans un restaurant musulman traditionnel, familial. Les hommes portent le fez et les femmes le voile, ce qui semble traduire des mœurs et des valeurs plutôt « conservatrices ». Au service, un ladyboy sexy et outrageusement tape-à-l’œil fait également partie du staff et tout le personnel a l’air à l’aise comme ça. Nous demandons à Dino ce qu’en pensent les Musulmans et il nous répond qu’il n y a pas de problème, les Malais sont habitués à la diversité. C’est ça la Malaisie et ceci, malgré un discours politique officiel très anti-déviants sexuels… en Occident, c’est le contraire : on a un discours officiellement plus souple vis-à-vis du troisième sexe ou de l’homosexualité, mais dans la pratique, à part dans les bars gays, y a pas beaucoup d’entreprises qui embaucheraient des transsexuels…

Ça cogne dur dans les rizières

Nous quittons nos nouveaux amis au petit matin pour poursuivre notre route vers le sud. La plaine côtière est parcourue par d’interminables routes toutes plates et droites traversant des villages-rues et des rizières : les états du Perlis et du Kedah sont à juste titre considérés comme les greniers à riz du pays. Routes peu ombragées, à part lorsque nous pouvons prendre des petits sentiers parallèles longeant haies et palmeraies.

Sous un soleil de plomb, il ne faut donc pas se montrer chiches avec la crème solaire et les pauses pour se rafraîchir – une impressionnante panoplie de thés glacés aux noms les plus exotiques – rythment les trajets. La mousson est-elle bien terminée dans la région ? Rien n’est moins sûr, comme nous aurons l’occasion de le vérifier…

Alor Star

Nous arrivons à Alor Star, capitale provinciale où les Chinois occupent en principe le haut du pavé en matière de commerce. Pas étonnant donc que leur quartier – toute la moitié ouest du centre-ville, en particulier le secteur historique colonial – fasse un peu ville-fantôme, en cette période de vacances (pour quoi déjà ?).

La partie moderne du centre-ville est particulièrement moche, les rares bâtiments anciens étant noyés sous un magma de béton et de buildings à catelles hideux, mais c’est là que nous trouvons l’atmosphère la plus vivante et la plus authentiquement malaise.

Au marché, nous nous essayons avec plus ou moins de bonheur à toutes sortes de spécialités culinaires, la palme du rigolo revenant aux fameux « ais kacang ».

Hormis la visite du vieux quartier commerçant chinois, le centre-ville est digne d’intérêt, avec tout l’apparat monumental colonial et une très belle mosquée.

La principale attraction pour les enfants, c’est principalement la tour d’où on domine toute la ville et la fête foraine – le « carnaval » musulman – à ses pieds : musique folklorique et hamburgers halal font partie de l’ambiance très populaire.

En route pour Penang

Après deux jours de pause bien mérités, nous attaquons encore deux étapes ensoleillées. La première nous fait traverser les rizières par des petites routes campagnardes, puis une petite montée pour arriver sur le versant humide de la côte occidentale de la péninsule.

A la sortie d’un virage, un monsieur en fez nous fait signe de nous arrêter avec beaucoup d’insistance en se plantant devant nous. Nous freinons pour éviter l’accident en ronchonnant. Le sourire revient rapidement, il se présente comme un cycliste, il a lui-même traversé tous les pays d’Asie du sud à vélo. Séance photos, dix minutes d’interview saisies avec son appareil photo ; photos souvenirs avec son épouse qui tente de réfréner un peu les ardeurs de son mari.

Finalement, nous nous faisons inviter à boire un lait de coco chez un marchand de fruits un peu plus loin. Il nous offre encore deux kilos de bananes et des salak, drôle de fruit à peau de serpent et dont la chair ressemble extérieurement à une gousse d’ail. Il est tellement enthousiasmé par notre équipée que son enthousiasme déborde sur le marchand qui nous offre encore un kilo de bananes supplémentaires et deux noix de coco à l’emporter…

Nous devons néanmoins prendre congé et terminer l’étape jusqu’à Sungai Petani, lieu où nous rencontrons Peter, un cyclo danois. Nous passons la nuit dans un hôtel particulièrement pourri et c’est donc sans aucune peine que nous arrivons à démarrer aux aurores pour terminer notre voyage vers Penang.

Cette ultime étape avant notre grosse pause insulaire nous conduit à Butterworth (la ville qui compte pour beurre dans les circuits touristiques), où une imprécision de signalisation pour le ferry nous mène sur l’autoroute. Bien nous en a pris, puisque nous avons une trois voies rien que pour nous, avec une bande latérale de 3 m de large. Après un gros mic-mac d’échangeurs, nous sommes tout de même soulagés d’arriver au terminal des ferries, dont l’accès n’est absolument pas prévu pour les vélos. Sur le ferry, nous rencontrons Kimi et Ricky, un couple de cyclos malaisiens chinois, qui nous guident au centre-ville – moyennant présentation avec leurs amis, arrêts pour discuter, visite de différents hôtels etc… Nous faisons grâce à eux la connaissance d’autres cyclos, comme Alain le Français et Satoshi le Japonais. Quant à notre pied à terre pour une semaine, ce sera le Noble Hotel dit le « cimetière d’éléphants », un étonnant vivier de routards sédentarisés plus ou moins originaux !

La ville de Georgetown, que nous avons quittée le 22 février au matin, vaut à elle seule un article. Il faudra patienter pour connaître les aventures de O’Malais le chat de gouttière à Qkc…


3 commentaires »

  1. De Les Rusterholz le 1 Mar 2013 | Répondre

    A lire tous ces récits de lieux traversés, je pars dans les rêves et les envies d’en découvrir quelques uns, mais pas tous, loin de là et je comprends très bien Eugénie qui n’aime pas trop ces choses qui font du bruit sur le mince toit d’une tente.
    J’ai beaucoup d’admiration pour l’énergie que vous déployez dans cette aventure.
    Amitiés
    Micheline

  2. De Céline Jan le 4 Mar 2013 | Répondre

    Coucou à vous 4,
    Je suis régulièrement vos aventures… C est un vrai plaisir de vous lire et de découvrir ces belles photos 🙂 merci pour ces récits qui, malgré les difficultés rencontrées parfois, donnent vraiment envie de découvrir tous ces pays, leurs coutumes et leurs habitants. Je vous envoie plein de courage pour les prochains coups de pédale 😉 et me réjouis de vous lire bientôt. Bisous à tous.
    Céline

  3. De Association Léman Tradition le 21 Avr 2013 | Répondre

    Un grand salut à nos aventuriers et partenaires, milles merci pour ces belles histoires transmises en directe et pleine de découvertes.
    C’est un voyage riche en savoir vivre, esprit de famille, solidarité, amour, partage et courage, en fin..toutes les bases de la vie.
    Tous les membres du comité suivent de près vos aventures et se réjouissent de vous revoir en pleine forme et bonne santé. A vos pédales et en avant toute pour la suite.
    Nous vous attendons pour une petite nouvelle aventure ors du Léman Tradition qui aura lieu à Vevey du 31 juillet au 04 août.
    Bisous et à bientôt.
    Alexandre

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