Aventures en famille

Bernard l’ermite s’en allait à la plage

Écrit par Famille Carrard | 03/02/2013 – 17:20

Un bout sur le Golfe de Thaïlande

Nous quittons Prachuap Khiri Khan le 20 janvier. Moment d’émotion fort au moment de quitter nos amis bretons avec qui nous venons de passer une super semaine.

Du coup, comme on a un peu besoin de se vider la tête et d’éliminer quelques toxines (ah bon ?), le début de l’étape se fait sur les chapeaux de roues. 35 km sur la nationale 4 à fond la caisse, jusqu’à la première pause de midi, comme il se doit dans un boui boui popu au bord de la route.

Depuis Thap Sakae, jolie petite ville apaisante aux maisons de bois, nous reprenons ensuite les petites routes côtières et un rythme plus tropical. On joue à cache-cache avec la voie ferrée et, sur ce terrain légèrement vallonné, les routes ne serpentent pas en fonction du relief, mais font des détours au premier abord improbables en suivant les méandres de rivières, les mangroves ou en évitant les plantations de cocotiers ou les fermes à crevettes.

Comme plus au nord, les baies alternent entre des zones plantées de « resorts » ou de bungalows et des kilomètres de plages de sable blanc où s’affairent des chasseuses de coquillages.

Nous rencontrons même des singes dressés à la récolte de noix de coco. Durant la séance photos, nous nous sommes gardés de retirer nos casques…

 En trois jours de tours et détours sur cette très belle côte, nous croisons à plusieurs reprises des cyclos, ce qui est relativement nouveau pour nous. La plupart voyagent en couple : des jeunes Danois à l’air très sportifs qui font du vélo pour la première fois hors de l’Europe du Nord (bonjour le choc thermique !), des couples de FJR (fringants jeunes retraités), autrichiens et, plus tard, néerlandais qui effectuent ce que l’on pourrait appeler en langage cycliste une « classique » : Bangkok-Phuket !

Pour le logement, c’est toujours la croix et la bannière, les bungalows pas chers ne se trouvant jamais sur le trajet en fin d’étape, comme par hasard. Nous varions les plaisirs, avec comme seule constante, la course contre la montre avec les moustiques avant la tombée de la nuit. Nous dénichons çà et là un « resort » les pieds dans l’eau, décrépit et vide en pleine saison, où nous nous posons toujours la même question : comment survivent-ils !

Notre expérience la plus remarquable : faute d’hébergement dans un périmètre d’une trentaine de km, nous plantons notre tente dans un temple bouddhiste. Juste en face, un petit bouiboui fera très bien l’affaire pour nos « padthaï » du soir. Le hic, c’est qu’il y a mariage au village et que tout le monde y est, ce qui signifie que tout établissement public officiel ou non est fermé pour la soirée. Le tenancier du restaurant nous invite donc au mariage où nous allons pouvoir faire un vrai repas de fête, au milieu de 800 personnes (décompte à la louche), comme nous ne nous sommes jamais offert en voyage… on se sent un peu mal à l’aise, mais nos réticences seront balayées, lorsque la mariée nous invitera tout sourire à la séance photo.

Nous rejoignons Chumphon, petite capitale provinciale sans grand cachet, mais où nous dénichons quelques quartiers et marchés à l’ambiance popu très sympa. Nous squatterons durablement la terrasse du bar le « Farang » (= « l’étranger », étymologiquement « le français »), pendant qu’Eugénie fait son marché dans la boutique voisine d’artisanat en cuir. C’est de cordon en alène qu’elle qui nous fera découvrir son petit paradis et ses trésors. Nous y passerons un bon moment à sympathiser avec les artisans et refaire notre stock de très jolis souvenirs…

Puis on bascule sur la mer d’Andaman

Le temps presse – expiration du visa oblige – mais les envies de visites se multiplient. Sur les conseils de Pierrot le Breton et de Fabrice le Genevois (cyclo rencontré à l’arrache lors de notre départ de Chumphon), nous tirons définitivement une croix sur Phuket ; nous craignons d’être déçu par ce haut lieu du tourisme de masse et préférons découvrir Ko Phayam, petite île au sud-ouest de Ranong, notre prochaine ville étape. Le changement entre les deux côtes est assez flagrant : plus nous tirons à l’ouest, plus le climat devient tropical. Partis en pleine forme de Chumphon avec une vitesse moyenne de 20km heure en faux-plat montée pour la première journée, nous finirons la deuxième jusqu’à Ranong en tirant la langue et en transpirant à grosses gouttes… Il fallait bien un petit test de résistance pour nous rappeler que Sumatra, la tropicale et montagneuse, nous attend à lianes ouvertes !

Ko Phayam raconté par Eugénie et Léon

On a pris d’abord le bateau pour aller à Ko Phayam. Il y avait des tabourets dedans avec beaucoup de gens et nos vélos.

On a vu des « tritons traités », une espèce de poisson qui peut vivre en dehors de l’eau. On a dormi dans un bungalow à l’ombre des arbres à cajou. On aimait trop les noix de cajou, mais si on ouvre un fruit, ça nous enlève le bronzage sur les doigts !

Avec notre copain Anton, on jouait aux briques et avec Sohan, on jouait au sable et on sautait dans l’eau. Avec papa, on a été à la recherche des « tritons traités » et on a chopé des bernard l’ermite.

On a pu regarder la marée haute et la marée basse. Voici l’explication d’Eugénie en désignant un chien sur la plage : « C’est le chien qui a tout bu l’eau, parce qu’il ne voulait pas de p’tits tuyaux dans la tête et c’est pour ça qu’y a plus d’eau ?! ».

De Ranong à Krabi, trajet maudit…

Afin de ne pas prendre trop de retard sur notre échéance du 10 février, date butoir de notre visa thaïlandais, nous avons prévu de faire ce trajet d’environ 300 km en une journée en bus, avec quelque appréhension comme à chaque fois que nous devons charger toute notre caravane dans un transport public. Appréhension justifiée puisque cette option s’est muée en un véritable parcours du combattant.

A la gare des bus de Ranong, on nous signale que nous devons prendre le bus au bord de la route. Nous nous dirigeons donc vers un type que nous identifions comme le chauffeur et dont la mine patibulaire est digne des truands des films de Sergio Leone : ça promet. Avant de répondre, il discute longuement avec un autre gars guère plus recommandable. Résultat des courses, des tarifs pour les vélos représentant plus du double du prix passager. Après discussion, il arrête son prix à 1500 baht, ce qui reste largement au-dessus des normes acceptables par rapport au prix du billet, sachant que le chauffeur se met ça directement dans la poche et que ça ne lui coûte rien, même pas en sueur puisque Frédo charge toujours sans aide. Nous partons dégoûtés qu’on se paie notre tête de la sorte et embrayons sur une belle étape de vélo de 65 km.

Tout en roulant, nous faisons du stop avec les camions, pick ups (la plupart voyagent à vide…) pour tenter de rallier Krabi le jour même ou du moins de s’en approcher. Finalement, Laure – bien décidée à pratiquer « je pense très fort à ce je veux et ça marche » (merci Carole !) – se plante au milieu de la route en pleine montée et nous sommes pris en charge par un pick up plein à ras bord de caisses réfrigérantes sentant le poisson : Frédo sur le toit avec armes et bagages pendant que Laure et les deux enfants s’entassent à côté de la petite dame (déjà bien potelée) sur le siège passager.

Et c’est parti pour 50 km en stop jusqu’à Khuraburi, trajet gracieusement offert par ces gens adorables qui refusent obstinément un petit billet pour l’essence… Nous aurons donc testé le même jour la grande gentillesse et la filouterie qui peuvent en alternance caractériser les Thaïlandais.

Après une nuit à Khuraburi, nous tentons à nouveau l’exercice. Deuxième tuile, nous sommes sur le même trajet : le bus qui a déjà 1h30 de retard est conduit par le second type patibulaire (le copain ou le patron du truand…) qui nous accuse d’avoir refusé une offre intéressante, nous jette à la tronche une offre encore plus pourrie que le jour précédent et dans la foulée, nous ferme la porte au nez et se taille. C’en est trop ! Crise de larmes et de colère, on reste plantés sur le quai abasourdis. Finalement, nous trouverons la solution en faisant le trajet en deux parties dans des petits bus locaux avec des chauffeurs légèrement moins mafieux.

Ouf, nous sommes à Krabi !


5 commentaires »

  1. De Marraine Céline le 4 Fév 2013 | Répondre

    Bien joué les amis!
    Faut pas se laisser faire quand-même, y a des limites! C’est pas facile d’accepter la malhonnêteté, encore moins quand on est loin de chez soi… Mais ça rend d’autant plus reconnaissant de tomber sur des gens gentils et aidants 🙂
    Vos photos sont superbes, vraiment bravo! Les pitchounes qui courent sur la plage en ombre thaïlandaises ou l’aigle marin… sublime!
    Merci de continuer à nous faire rêver et bien du plaisir pour la suite!
    Des becs!

  2. De irene.stadlin le 5 Fév 2013 | Répondre

    L aventure continue, on dirait! Et plus fort que jamais! Et le récit suivant sera celui de la prochaine douane, si j ai bien compris la règle du jeu…
    Grand maman habite à l’E m s des diable r e t s depuis ce matin. Si l’animatrice l’aide, elle aura prochainement de vos nouvelles. Gros becs à vs quatre et que tout se passe bien cett e semaine.

  3. De forestier Michele le 7 Fév 2013 | Répondre

    Salut les aventuriers!bravo faut quand même pas pousser mémé dans les orties….parfois les chauffeurs ou autres. Nous prennent pour des portes monaies ambulant.heureusement il y a toujours l autre coté de la médaille. Ici aujourd’hui il neige et je me prépare a partir skier ou faire une balade en raquettes,faite un petit plongeon pour moi.gros becs a vous et belle suite,je vous lis toujours avec grand plaisir.

  4. De Audrey (Sarah's sister) le 7 Fév 2013 | Répondre

    Hello la famille Carrard!
    Après avoir régulièrement entendu parler de votre voyage par ma soeur, j’ai eu le plaisir en cette soirée enneigée de lire vos récits Félicitations pour cette belle entreprise!Quelle aventure! je vous souhaite plein de belles découvertes encore et de profiter de ces moments riches en souvenirs et émotions! merci aussi de les partager (en plus si bien écrits) sur votre blog! A bientôt!

  5. De Albert Rusterholz le 10 Fév 2013 | Répondre

    Pour toutes sortes de raisons, j’ai dû faire une pause dans votre voyage… enfin, dans sa lecture ! Mais c’est avec plaisir que je me suis remise à jour. En fait, c’est un fantastique moment d’évasion que de vous lire, mais pas vraiment d’envie d’être à votre place, je dois l’avouer (je vieillis confort !)
    Il y a quand même des lieux traversés par vous que j’aimerais assez découvrir. Le Laos en est un. Qui sait… pour l’instant, nos projets sont plutôt nordiques. Nous avons promis à Luca, notre petit-fils, d’aller au Cap Nord avec lui cet été.
    Je me réjouis de découvrir la suite de vos aventures. Amicalement. Micheline

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