Aventures en famille

Le long de la Baltique, tout baigne !

Écrit par Famille Carrard | 26/10/2014 20:25

Ce parcours le long de la Baltique, c’est un peu un concentré des petites choses qui pimentent les voyages à vélo : de l’aventure, des tracés qui ne figurent pas dans les manuels des ponts et chaussées, des conditions météo capricieuses, des découvertes culinaires, des rencontres…

Notre petit article de mi-parcours était teinté d’incertitude car nous étions en train de réaliser que notre objectif de rallier Stralsund (au nord de Berlin) à Gdansk le long de la Baltique et retour en trois semaines était peut-être trop ambitieux… En effet, à la moitié du voyage – soit le matin du 6 août – il nous manquait encore quelque 200 km avant d’atteindre Gdansk. N’ayant aucunement envie de mettre une croix sur cette ville, nous avons passé la deuxième pour y arriver.

Pour le retour, nous avons retraversé le pays en train jusqu’à Szczecin, puis jusqu’à Francfort sur l’Oder, notre ultime ville étape.

Notre parcours

Partis de Bâle le 26 juillet, nous sommes arrivés à Berlin le 27 ; sans sortir de la gare, nous avons enchaîné jusqu’à Stralsund, charmante ville hanséatique qui fait face à l’île de Rügen, le point le plus au nord-est de l’Allemagne. Comme la motivation est au rendez-vous, nous traversons le viaduc menant sur l’île et logeons au camping d’Altefähr. Dès le lendemain, traversée du sud de l’île, ferry pour rejoindre la terre ferme, puis via les vieilles routes pavées de Poméranie jusqu’à Eldena, à la sortie de Greifswald. Gdansk se trouve alors à 580 km, selon la signalisation de la R10 (l’itinéraire cyclable Eurovelo 10).

La deuxième étape nous mène à Wolgast, puis sur l’île d’Usedom, où nous découvrons les chemins ensablés. La forme est là, pas de séquelles du voyage en train et Léon est très fier de pouvoir faire 35 km sans être accroché au vélo de Frédo. En fin d’étape, nous atteignons notre premier objectif majeur : la Pologne ! A Swinoujscie, nous testons le camping « à la polonaise ».

La troisième étape, nous franchissons la Swina (l’un des bras du delta de l’Oder) pour rejoindre l’île de Wolin. Nous perdons rapidement la R10 et suivons donc de grandes routes jusqu’à Miedzyzdroje. Sous une pluie battante, les chassés-croisés entre routes et chemins forestiers inondés nous conduisent jusqu’à Dziwnow où nous nous offrons notre première pause de deux nuits.

Du 1er au 4 août (étapes 4 à 7), nous commençons par des tracés à plat, le long de la côte avec une alternance de chemins sauvages en forêt, de routes à très gros pavés et de stations balnéaires dignes de Disneyland. Nous faisons halte à Kolobrzeg, puis à Koszalin chez Jacek (cf. plus bas : « Rencontres »). Sur ses conseils, les chemins étant très ensablés, nous enchaînons les tronçons loin de la mer et goûtons aux campagnes vallonnées de l’arrière-pays, avec un vent sec de face comparable à une bonne bise de chez nous.

Après une étape au drôle de camping de Darlowo, nous atterrissons à Ustka, charmante petite ville touristique, mais plus pittoresque que les habituelles stations balnéaires. C’est pendant cette pause que nous aurons l’occasion de tester l’étanchéité de notre matériel de camping (cf. plus bas « Déluge au camping »)…

Après deux nuits à Ustka et autant d’inondations, nous repartons de plus belle par monts et par vaux, avec toujours les mêmes chemins ensablés, et traversons le parc national autour du lac de Gardno après Rowy.

Suite aux orages torrentiels des derniers jours, nous quittons les sentiers forestiers pour faire un peu d’avance par la grande route. Arrêt près de Leba puis une nouvelle étape de cambrousse bien vallonnée (la neuvième).

Nous passons devant le lac artificiel de Jezioro Zarnowieckie, qui entre-deux-guerres marquait la frontière entre l’Allemagne et la Pologne. A la fin de cette harassante neuvième étape, nous voyons du sommet d’une colline la baie de Gdansk et la presqu’île de Hel. Arrêt bien mérité à Puck, dernière ville-étape avant notre but.

Nous ferons la dixième étape en compagnie d’un couple d’Allemands, Louisa et Stephan et atteindrons Gdansk en soirée, non sans avoir fait des détours, des montées inutiles, réparé deux fois les pneus de Stephan et bien d’autres aventures. A notre arrivée, nous totalisons 612 km.

Deux jours de pause à Gdansk nous permettent de sillonner à pied le centre-ville.

Le 11 août au matin, embarquement dans le train pour Szczecin où, arrivés à la mi-journée nous prenons nos quartiers au camping.

Le lendemain, notre onzième étape, la dernière à 100% polonaise, nous faisons une avance substantielle par la route jusqu’à Chojna (anciennement Königsberg in der Neumark).

L’étape suivante sera plus campagnarde, avec des petites routes à travers champs et forêts jusqu’au hameau de Gozdowice, où nous retrouvons la très belle vallée de l’Oder. Entrés en Allemagne par ferry, nous suivons la rive occidentale du fleuve par les digues.

Après une nuit au camping de Zechin, à l’intérieur des terres, nous rejoignons pour la treizième et ultime étape Francfort sur l’Oder, très sympathique épilogue à notre aventure cycliste.

Le lendemain 16 août, nous reprenons le train jusqu’à Berlin, où nous passerons encore une journée à sillonner la ville sur nos fidèles destriers, avant d’entamer l’ultime gymkhana pour embarquer toute la caravane dans le train de nuit.

Itinéraires balisés

La côte balte comporte, outre une multitude de petits itinéraires régionaux plus ou moins bien balisés, deux grandes routes : le « Ride the Baltic », que nous avons emprunté dans la région de Koszalin et qui commence on ne sait où pour se terminer on ne sait où… Il s’agit plus vraisemblablement d’une appellation régionale de la R10, l’un des grands itinéraires européens. C’est en gros ce dernier que nous avons tenté de suivre de Stralsund à Gdansk. Etonnamment, tant que l’on se trouve sur des routes toutes droites sans possibilité de tourner à gauche ou à droite, il y a un balisage régulier tous les 20 m (ou tous les deux tilleuls) ; par contre, dès que l’on se retrouve sur des chemins sinueux en pleine cambrousse ou dans la forêt, les indications disparaissent.

Et ce n’est pas faute d’avoir cherché aux croisements stratégiques. Le phénomène s’observe tant sur le territoire polonais qu’en Allemagne, pays pourtant réputé comme le mieux équipé en matière d’itinéraires cyclables… et pour ceux qui ont tenté de suivre certaines routes de « La Suisse à vélo », ce type de petit défaut de balisage semble une constante…

Fesses en feu et bras en compote…

En matière de pistes cyclables, nous pourrions créer une typologie assez sophistiquée, à commencer par des pavages tout neufs et bien marqués sur des trottoirs avec une séparation nette des pistes pour cyclistes et piétons. Cette norme urbaine allemande se retrouve en Pologne de manière aléatoire, en ville bien sûr, mais aussi parfois dans des petits bleds perdus, pour 200-300m… Sinon, il y a les anciennes grandes routes pavées de Poméranie (remplacées par des semi-autoroutes) et qui servent maintenant aux vélos, aux tracteurs et à quelques Fangio autoproclamés qui veulent se faire monter l’adrénaline en slalomant à pleins tubes entre les précédents.

Mais la grande découverte pour nous, ce sont les pistes de forêt et de campagne le long de la mer : il faut savoir que le vent y souffle en permanence; il en résulte que les chemins de forêt sont systématiquement composés d’un sable fin meuble, parfois jusqu’assez loin à l’intérieur des terres, conférant à notre parcours un petit côté Paris-Dakar.

C’est joli, mais nous passons parfois plus de temps à pousser qu’à pédaler, ou alors, il faut rouler hors du chemin, dans l’herbe. Lorsque le sable est couplé à des tronçons inondables dans des régions de lagunes ou de marais, ça peut en devenir dantesque ! Heureusement, nous avons pu éviter le pire tronçon en la matière en suivant les conseils avisés d’un vieux Polonais sur son biclou… bien nous en a pris.

Routes

Nous avons donc aussi dû effectuer pas mal de kilomètres sur des routes, idéalement secondaires, parfois à fort trafic, pour éviter les parties les plus pourries des voies vertes. Là aussi, à boire et à manger avec d’inexplicables bouchons sur des petites routes se terminant en cul de sac à Mielno, « l’Ibiza polonaise » alors qu’aucun véhicule ne circule en sens inverse… pour ce qui est des égards des automobilistes vis à vis de leurs amis cyclistes, c’est assez aléatoire, mais dès que l’on se trouve sur la chaussée principale des grands axes, on n’est souvent pas les bienvenus, en Pologne comme en Allemagne.

Rencontres

Les voyages permettent toujours de faire des rencontres sympas. En Pologne, nous avons fait un bout de route avec Jacek, jeune père de famille qui nous a invités chez lui. Nous avons donc passé une mémorable soirée. Paulina nous a fait un accueil très chaleureux et la petite Hanja du haut de ses 2 ans et demi, n’entendait pas se faire piquer la vedette par nos deux grands.

Au menu : pâtes pesto maison – nous avons cru que c’était le souper, mais en fait il s’agissait du goûter ! – suivies de poisson fumé local, acheté directement chez le pêcheur l’après-midi par Jacek et transporté dans ses toutes nouvelles et propres sacoches Ortlieb… Quoique Koszalin se targue d’avoir la meilleure eau du réseau en Pologne, pour se réhydrater, c’était dégustation de sirop pour les enfants et de bières de tout le quart nord-est de l’Europe pour les grands, ° hips °.

Le lendemain, après les traditionnelles séances de photos, d’embrassades et de larmes, Jacek nous a encore accompagnés en faisant des détours par quelques endroits pittoresques de son crû.

C’est suite à une série de chassés-croisés que nous avons apprivoisé Louisa et Stephan, jeune couple de Brême en Allemagne. Tour d’abord, en les sauvant sur le bord de la route, arrêtés par un pneu crevé et sans pompe.

De coup de main en coup de main (deux crevaisons pour eux dans la même journée), nous avons enchaîné le pique-nique, profité de leur carte détaillée des itinéraires vélos, mangé une glace à Gdynia, fait des montées inutiles, des détours inutiles dans les banlieues de Gdansk et ensuite enchaîné avec les recherches de logement et soupé ensemble. Point non négligeable, ils étaient adorables avec les enfants qui le leur rendaient bien.

Le tourisme de masse estival polonais

Le contraste est saisissant entre les villages de l’arrière-pays (à 10 km de la Baltique) – pauvres, dépeuplés, avec passablement de maisons en ruine – et les stations balnéaires côtières. Il y a de tout : petites villes historiques et pittoresques comme Ustka, mais noyées dans un magma d’animations kitsch où on vend vraiment tout et n’importe quoi. Sinon, ce sont les ex-villages de pêcheurs, retransformés en « pokoje » («  chambres » à louer), sans rien de pittoresque mais qui offrent des biotopes tout à fait intéressants d’un point de vue sociologique. Contrairement aux idées reçues, le Polonais ne boit pas que de la vodka : la boisson de prédilection, en tout cas sur les terrasses, c’est la bière de base agrémentée de sirop de framboise ! Pour ce qui est des heures des repas, c’est 24h/24h, et on mange tout et n’importe quoi, du moment qu’il y a une double portion de frites avec.

Régime fit et houblonné

« La Pologne, c’est le pays de la nourriture »… dixit Léon en pleine phase de croissance.

Quand on pédale, on se rit des plats caloriques. Tout y passe et les repas sont gargantuesques ! Gaufre quasi quotidienne pour les enfants, dégustation de bières, poisson-frites-salade de choux, tartine de saindoux, jarret-choucroute… Mmmm… un délice !

Nous recommandons ce régime à toute personne prête à éliminer le surplus de graisse au fur et à mesure grâce à 60 km de vélo par jour et qui déteste sortir de table en crevant de faim… chose par ailleurs impensable en Pologne !

Déluge au camping (le meilleur pour la fin)

Dans l’ensemble, la météo a été beaucoup plus clémente sur la côte balte qu’en Suisse à la même période. Nous avons donc pu profiter de belles journées d’été ensoleillées, même si le temps était parfois venteux.

Quelques beaux orages ont ponctué des fins d’étapes et ont largement justifié des nuitées à l’hôtel plutôt qu’au camping.

Sauf lorsque nous avons décidé de camper alors que se préparaient les deux plus gros orages du voyage… Ustka, Ustka, Ustka ! Ce pourrait être une chanson de Kusturica. Et pourtant, c’est bien celle des Carrard : résumé en trois essais.

Premier essai : arrivée au camping, sorte de réservoir de bungalows où s’intercalent des centaines de tentes tant bien que mal et de manière totalement anarchique. Nous avisons le seul endroit qui n’est pas plein comme un œuf. C’est joli, sous les pins, avec du dégagement et tout près de la plage. Pourquoi personne n’a pris cet excellent emplacement avant nous ?  Mystère ! C’est bien un peu dans une cuvette mais bon, on est sur du sable : s’il pleut, ça pompera !

La première soirée nous gratifie d’un formidable orage. Profitant d’une phase d’accalmie pour regagner nos pénates depuis le resto, nous allons nous coucher et constatons que le sable ne pompe pas beaucoup. De grosses gouilles s’immiscent déjà sous la tente…  bah, ça va bien s’arrêter ! Une heure plus tard, l’orage redouble encore et nous sentons que nos matelas gonflables ondulent et que nous flottons. Le fond de la tente tient bon, merci Hilleberg ! Mais nous nous sommes transformés en île flottante. On nous appelle en anglais depuis dehors ; c’est notre voisin, sorti à la recherche d’une pelle pour sécuriser sa tente qui s’inquiète de constater que nous ne bougeons pas (faut dire que c’est pas facile de nager quand on est dans un sac de couchage). Frédo sort et avec l’aide de notre altruiste et anonyme voisin et de sa pelle, creuse une batterie de puisards dans le sable pour drainer toute cette flotte pendant que, dans la tente, Léon et Eugénie roupillent comme des bienheureux.

Ouf, le niveau redescend et avec la fin de l’orage vers minuit, le terrain retrouve enfin son état normal… enfin presque, car au petit matin, les environs ressemblent davantage à la ligne de front de la Somme en été 1916 qu’à un terrain de camping.

Deuxième essai : la matinée suivante est entièrement consacrée au nettoyage et au séchage de la tente et de nos affaires sauvées des eaux. Nous décidons de déplacer le camp et comme les possibilités d’installation en hauteur sont inexistantes, nous nous mettons dans une pente afin de nous éloigner du « bassin de rétention d’eau ». La mi-journée est consacrée à un peu de tourisme, à un restaurant et au constat que la saison des orages n’est pas terminée… puisqu’un véritable déluge s’abat sur Ustka pendant plus de 2 heures de temps.

De retour au camping, nouvelle surprise : cette fois, ce n’est pas le lac qui est monté, mais un torrent qui est descendu depuis le chemin. La tente se trouvant au milieu du torrent, rebelote mais en plein jour cette fois. Tout est détrempé et de plus, nous retrouvons dans la tente du sable, du gravier et des bouts de bois gracieusement déposés par l’orage. Nous refaisons sécher et profitons de vous rappeler qu’il s’agit de notre  « jour de pause »…

Troisième essai : pour cette ultime tentative, nous visons une bosse pleine de pommes de pin et de racines. Nous creusons des tranchées autour comme assurance anti-inondations. Bien sûr que ce n’est pas très confortable de dormir avec le dos arqué et une pive qui se plante dans le Q. Néanmoins, une nuit au sec est à ce prix.

De notre forteresse hydrofuge, nous pourrons enfin savourer sereinement notre dernière nuit ustkaïenne sous un magnifique ciel étoilé !

Et maintenant…

En définitive, une bien belle aventure familiale, avec le sentiment que la dynamique instaurée lors de Pékin-Sydney est encore bien là un an après notre retour.

L’expérience sur la Baltique a réveillé plein de bons souvenirs, des moments de partage et nous a offert une bouffée d’air frais bienvenue après une année de « retour à la vie normale » qui n’allait pas de soi. Quant aux prochains projets de voyages… suspense !


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Coucou, nous revoilou !

Écrit par Famille Carrard | 31/07/2014 22:39

Nous pensions vous donner des nouvelles 6 mois après notre fameux retour du 14 juillet 2013. Et finalement, nous aurons attendu une année… Il s’en est passé des choses depuis : plusieurs jobs pour les grands et l’école pour les petits. Plus si petits que ça du reste…

Après une année, quelques kilos en plus (on se remplume vite quand on ne fait plus 1000 km par mois chargés comme des boeufs) et un logement fixe et en dur à Yverdon-les-Bains, nous avons repris la route – telles les hirondelles – histoire de tester une fois de plus nos capacités d’adaptation en terre inconnue. Limités dans le temps puisque nous avons à disposition 3 petites semaines cet été, nous avons décidé d’aller à la découverte du nord de la Pologne.

Quelques changements de configuration pour cette nouvelle aventure :

  • Léon a son propre vélo qui peut être relié à celui de Frédo grâce à un système d’attache très astucieux, mais qui fait son poids.
  • Eugénie remplace son frère sur le tandem.
  • La remorque est restée à la maison et ça fait tout bizarre… comment va-t-on faire sécher nos culottes à présent et planquer à la hâte dans le « coffre » les fruits achetés au bord de la route ? Une page se tourne, il va falloir trouver d’autres astuces !

Baltique 2014

Départ le 26 juillet en train depuis Yverdon-les-Bains. Malgré notre expérience des chargements à l’arrache, nous craignons toujours les mauvaises surprises et ça n’a pas loupé. Toutes les places vélos, que nous avions réservées plusieurs semaines à l’avance, étaient prises. Les négociations commencent avec la contrôleuse qui nous fait comprendre que nous n’aurions pas dû monter. La belle affaire… Heureusement, Frédo temporise pendant que Laure se calme pour ne pas crier au scandale. Ceux qui ne connaissent pas la joie des trajets en ICN avec leurs petites reines, tentez l’expérience. Il faut être bon philosophe et surtout excellent en tetris. A Olten, pas de rampe, ascenseur en panne, il faut se retrousser les manches. Nouvelle galère pour remonter dans le train suivant avec un minibar au-travers du chemin. Résultat : on est en nage et déjà noir de graisse.

A Bâle, ce sera un peu moins la course pour embarquer dans le train de nuit à destination de Berlin. Quoique… c’est l’anarchie du côté des cyclos mal organisés qui piquent les crochets des autres et étalent leurs sacoches dans tout le compartiment réservé aux vélos.

Tout ça pour dire que l’aventure commence toujours depuis Yverdon, même si les premiers coups de pédales ne sont pas encore donnés !

 

Pour les photos suivantes, la « metteuse en page » ayant perdu la main, nous vous invitons à cliquer sur chacune d’elles pour les agrandir. Cette coquille ne se glissera pas au prochain article, promis !

Et comme le narrateur s’est endormi, nous laissons les images et leurs légendes parler d’elles-mêmes comme fil conducteur de nos 5 premiers jours… Ensuite, ce sera un récit en bonne et due forme, comme vous en avez l’habitude, re-promis !

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Aujourd’hui, 31 juillet, la pluie a cessé de nous mouiller. Jour de pause bien mérité pour sécher à Dziwnow après 188 km en 3 jours.

Nous ne savons pas encore jusqu’où nous arriverons, mais nous sommes contents d’y arriver encore et de retrouver les sensations – à moindre échelle – de nos précédentes aventures, avec les enfants qui nous épatent par leurs coups de pédales (quand Eugénie ne fait pas la sieste, ne chante pas à tue-tête et ne suce pas son pouce…) et par leur plaisir à voyager à vélo !


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Retour au bercail

Écrit par Famille Carrard | 11/08/2013 17:55

Le temps file. Déjà quatre semaines depuis notre arrivée à Aubonne et nous sommes encore tiraillés entre les souvenirs de notre folle équipée et la réalité de notre retour avec tout ce que ça implique : se replonger dans les questions administratives, trouver du travail etc…

Nous ne frisons pas la schizophrénie pour autant. Nous étions prêts à ce retour qui s’est par ailleurs fait plutôt en douceur. Nous ne sommes pas partis pour fuir, pour échapper au train-train quotidien ou à nos responsabilités. Remettre le pied à l’étrier fait partie de la très belle – même si parfois dure – histoire que nous avons écrite en famille. Bien plus, retrouver les réalités de la « vie normale » est une aventure à part entière, un nouveau défi à relever avec ses difficultés, mais aussi tout ce que cela pourra nous apporter en matière de satisfactions, bonheurs…

Flash-back

Mais revenons sur les dernières étapes. Partis de Paris le 6 juillet, nous nous étions donné jusqu’au 14 pour parcourir les 500 kilomètres qui nous séparaient de notre objectif helvétique : Aubonne. Neuf jours, avec les indispensables pauses à intercaler et le Jura à franchir : ça promettait d’être juste ! Nous avons attaqué la fleur au guidon à travers les vallées de la Marne et de la Seine via la Brie avec Provins, Méry-sur-Seine puis Troyes comme premières villes (et village) –étapes.

Nous aurions volontiers fait une escale plus longue dans la cité champenoise, dont les ruelles bordées de maisons à colombages et les terrasses incitent davantage à la flânerie qu’à l’exploit sportif. Mais quand on dit qu’on rentre le 14… cochon qui s’en dédit ! Le lendemain de notre arrivée, nous avons donc pris le premier train pour Dijon où, arrivés pour midi le 9 juillet, nous avons décidé d’embrayer pour une étape d’après-midi. Objectif: Dole par le canal de Bourgogne, la Saône puis le canal du Rhône au Rhin. Pendant quelques kilomètres nous avons ainsi suivi la célèbre véloroute 6, qui traverse l’Europe de l’Atlantique à la Mer Noire.

Dole

Une avancée substantielle a donc été faite grâce au petit coup de pouce de la SNCF, dont les nouveaux trains régionaux n’ont rien à envier à leurs homonymes suisses… et en plus c’est gratuit pour les vélos !

Mais après quatre jours d’affilée de pédalage, il nous en restait une fois autant pour atteindre notre objectif, avec la traversée du Jura en prime. Dole était donc l’endroit idéal pour s’offrir une pause, d’autant que le beau camping est situé sur une île au milieu du Doubs.

La piscine, le trampoline, les activités ludiques organisées sur place et les ribambelles d’enfants ont failli nous faire oublier de visiter la ville de Pasteur et de Thiéfaine, ce qui aurait été dommage! Nous avons néanmoins rattrapé le coup in extremis en allant nous balader le long des canaux et en nous offrant un bon repas jurassien dans le quartier des tanneurs.

Le Jura, c’est sympa !

De Dole, nous avons enchaîné les quatre ultimes étapes, afin d’atteindre notre but à la date voulue. La première nous a mené à Salins-les-Bains sur les premiers contreforts du Jura, via les Salines Royales et Mouchard.

Profitant du beau temps, nous avons poursuivi notre belle série de nuits sous tente et de tambouille de plein air. Léon et Eugénie se sont fait plein de copains et notre petit sac de faux lego chinois dépareillés a fait le bonheur de tout un groupe de petits mecs, agglutinés autour de la table de ping-pong du camping municipal. Léon a aussi appris à jouer à la pétanque avec son grand pote de 7 ans et, surtout, avec les vraies boules d’acier ; attention les orteils !

Première étape de côte au départ de Salins. Nous commençons par un petit-déj’ au bar-tabac PMU, avec une légère appréhension pour la suite. Cette fois, c’est le vrai Jura qui commence avec l’ascension du vallon de La Furieuse. Finalement, les 400 mètres de dénivelé dans la montée de Pont-d’Héry, puis sur Censeau s’avèreront moins durs que prévu ; les routes jurassiennes ayant rarement des pentes importantes, c’est moins ardu que certaines étapes de plaine en Australie. On croche la petite vitesse, on s’arme de patience et ça passe! Après Bonnevaux et le vallon du Drugeon, nous voilà au Lac Saint-Point où Léon et Eugénie retrouvent avec bonheur leur Tata Mumu et Sacha après une année de séparation, quelle fête ! Pour l’avant-dernier soir du voyage, en agréable compagnie, on peut bien faire une infidélité à nos pâtes camping et se faire offrir un peu de gastronomie jurassienne à Malbuisson…

Retour en Suisse

Avant-dernier jour de voyage, le 13 juillet. Nous levons une fois de plus le camp, non sans avoir honoré notre inévitable cure de croissants au beurre, direction Mouthe et le Risoux. Pour cette étape, nous voyageons sans nos lourdes sacoches, Muriel et Sacha nous déposant nos bagages à la Vallée de Joux. Dans ces conditions, la montée du Risoux sur la très jolie route forestière menant au col de Landoz ne sera finalement qu’une formalité… moment d’émotion tout de même dans la descente en franchissant la frontière devant les petites cahutes de bois aux drapeaux grossièrement peints sur la façade. Nous posons l’appareil sur le clédar – symbole désuet de l’avant Schengen – pour la photo souvenir, puis pique-niquons devant une cabane de bûcherons.

La descente se poursuit sur La Vallée : tour du Lac de Joux par Le Sentier, achats à la Coop (quel dépaysement !) avant de terminer notre journée aux Bioux. Le camp est monté (merci Sacha !).

Nous pourrons consacrer notre début de soirée à laisser les enfants jouer à la tyrolienne,  puis serons rejoints par Isabelle, la vieille copine de Laure et sa famille, pour un mémorable souper.

Dernière étape

Le 14 au matin, nous paquetons le campement pour la dernière fois, sans faire trop de chichi. Nous devons rejoindre Le Pont pour 10h30, lieu et heure de rendez-vous donnés sur notre site à ceux qui voulaient faire la dernière étape à vélo avec nous. Un peu d’appréhension tout de même : si nous nous retrouvions seuls au rendez-vous, quelle serait notre réaction?

Nous sommes vite rassurés, une vingtaine d’amis et connaissances sont là pour nous accueillir. On prend tous ensemble un petit café sur la terrasse de La Truite, moment  d’autant plus fort que les personnes présentes forment un ensemble assez hétéroclite: copains de la crèche, amis de toujours, une grand-tante et des connaissances professionnelles… la plupart venus juste pour nous souhaiter un bon retour au pays et boire un jus.

Pour pédaler, nous serons deux (virgule…) de plus. Daya et Fabian avec leur petit passager clandestin, rencontrés au Laos, sont de la partie. Venus de Berne avec leurs vélos, ils sont bien décidés à en découdre avec le Mollendruz. C’est parti ! On avale la montée presque les doigts dans le nez, pique-nique pain-fromage-viande séchée au col avec le cousin Didier qui nous a rejoint pour l’occasion, puis nous attaquons la grande descente. C’est les yeux tout embués que nous traversons Mont-la-Ville avec en toile de fond les champs de blé, la Venoge, le Léman et les Alpes de Haute-Savoie, le Mont-Blanc trônant majestueusement au milieu… cette fois-ci, on est vraiment chez nous !

Pour les dix-huit derniers kilomètres, nous sommes encore rejoints à l’Isle par une partie de la famille. Nous terminerons l’étape à travers champs et forêts du pied du Jura, puis les vignes de la Côte. Dernier coup de cul en remontant le Vallon de l’Aubonne, puis c’est l’arrivée !

Le comité d’accueil est là : juste avant le dernier virage, Jacques nous gratifie d’un concert de toupin juché sur une botte de paille, pendant que Fabian joue les équilibristes sur son vélo pour immortaliser l’arrivée.

On ne peut retenir nos larmes, car les amis et la famille sont là pour nous accueillir et les grands-parents Carrard ainsi que Tata Mumu nous ont préparé un très bel apéro de retour. Dans toute cette effervescence, Eugénie termine tranquillement son dernier petit roupillon en remorque…

Comme c’est parti, nos nouveaux corps d’athlètes sculptés à la force du mollet pendant l’année écoulée ne seront bientôt plus qu’un souvenir…

Et maintenant…

Si le voyage est bel et bien terminé, nous souhaitons néanmoins le prolonger et vous le faire partager encore un moment via notre site en racontant des histoires et des anecdotes ancrées solidement dans nos mémoires. Entre reprise du travail, recherche de futurs emplois, déménagement et quotidien qui reprend, nous casons donc ça et là le tri des photos (plus de 15’000), les montages vidéos et la rédaction de nouveaux articles. La patience est la plus belle des vertus !

Un immense merci à vous tous qui avez cru en nous et qui nous avez soutenu pendant cette inoubliable année de voyage !


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Fêtons ensemble notre retour !

Écrit par Famille Carrard | 10/07/2013 21:46

Vacances en France

Partis de Paris le 6 juillet, nous avançons gentiment en direction de la Suisse.

Provins, Troyes, Dijon, Dole… ce sont – après le grand voyage – nos petites vacances « découverte et gastronomie ».

C’est fou comme des croissants au beurre au petit-déjeuner et, plus tard dans la journée, un bon saucisson sec et un petit verre de rouge donnent du cœur au ventre.

Grâce au soleil radieux et au climat juste comme on l’aime, nous avons aussi renoué avec les joies du camping idéal. Car il faut bien admettre que dormir sous tente est plus agréable si on ne dégouline pas de sueur (cf. Asie du Sud-Est toute l’année) ou si on ne gèle pas dès 16h (cf. côte est australienne en hiver) !

Ah… la France ! Il nous fallait bien ce petit détour pour retrouver les plaisirs gustatifs, nos repères visuels du Vieux-Continent et mettre toutes les chances de notre côté pour restreindre les effets cafardeux liés au retour.

Retour J-4

Pour celles et ceux qui souhaitent se joindre à nos derniers coups de pédales, voici comme promis le programme du dimanche 14 juillet 2013 :

Etape n° 209 : Le Pont (Vallée de Joux) – Aubonne

  • 10h30 rendez-vous sur la terrasse de l’Hôtel de La Truite au Pont pour le café
  • 11h00 départ à vélo
  • 12h00 pique-nique au Col du Mollendruz
  • 16h00 env. arrivée à Aubonne et apéro chez les parents de Frédo (Trévelin 132)

Bon à savoir :

  • Un train en provenance de Lausanne arrive au Pont à 10h27.
  • Les moins sportifs ont bien sûr la possibilité de nous rejoindre au Col du Mollendruz ou directement à Aubonne. Si nous êtes en voiture, merci de prévenir Jean-Daniel au 021 807 13 48. Il vous indiquera où vous parquer.

A dimanche peut-être, dans tous les cas à bientôt !


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« Amazing, impressive, terrific ! »

Écrit par Famille Carrard | 05/07/2013 10:30

Comme l’auront lancé de nombreux Australiens enthousiastes au passage de notre caravane. Ces trois adjectifs resteront à jamais gravés dans nos cœurs…

Retour sur les dernières étapes

Avant notre arrivée à Raymond Terrace, nous étions descendus au-dessous de la barre des 200 km jusqu’à Sydney. Nous comptons un peu plus, puisque nous n’avons pas l’intention de prendre l’autoroute à l’approche de la métropole, mais de suivre la côte et, en partie seulement, l’ancienne Pacific Highway.

Newcastle

Gonflés à bloc après une journée de repos bien méritée à Raymond Terrace dans un motor inn où les patrons nous ont soignés aux petits oignons, nous attaquons donc sous un ciel maussade ce que nous estimons être les trois dernières étapes. Pas de souci jusqu’à Newcastle, grosse ville portuaire plus sympa que ce que nous imaginions : aux docks et chalutiers répondent de beaux quais fleuris et des terrasses où  les gens viennent en famille boire un cappuccino et admirer le phare. Le centre est à l’image des villes portuaires ou industrielles anglo-saxonnes : grandes maisons de briques avec des pubs-hôtels aux angles, les principaux bâtiments historiques et la gare sont coiffés d’une tour-horloge ; une cathédrale de briques trône sur la colline et les quartiers plus périphériques voient fleurir des alignements de demeures d’un style un peu hybride colonial – art nouveau. Nous n’avons pas le loisir de goûter davantage aux charmes de la ville car, cueillis par la première averse de la journée, nous nous réfugions pour manger dans un vieux pub-hôtel. Les enfants étant interdits en salle du côté bar, nous nous retrouvons à déguster nos hamburgers dans le hall d’entrée désaffecté de l’hôtel…

Que d’eau, que d’eau

La suite de l’étape se poursuivra sous un ciel de plus en plus menaçant, en longeant tantôt l’océan déchaîné, tantôt en escaladant des presqu’îles entre deux falaises. Avant-dernière crevaison – la deuxième d’une série de 3 – à cause de briques de verre, certains automobilistes australiens ayant la fâcheuse habitude de balancer leurs bouteilles de bière vides par la fenêtre. Pour couronner le tout, la suite de l’après-midi et la nuit suivante nous gratifieront d’un véritable déluge. Abondamment rincés, nous abandonnons la partie à Belmont, près de 30 km avant notre objectif du jour. Une étape supplémentaire ne sera donc finalement pas de trop pour rejoindre Sydney.

Après un début de conversation tendu avec la propriétaire du caravan park qui n’a pas l’air de comprendre qu’une « villa-cabine » est au-dessus de nos moyens (d’habitude, on vise la cabine standard), elle se déride en voyant les enfant attendant dehors. Du coup, sa proposition de baisser le prix (venant d’elle toute seule et non de Laure !) n’a plus l’air de lui tordre les boyaux et elle nous offre même une casserole de soupe de poulet maison, du pain et du beurre. Bonne surprise ! Enfin à l’abri dans notre villa, il nous faudra la nuit et deux chauffages d’appoint pour faire sécher toutes nos affaires.

Malgré des prévisions très pessimistes, les deux étapes suivantes jusqu’à The Entrance, puis Patonga se dérouleront sous un ciel plus clément. Déjà à ce moment-là, les sentiments sont très partagés. Nous approchons du but, c’est à la fois génial et … ça sent la fin de l’aventure, avec les inévitables questionnements : paquetage, vol de retour, maison, boulot, reprise de la vie normale…

Nous essayons de ne pas trop y penser, même si nous nous y préparons déjà depuis un moment. La côte très découpée toute en montées et descentes, parfois particulièrement gratinées, nous donne à tout moment l’occasion de nous concentrer sur des priorités plus terre-à-terre que de grandes considérations philosophico-intellectuelles : faut arriver en haut !

Nous ne sommes pas près d’oublier la « très belle montée » de Terrigal, s’il ne fallait donner qu’une seule illustration de l’humour cynique des ingénieurs des routes australiens. Et puis, on se concentre sur la route, car la circulation peut être assez stressante et beaucoup d’automobilistes ne sont pas très copains avec les cyclistes. Ils ne manquent d’ailleurs jamais l’occasion de nous le rappeler.

Malgré une année d’entraînement, ces dernières étapes sont donc particulièrement difficiles et c’est à grand peine que nous gravissons la dernière grosse bosse avant d’atteindre Patonga, où nous sommes attendus par un couple australo-suisse que nous n’avons jamais vu. Honnêtement, au moment d’entamer la descente sur ce village isolé en cul-de-sac et sachant que nous devrons refaire la route en sens inverse demain, nous nous demandons sérieusement dans quelle galère nous nous sommes embarqués.

A Patonga, un petit coin d’Helvétie

Accueillis par Maggie et Paul, un couple de jeunes grands-parents dynamiques, chaleureux et généreux, nous sommes rapidement rassurés. Les enfants prennent leurs aises comme s’ils connaissaient la maison depuis toujours et nous attaquons l’apéro avec un brie de Tasmanie, un excellent vin et le pain maison de Maggie avant un très bon repas en agréable compagnie.

On refait le monde, on raconte notre voyage, parle des amis communs et la soirée file. Après une nuit de repos bien méritée, nous nous mettrons en route avec le bagage allégé des enfants et des sacoches : nos hôtes nous raccompagnent en effet avec Léon et Eugénie dans la voiture au débarcadère d’Ettalong où nous devons prendre le ferry pour Palm Beach. Adieux émouvants au moment d’embarquer, avec l’impression de quitter de vieux amis.

La dernière étape

Pour cette ultime étape du 26 juin, nous nous offrons deux ferrys. Le premier pour traverser l’embouchure de la Hawkesbury River, le second à Manly pour traverser Port Jackson jusqu’à Sydney afin de s’éviter 90 km d’autoroute et une chaîne de montagnes de plus. Faire du vélo dans l’effervescence de Sydney n’est pas un but en soi… Et puis honnêtement, on ne les a pas volées nos deux petites croisières !

Nous traversons l’estuaire sur une mer déchainée par un vent tempétueux avec les vélos solidement arrimés au pont. Ça tangue dans tous les sens et le ferry est ballotté comme une vulgaire coquille de noix. Pas de tout repos, mais en tout cas les enfants auront bien rigolé !

Les quarante kilomètres jusqu’à Manly n’ont rien de spécialement excitants. Les paysages côtiers sont très beaux, mais nous sommes condamnés à suivre les grands axes ; nous nous essayons aux trottoirs et devons slalomer entre les abris-bus et les poubelles renversées par les rafales. Ces dernières ne cessent de nous chahuter et nous en arrivons à préférer les montées, abrités derrière buttes et dos d’ânes. A Manly, « tête nord » de l’entrée de Port Jackson, nous prenons notre deuxième ferry de la journée, le cœur serré : nous venons de donner nos derniers coups de pédales avant d’être réellement au centre ville.

Sydney

Comme le matin, une fois sortis du port des ferrys abrité au fond d’une baie, nous passons par une zone de fortes turbulences lorsque nous sommes soumis aux lames de fond de l’océan qui ne se sont en rien calmées depuis tout à l’heure. C’est encore plus impressionnant lorsque nous plongeons dans un creux, du fait que nous nous sommes installés dans un plus gros navire, à l’étage. On se sent minuscules. Mais une fois passée la zone de turbulences, c’est à nouveau le calme plat et dans la lumière tamisée de la fin d’après-midi, nous faisons notre entrée dans la rade de Port Jackson. Nous sommes passés entre les gouttes – merci aux météorologues australiens pour cette très belle erreur en notre faveur – et pouvons profiter d’une superbe fin de journée. Encore un petit cap et… c’est la carte postale, l’image que tout un chacun a de Sydney : les gratte-ciels brillants de mille feux avec l’éclairage rasant du soleil, l’opéra, le gigantesque pont d’acier.

Nous expliquons à Léon et Eugénie que là, maintenant, nous sommes exactement au même endroit que Dory et Marin (dans « Le Monde de Némo »), lorsqu’ils se retrouvent à Sydney une fois recrachés par la baleine.

Nous contournons le Fort Denison perdu au milieu de la rade et entrons dans la Sydney Cove, le cœur même de cette ville fascinante de la plus belle des manières, par voie maritime. Sur le Circular Quay, nous flottons un peu comme dans un rêve ; nous l’avons vraiment fait ! Nous sommes à Sydney après une année à suer sur nos biclous ! Nous passons du rire aux larmes, de l’émotion à l’euphorie, mais tout le monde est heureux. Et d’enchaîner avec la séance photos-souvenirs obligatoire devant l’opéra !

Une nuit dans la City

Mais l’euphorie ne dure pas ; nous remontons sur nos vélos en quête d’un logement pour la nuit – en l’occurrence l’auberge de jeunesse qui a un endroit pour caser nos vélos. C’est tout de suite moins rigolo : heures de pointe, nous roulons sur les trottoirs et dénichons finalement le Central Youth Hostel, dans un bel immeuble Belle-Epoque tout en briques. Pour fêter notre victoire du jour, nous prenons un excellent repas du soir au Great Southern Hotel  – un peu « Le Romand » de Sydney – avant d’aller enfin nous reposer avec des images plein la tête.

Dernière étape bis

Le lendemain, nous devons encore traverser la ville et le grand pont d’acier pour rejoindre Chatswood – banlieue plutôt chic à une quinzaine de km du centre-ville – où nous sommes attendus.

On se serait volontiers passés de faire ça à vélo : hormis la traversée du jardin botanique sous un soleil qui se fait de plus en plus discret, nous poursuivrons dans la grisaille, en suivant les grands axes par les trottoirs et les voies de bus.

Pour la traversée du Harbour Bridge, il y a la piste cyclable : Ok, on va la prendre.  Le problème, c’est qu’il faut se taper des escaliers, et pas deux marches (aucun regret d’avoir pris le ferry le jour d’avant…). Pour un type seul avec un vélo de course de dix kilos, ça va, mais avec le paquetage et les enfants… En matière de développement du réseau cyclable en milieu urbain, les Australiens ont encore du boulot et apparemment, ce n’est pas une priorité. Encore une dizaine de kilomètres après le pont et nous voilà arrivés dans un joli quartier résidentiel tout en jardins et en verdure.

Petites vacances à Chatswood

Nous sommes reçus à bras ouverts par la famille Herda. Nous nous sentons tout de suite à notre aise chez Shannon et Joe. Léon et Eugénie se réjouissent de trouver Bryce et Sierra, des copains de leur âge, et Alina, la jeune fille au pair n’est jamais à court d’imagination pour occuper les enfants avec des activités créatives. Et il en faut, car les jours suivants, nous serons confinés à l’intérieur – heureusement, la maison est grande et on peut vraiment faire comme chez nous – à cause d’une météo qui ne doit rendre heureuses que les nappes phréatiques.

On attaque le démontage et le paquetage des vélos ; nos hôtes avaient déjà pris les devants en nous dénichant des cartons.

Ultime sortie à vélo entre mecs de Frédo avec Joe, sur des vieux biclous de récupération, pour aller acheter du matériel nécessaire au paquetage à l’autre bout de la localité. Sous le déluge, trempés comme des soupes, avec arrêt obligatoire au pub, ça aura pris la moitié de la journée. Tout ça pour deux rouleaux de scotch… Tant pis, on a bien rigolé en entendant que les loriquets de Chatswood essayaient d’entrer en communication avec les freins grinçants des vélos !

Pour le reste,  sorties shopping entre filles, escapades au parc avec les enfants pour profiter des jeux… d’eau (ben oui, c’est normal en hiver, non ?), souvenirs garantis made in China au marché pour touristes etc…

La veille du départ, nous profitons tous ensemble de la première vraie journée ensoleillée depuis notre arrivée à Sydney pour aller visiter le très beau zoo de Taronga. Nous assistons à l’impressionnant show des oiseaux avec en toile de fond le port de Sydney et ses emblématiques monuments. Super journée pour clore en beauté l’épisode australien avant de retrouver l’Europe.

Mais ce n’est pas terminé. Le jour même du départ, Léon et Eugénie vont vivre l’immersion totale en milieu anglophone. Comme ce sont les vacances scolaires, Shannon propose qu’ils participent à une journée de « Holiday school » avec ses enfants. Au programme, jeux en plein air, dessins et surtout de la grimpe !

Pendant ce temps, nous avons pu finir de paqueter sans avoir à nous préoccuper des deux asticots.

Un immense merci à Shannon, Joe, Alina et les enfants de nous avoir accueillis en toute amitié et sans chichis, comme si on se connaissait depuis toujours !

En route pour… Paris !

Mais il est temps pour nous de rentrer. Mardi 2 juillet, nous avons pris l’avion pour Paris, d’où nous rentrerons à vélo jusqu’en Suisse.

Nous arriverons à Aubonne chez les parents de Frédéric (rue de Trévelin 132)

dimanche 14 juillet vers 16h

avec le fidèle soutien du ciel et de nos mollets. Que ceux qui souhaitent voir de plus près l’état de ceux-ci viennent trinquer avec nous, vous êtes les bienvenus !

Nous mettrons en temps voulu des infos sur notre avancée, pour ceux qui aimeraient faire un bout de la dernière étape, probablement depuis la Vallée de Joux.

Quelle sera notre prochaine aventure ? Les paris sont lancés !


7 commentaires »

Sydney !

Écrit par Famille Carrard | 26/06/2013 09:50

Juste en passant, en attendant plus de détails…


11 commentaires »