Aventures en famille

Bonne année 2556 !

Écrit par Famille Carrard | 06/01/2013 – 10:18

Eh oui, c’est le cap que nous venons de passer après déjà trois semaines en Thaïlande, calendrier bouddhiste oblige.

Arrivée en Thaïlande

Nous sommes entrés en Thaïlande par les Monts Cardamomes le 13 décembre. On ne savait pas trop à quoi s’attendre pour notre cinquième pays asiatique. Pour l’instant, une surprise (mais en est-ce une ?) : c’est moins dépaysant que ce que l’on pensait. Contrairement à ses voisins où le tourisme ne s’est développé que récemment et qui ont gardé un peu de leur « innocence » et de leur authenticité, on sent qu’ici, la consommation à l’occidentale, le tourisme de masse, les infrastructures performantes et les grosses bagnoles font partie des acquis depuis belle lurette.

Premier arrêt à Chanthaburi : une ville assez commode pour faire étape la frontière franchie. Il s’agit d’un haut lieu du commerce des pierres précieuses où des négociants viennent chaque fin de semaine de toute l’Asie faire leurs emplettes. Nous arrivons à la nuit tombante dans les bouchons, heureusement un jeudi, et les hôtels petit budget ne sont pas complètement saturés. Nous laissons de côté les gemmes, assurément pas notre tasse de thé et pas vraiment le type de marché à fréquenter avec des enfants. Nous préférons prendre la température du pays en visitant la vieille ville et ses terrasses le long de la rivière. Les Thaïs sont des as en matière de bar à café où l’esthétisme du lieu est souvent mis en avant, encore plus que la boisson caféinée en elle-même. Dorénavant, tous les prétextes seront bons pour déguster café glacé, mocha et chocolat froid (à défaut de pain au choc !) en cours d’étape.

Après une journée de repos, direction la mer. Nous évitons au maximum les grands axes. Les rizières sont pratiquement absentes de la côte, désormais surtout dévolue à « l’industrie » balnéaire. Les petites routes campagnardes sinueuses nous mènent  à travers des friches à l’aspect de savane disséminés entre étangs et pêcheries, parfois entrecoupées par des estuaires envahis par la mangrove. C’est quelques kilomètres avant la mer que nous passons le cap symbolique des 6’000 km, synonyme de la moitié de la distance – très théorique et approximative – à parcourir lors de notre périple.

Le long de la route côtière, c’est en alternance ghettos résidentiels pour retraités occidentaux, paillottes et plages interminables bordées de cocotiers, qui nous accueillent. Alors que certains secteurs sont envahis par les « resorts » en tous genres et de tous budgets, d’autres sont littéralement abandonnées.

Comme nous arrivons le dimanche, nous pouvons observer un phénomène remarquable du point de vue anthropologique : le week-end, la jeunesse dorée de Bangkok descend sur la côte dans des cars-disco à deux étages très colorés – on a tout vu de Cendrillon à Némo en passant pas les Chevaliers du Zodiaque – qui se garent à 10 mètres de la plage, le long des routes (hem… sur les pistes cyclables). Invariablement, pop thaïlandaise passée en boucle et à pleins tubes ; les moteurs tournent en continu pour maintenir à température l’air con (-ditionné). Les usagers n’en sortent que pour s’approvisionner en alcool et en brochettes fournies par les motos-barbecue ambulantes. Les plus fortunés (endettés ?) font de même dans leurs véhicules privés, invariablement des pick-up Toyota Vigo tunés qui se transforment en light-show dès la nuit tombante. Le dimanche soir, tout ce joli monde remonte à la capitale avant de remettre ça le week-end suivant. Une semaine de travail ne sera pas de trop pour cuver tous les cocktails ingurgités. Ce rythme trop irrégulièrement effréné ne semble pas convenir à tous les établissements hôteliers de la région, en témoignent d’immenses complexes, résultat d’investissements aux risques mal mesurés, laissés à l’abandon.

C’est donc dans un petit hôtel désert que nous prenons nos quartiers dès le dimanche 16 décembre après-midi pour deux nuits, le temps d’une journée de repos à la plage. C’est une aubaine pour la fille des propriétaires, qui ne voit vraisemblablement pas souvent des enfants, de partager son tas de sable avec Eugénie et Léon et de déguster nos céréales au chocolat.

Dès le lundi, il ne reste guère que quelques touristes occidentaux et les retraités expatriés pour animer un tant soit peu les rivages. Les paillottes tournent au ralenti et il faut parfois interrompre la sieste des tenanciers désœuvrés pour espérer acheter de quoi se sustenter.

Seuls sur la plage, une journée baignade et châteaux de sable nous permet de nous préparer psychiquement aux trois prochaines journées qui nous attendent : cette fois, même en prenant les routes secondaires, la circulation est au rendez-vous et c’est accompagnés de pick-up et de camions que nous effectuerons l’essentiel des 200 km qui nous séparent de Bangkok.

Gare aux crocs (canins et non caoutchouteux)

Une nouveauté malheureuse en Thaïlande, à laquelle nos plus de cinq mois de périple ne nous avaient pas habitués : nous nous faisons systématiquement courir après par des chiens. Si la plupart du temps, il s’agit d’aboiements pour faire peur, nous avons dû piquer quelques sprints pour échapper aux crocs de quelques molosses enragés qui n’avaient visiblement pas envie de papouilles. Etonnamment, ce ne sont pas les chiens errants qui sont agressifs, mais bien des chiens domestiques, jamais attachés, qui zonent le long des routes en marge des habitations et qui font valoir leurs droits bien au-delà de leur territoire… Soit un facteur de danger en plus, surtout lorsqu’ils déboulent par surprise et nous obligent à faire un écart sur la route. Nous devons être constamment sur nos gardes pour parer à ce danger en plus du trafic motorisé.

Plus réjouissant, notre première nuit de camping sur sol thaïlandais s’avérera concluante. L’accueil dans les temples bouddhistes est toujours au top et cette fois, pas besoin de sortir notre attirail de cuisine, puisque le Maître du temple tenait personnellement à ce que l’on nous offre le repas du soir et le petit déj’. De manière surprenante, le temple est un lieu de vie à la manière d’un village où l’on trouve écoles, cantines et une immense esplanade dévolue aux manifestations religieuses aussi bien que civiles. Comme une manifestation particulière semblait se préparer et que probablement un certain nombre de moines externes au temple se trouvaient là pour la nuit, toute une série de tentes igloo se dressaient sur le gazon… En squattant le préau du jardin d’enfants, nous faisions presque couleur locale.

Bangkok

Après cet épisode infiniment plus reposant que les routes thaïlandaises, il s’agira de survivre dans la jungle de la circulation aux environs de Bangkok. Pas ou peu de pistes cyclables et lorsqu’elles existent, elles sont utilisées en permanence comme place de parc ou par des camions. Dans tous les cas, à chaque carrefour et pire, à chaque échangeur, l’itinéraire cyclable disparaît comme par enchantement… pour éviter au maximum les grands viaducs, nous entrons donc dans Bangkok par ferry, avant d’entamer les 15 derniers km jusqu’au centre-ville. Au menu, des bouchons à rallonge où nous rivalisons d’adresse en slalomant avec les motos.

Lessivés par le bruit et la tension permanente qu’impose la conduite dans cette métropole tentaculaire, c’est avec soulagement que nous posons nos sacoches pour quelques jours. Sans aucune hésitation, nous décidons de ne pas retoucher nos vélos avant le jour (appréhendé) où nous sortirons de Bangkok. Seule entorse, amener nos montures pour révision et quelques réparations au magasin VeloThailand, heureusement, dans la rue voisine de notre hôtel. L’équipe de VeloThailand avait entre autre pour mission de solidifier la coque de la remorque qui s’est fendue juste après le passage des 6000… Munie de plaques et de vis, espérons que cela tienne aussi bien que celles de la hanche de Laure !

Comme à Siem Reap quelques semaines plus tôt, nous retrouvons pour trois jours les grands-parents avec grand plaisir. Ils accompagnent les enfants au zoo pendant que les parents doivent régler les réparations de vélo et divers achats de matériel. Sinon, on tente de s’imprégner un peu de cette ville surdimensionnée qui paraît sans queue ni tête de prime abord. En déambulant au hasard des rues touristiques, nous retrouvons une vieille connaissance, Erwan rencontré à Luang Prabang avec qui nous refaisons le monde (ou du moins l’Asie du Sud-Est) autour d’une bonne Chang. Les balades avec les grands-parents seront consacrées à la visite des parcs, des cafés et des restos. Au terme d’une virée en bateau sur les canaux serpentant au milieu des quartiers populaires, nous visitons aussi la maison-musée de Jim Thompson, havre de culture bon teint et de verdure apaisant, coincé entre bidonvilles et temples de la consommation.

Drôle de Noël…

Trois journées trop courtes : le 23, après avoir fêté dignement les quatre ans d’Eugénie – qui suce toujours son pouce… – avec un gâteau au chocolat, les grands-parents doivent reprendre l’avion direction la Suisse. Pour eux, la fête se fera avec le reste de la famille, mais pour nous, c’est un gros vide la veille de Noël. Drôle de soirée, où nous finissons les restes de gâteau sans vraiment apprécier, heureusement égayée par quelques appels skype qui nous changent les idées.

Les 24 et 25, nous ne sommes pas vraiment dans l’esprit des fêtes, même si les décorations de Noël sont omniprésentes dans les quartiers touristiques et les supermarchés. Nous vaquons donc à nos occupations des jours de repos et avons un entretien sympa par skype avec un journaliste qui nous vaudra un super article dans le 24 Heures du 27 décembre ; pendant ce temps, les enfants sont à la sieste. Nous nous offrons un bon petit souper au resto le 24 au soir. Surprise le 25 au matin, le Père Noël a eu le temps de venir jusqu’à Bangkok pour déposer de menus cadeaux (non encombrants, comme il se doit) dans les chaussures de Léon et Eugénie !

 Nous prolongeons notre séjour à Bangkok de deux jours, pas pressés de nous remettre en selle et arrivons à faire un peu les touristes. Nous prenons encore quelquefois le bateau, visitons le temple de Wat Phou et son Bouddha couché géant, testons le skytrain et nous promenons dans quelques espaces de verdure pour laisser courir nos deux terreurs.

Le 28, empoignant notre courage à deux mains, nous mettons le réveil à 5h00 pour partir avant le gros du trafic ; à 6h15 en selle, 7h15, première pause après avoir franchi le périph de Bangkok, ouf…

Nous parvenons à éviter en partie la grande route jusqu’à Nakhom Phatom. Une escale à Ban Phou, puis nous tirons les derniers 50 km jusqu’à Kanchanaburi sur le rivière Kwaï (en fait Yai Kwae) où nous passerons un nouvel an très sympa au bord de la piscine de notre hôtel. Quel luxe !


6 commentaires »

  1. De Albert Rusterholz le 7 Jan 2013 | Répondre

    Cette semaine, les répétitions de Chantevigne recommencent, donc les retrouvailles avec les grands-parents et comme ce sera la première répète de la nouvelle année, il y aura la « verrée », nous aurons ainsi le temps d’entendre Andrée et Jean-Daniel nous raconter un bout de leur voyage. Je me réjouis.
    Je me réjouis aussi de lire la suite de vos aventures.
    Affectueusement
    Micheline

  2. De Marie Agnès Richard le 8 Jan 2013 | Répondre

    Bonne Année 2013 à vous 4
    Continuez à nous faire voyager et rêver.
    Bonne suite et à bientôt
    Marie Agnès

  3. De MICHELE ET FRANCIS le 9 Jan 2013 | Répondre

    nous avons fait un brin de route avec vos parents ( de siem reap à Bangkok) avec qui nous avons sympathisé ; nous sommes admiratifs (et envieux !) face à votre très belle aventure .
    Nous vous souhaitons une bonne année 2013 à tous les 4 (ainsi qu’à vos parents dont nous avons oublié le mail)
    Si vous passez en ardèche vous serez les bienvenus (Quintenas est le nom de notre village)
    amitiés
    Michèle et Francis

  4. De Marraine Céline le 10 Jan 2013 | Répondre

    Bonne année les loupiots!!
    J’ai pensé fort à Eugénie depuis l’Afrique le 23 décembre. Joyeux anniversaire la poussinette!! Contente de voir que vous allez bien. Profitez, l’hiver au soleil c’est vraiment top! Des gros bisous à vous tous!

  5. De ivan le 10 Jan 2013 | Répondre

    bonne année 2013 ou bonne année 2556 gros bisou à toute la famille ivan.

  6. De sarah duperrex le 11 Jan 2013 | Répondre

    Chers vous 4,
    Une pensée pour vous et plein de bisous! Bonne suite dans votre périple, que de plaisir à vous lire, et à admirer vos photos…c’est de l’art!!
    Bon anniversaire à Eugénie (très très en retard, je suis navrée)
    et à très bientôt! C’était sympa d’avoir pu vous faire un petit coucou le 31 décembre en « live » malgré l’heure avancée de la nuit pour vous et quelques difficultés de communications…;-) mais le coeur y était!
    Sarah

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